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Côte d’Ivoire-AIP/ Filière riz : une production additionnelle de 300 000 tonnes prévue grâce au PUR-2020 pour combler le déficit dans les importations


  1 Septembre      247        Agriculture (4121),

 

Abengourou, 1er sept (AIP)- L’autosuffisance en riz est l’objet de la stratégie nationale de développement de la filière riz (2012-2020) qui vise une production de près de deux millions de tonnes de riz en Côte d’Ivoire en 2020. Elle a atteint 1,4 million de tonne en 2016. La période 2012-2020 a vu naître de nouveaux organes institutionnels comme l’Agence pour le développement de la filière riz (ADERIZ), créée le 10 janvier 2018 afin de mettre en œuvre les orientations gouvernementales en matière de développement de la filière rizicole dans le pays. Toutefois, la pandémie du coronavirus a fortement impacté les importations de riz estimées à 900.000 tonnes soit 40% des besoins des populations. Pour prévenir la pénurie de riz l’Etat ivoirien à travers, le ministère de la Promotion de la Riziculture a mis en place le programme d’urgence riz (PUR-2020).

Ce nouvel élan porté vers la filière rizicole ivoirienne sera-t-il suffisant pour répondre aux objectifs fixés ? Le directeur appui à la valorisation du riz, Aboubacary Traoré, dans une interview à l’AIP, jeudi 27 août 2020, à Abengourou, en marge de la cérémonie d’information de la mise en œuvre du PUR-2020, tente d’y répondre en présentant les missions, les objectifs du nouveau programme riz, sa mise en œuvre et les acteurs impliqués. Il donne les raisons qui augurent la réussite certaine de cette nouvelle politique de soutien économique, social et humanitaire qui vise une production additionnelle de 300 000 tonnes de riz blanchi.

La crise sanitaire de la Covid-19 a induit la fermeture des frontières, ce qui impacte les importations et la production de riz. Comment le PUR-2020 pourrait être une solution contre la pénurie de riz ?

Vous savez qu’on dépend plus ou moins de l’importation pour combler le déficit de la production du riz au niveau de la Côte d’Ivoire, et donc dans le cadre de la crise, la plupart des pays asiatiques qui sont les grands fournisseurs du riz connaissent des difficultés, si bien qu’on a noté déjà qu’il y aura une diminution drastique au niveau des importations. Le programme d’urgence Riz 2020 est l’engagement de l’Etat de Côte d’Ivoire de faire face à l’impact de la Covid-19, notamment au niveau de la filière riz. Dans le cadre de ce programme d’un montant de 16,2 milliards F CFA que nous sommes en train d’implémenter sur le terrain, il s’agit d’arriver à une production additionnelle de 300 000 tonnes de riz permettant de combler au niveau des importations.

L’objectif du PUR-2020 est-il uniquement de combler le gap de 300 000 T de riz blanchi dû à l’arrêt des importations liées à la Covid-19 ?

Non pas uniquement, mais il s’agit surtout de valoriser le riz ivoirien, de faire la promotion et la commercialisation de la qualité du riz ivoirien, et réussir à le mettre sur le marché. Quand on parle de valorisation de riz ivoirien, il s’agira aussi de renforcer les équipements des unités de transformation qui existent, pour la production de riz de très bonne qualité par des producteurs encadrés par des leaders de pôle.

Comment le programme PUR-2020 sera exécuté sur le terrain ?

L’implémentation de ce programme d’urgence de riz va se faire sur l’ensemble du territoire national avec la mise en place effective de quatre grands bassins de production qui seront confiés à des leaders de pôle, qui sont des opérateurs privés et qui vont agir sur le terrain pour le compte de l’Etat. C’est tout le territoire national qui est mis à contribution ; tous les producteurs seront mis à contribution, et l’Etat apportera tous les appuis qu’il faut en termes d’intrants, de conseils et en termes d’encadrement ; et tout ça sera surtout porté par le secteur privé.

Quel sera le rôle réel des leaders de pôle ?

Ces leaders de pôle sont des opérateurs privés qui ont signé une convention avec l’Etat. Ils sont au nombre de quatre avec une grande capacité opérationnelle et l’expertise pour relever le défi. Ils vont se charger de la transformation en faisant d’abord l’achat du paddy cash aux producteurs, parce qu’il ne s’agit pas de leur dire de produire, il faut en même temps leur garantir la commercialisation du paddy qu’ils vont produire. Donc ce paddy acheté et transformé avec du riz de bonne qualité, sera mis sur le marché dans les circuits traditionnels de distribution si bien que le riz local, le riz de Côte d’Ivoire, on pourra le trouver au niveau des importateurs de riz en remplacement du riz d’importation. L’Etat attend beaucoup de la production, l’Etat attend beaucoup de ce programme qui va être implémenté maintenant.
L’expérience du terrain a montré que nombreux projets exécutés n’ont pas donné les résultats escomptés. Quelle garantie offre le PUR 2020 ?

Il y a certains projets qui ont eu à développer la filière du riz, mais ce qu’il faut dire, c’est que ces stratégies-là ne tenaient pas compte de la chaîne des valeurs. Or, dans le cadre de la mise en place de la nouvelle stratégie de développement, il a été mis en place tout le dispositif permettant de tenir compte de la chaîne des valeurs du riz dans toute leur globalité, ce qui permet d’adresser désormais une stratégie appropriée à la production. C’est une stratégie adressée à la transformation et adaptée complètement à la distribution du riz. Tous les acquis au terme de ce programme-là pourront être conduits pour appuyer la stratégie nationale de production de la filière du riz.

La Côte d’Ivoire veut atteindre d’ici 2025 l’autosuffisance en riz, et compter parmi les pays exportateurs en 2030. Cette idée n’est pas nouvelle vu qu’en la matière, le pays a adopté plusieurs stratégies depuis 1960 sans y parvenir.

La politique de production de riz que la Côte d’Ivoire a connue dans les années 1970 était très en avance par rapport à tous les autres pays de la sous-région. Ce qui faisait que nous avions effectivement des crêtes de production de riz en Côte d’Ivoire, et le président Houphouët-Boigny, dans son souci de solidarité avec les autres régions a accepté à un moment donné que le riz de la Côte d’Ivoire puisse partir dans les autres pays africains, ce qui a été effectivement fait. À cette époque, la Côte d’Ivoire avait le même plan de développement du riz avec le Viêtnam. Cette politique a permis effectivement de mettre en place tous les pré-requis, c’est-à-dire que toutes les infrastructures de base de production de riz en Côte d’Ivoire qui existent aujourd’hui, l’ont été, et ont besoin d’être peut-être réaménagées réhabilitées et remises à flot.

Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, importe du riz du Vietnam ?

C’est la réalité de la politique des ajustements structurels parce qu’en Côte d’Ivoire, nous produisions effectivement un riz (paddy) qui était relativement un peu plus cher que ce qui était produit dans les autres pays d’Asie. Parce qu’il faut savoir que l’ex-société de développement de la riziculture (SODERIZ) n’avait pas seulement vocation de produire du riz. Elle ne se contentait pas seulement de faire la production, mais elle avait également d’autres appuis sociaux qu’elle apportait au niveau des populations. Et les grandes infrastructures de base qui avaient été réalisées n’avaient pas encore connu leur pleine capacité de production, et donc les amortissements n’étaient pas encore faits. Toute cette charge-là pesait très fortement sur le coût de production du riz blanc en Côte d’Ivoire. Or, le riz asiatique qui était effectivement subventionné au travers des bourses de la Banque Mondiale permettait effectivement d’avoir là-bas un riz moins cher. C’est ainsi qu’on a eu à un moment donné une orientation vers le riz d’importation vendu en Côte d’Ivoire au travers de la caisse de péréquation. La caisse de péréquation générait des ressources si bien que cela a mis effectivement en difficulté la production du riz local, donc la production du riz local a été complètement désarticulée à partir de la politique de l’ajustement structurel qui avait imposé ses normes de production et de coût à la Côte d’Ivoire. Et comme la Côte d’Ivoire n’arrivait pas à rentrer dans ces veines-là, on a préféré l’importation à un moment donné, qui en fait aujourd’hui connaît ses limites, parce que ça ne nous garantit pas la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, nous avons les moyens de faire nos productions, nous avons les moyens de faire l’importation, mais dès l’instant qu’il y a une crise comme la crise de la Covid-19 que nous sommes en train de connaitre, nous serons à un moment donné en insécurité alimentaire. Donc aujourd’hui il n’est plus question de sécurité alimentaire, mais de souveraineté alimentaire.
Le PUR, selon vous, est la nouvelle stratégie nationale de production capable de donner à la Côte d’Ivoire sa souveraineté alimentaire en riz ?

Il faut vraiment être souverain en matière de production, et donc c’est pour ça qu’aujourd’hui, toute cette réflexion, et tout ce qui est en train d’être fait au niveau du PUR-2020 permet de remettre en place tous les fondamentaux et de booster la production de riz local.

Le programme est laissé aux mains du secteur privé. Quelles sont les mesures prises par l’Etat pour garantir la réussite du PUR-2020 ?

Les mesures consistent à consolider le premier cycle rizicole à savoir mécaniser les opérations de récolte et post-récolte, de favoriser l’achat cash du riz, de transformer et de mettre en marché le riz blanchi. L’Etat, au travers des leaders de pôle, apporte tous les appuis qu’il faut à la production, appui aux aménagements de bas-fonds, au niveau de la mécanisation et des appuis en semences et en intrants, de mise en place d’un fonds d’amorçage pour garantir la commercialisation, parce qu’en fait, nous avons étudié les insuffisances que le secteur privé avait dans le cadre de la filière du riz en Côte d’Ivoire.

Quelles sont ces insuffisances ?

C’est la mise en place d’un financement. Les banques ne peuvent pas financer le secteur du riz comme elles financent le secteur du Café et du Cacao, non seulement à cause de sa rentabilité, mais également à cause du facteur de risque qu’il y a autour de la filière du riz. Et donc l’Etat amorce en mettant en place des intrants, la mécanisation, mais au travers du secteur privé, l’Etat s’est mis à la disposition des producteurs qui sont des bénéficiaires, mais dans un cadre de remboursement pour pérenniser cette activité-là, parce que s’il n’y a pas de remboursement, il n’y a pas de pérennisation et donc tout ce qui est donné n’est pas fait de manière gratuite et définitive, mais ce sont ces appuis qui sont apportés pour amorcer la pompe pour pouvoir permettre au secteur privé d’avoir les moyens pour impulser la production du riz.

Ce projet va durer combien de temps ?

Pour ce projet, on est en ce moment dans un cadre de programme d’urgence de riz qui doit être limité dans le cadre de la Covid-19, mais on pense que les acquis vont effectivement permettre de pérenniser ce dispositif.

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