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Côte d’Ivoire-AIP/ L’Unicef au cœur de plusieurs actions pour améliorer les conditions de vie des enfants du Tonkpi (Interview)


  20 Février      48        Société (44866),

 

Man, février 2021 (AIP) – Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), dans l’optique de l’amélioration et de la promotion de meilleures conditions de vie des enfants, mène depuis plusieurs années des actions en Côte d’Ivoire pour le bien-être des mômes, des jeunes et également des femmes. Dans une interview accordée à l’AIP, le représentant de l’institution à Man, Pegabila Gervais Ouattara, lève un coin de voile sur ses missions dans la région du Tonkpi.

AIP-Quel est le rôle de l’Unicef dans la région du Tonkpi et quelles sont les actions majeures menées en 2020 ?

Pegabila Ouattara : Le rôle de l’Unicef est d’apporter un appui à l’Etat de Côte d’Ivoire dans sa quête d’un mieux-être des femmes et des enfants de façon générale. Pour cela, l’Unicef initie des programmes alignés sur les objectifs de développement durable (ODD) et sur le plan national de développement (PND) dans des secteurs tels que la santé, la nutrition, l’éducation, la protection, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, le VIH, l’engagement des jeunes… Dans le cas particulier de la région du Tonkpi en 2020, l’Unicef a apporté son appui aux différentes communautés à travers plusieurs activités. Entre autres, l’établissement d’actes de naissance par le biais de nouveaux mécanismes de déclaration des naissances dans les centres de santé, l’appui à la plate-forme de protection contre les abus commis sur les enfants, l’appui à l’éducation de la jeune fille, l’amélioration de l’accès à l’école et de la qualité de l’enseignement, le programme d’élimination de la défécation à l’air libre à travers la mise en œuvre du projet d’assainissement total pilote par la communauté (ATPC) dans les départements de Sipilou et de Biankouma, la prévention de l’infection à VIH chez les adolescents et les jeunes, le renforcement de l’offre et de la demande des services de qualité de santé et de nutrition ainsi que les réponses aux urgences, particulièrement à la Covid-19 et aux déplacements de populations consécutifs à la crise de l’élection présidentielle d’octobre 2020.

Quel est le point que vous faites en ce début d’année 2021 sur le respect des droits des enfants dans le Tonkpi ?

Les droits de l’enfant se déclinent dans différents domaines ou secteurs d’activités.

Concernant le volet VIH. Il y a l’existence d’un pool de prestataires outillés pour offrir des services de prévention combinée aux adolescents et aux jeunes. Ainsi, 47 adolescents et jeunes en situation de vulnérabilité ont été mis sous PreP (prophylaxie préexposition au VIH, une stratégie de prévention basée sur la prise d’un médicament antirétroviral qui permet à une personne séronégative à haut risque d’acquisition du VIH de réduire ce risque) à fin décembre 2020 et 800 autotests ont été distribués.

Pour le secteur eau, hygiène et assainissement, 100% des membres des comités ont eu leurs capacités renforcées sur la connaissance, l’implémentation et le suivi de l’approche assainissement total pilote par la communauté (ATPC). Trente-trois localités ont été déclarées pour la fin de la défécation à l’air libre (FDAL). Soixante écoles et 10 centres de santé ont bénéficié de dispositifs des lavages des mains et de produits d’hygiène. Le marketing de l’assainissement est en cours avec l’amélioration de 324 latrines.

Au niveau de l’éducation, dans 31 écoles maternelles issues de localités Nord-ouest et Ouest, 2013 enfants de trois à cinq ans, dont 1046 filles (52%), ont des capacités et des aptitudes développées pour poursuivre aisément un cycle primaire grâce à un encadrement intégré (éveil, santé, nutrition, hygiène et protection). Parmi eux, 615 ont été en classe de CP1 durant l’année scolaire 2018-2019.

Nous enregistrons la construction de plusieurs salles de classe en briques plastiques recyclées (écoles primaires), afin d’augmenter la capacité d’accueil pour appuyer la scolarisation des filles en particulier et des garçons. Sur 57 salles de classe, 15 sont achevées et fonctionnelles.

Côté santé et nutrition, nous notons, entre autres, que 12 centres de santé ont été équipés en mobilier et en matériel médical, quatre districts sanitaires équipés en matériel de mesures anthropométriques, une unité de soins mère Kangourou (SMK) mise en place au centre hospitalier régional (CHR) de Man, neuf prestataires de soins formés en SMK, deux ONG locales impliquées dans la réponse à la pandémie de COVID-19, 4164 gels hydroalcooliques, 4164 savons liquides, 78 dispositifs de lavage des mains (DLM), dont 14 améliorés de 60 litres avec trépied et un système à pédale, distribués aux formations sanitaires ainsi que 13 290 masques faciaux distribués aux structures sanitaires.

En ce qui concerne la protection qui prend en compte l’enregistrement des naissances, nous notons une augmentation du taux d’enregistrement grâce à la mise en œuvre des nouveaux mécanismes de déclaration à partir des centres de santé. 100% des centres de maternité et de vaccination des nouveaux nés sont couverts pour la déclaration systématique des naissances.

Pour le volet violences contre les enfants, nous enregistrons l’amélioration de la prise en charge des victimes de violence, abus et exploitation, par les services sociaux (réponse renforcée, accès à des services de santé, psychosociaux, juridiques et de prise en charge adaptée).100% des services sociaux ont leurs capacités renforcées pour offrir des prestations plus grandes et un travail de proximité (animation communautaire, visites à domicile). La dénonciation et la signalisation des cas de violence s’améliorent également.

Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’exercice de votre fonction visant le bien-être et le respect des droits des enfants ?

Concernant le volet VIH/Adolescents, on note le difficile financement des activités communautaires des intervention dans le domaine du VIH.

Les données de l’enquête CIPHIA publiées en juillet 2018 ont montré une prévalence de 3,2% de l’infection à VIH dans les régions sanitaires du Cavally-Guémon et du Tonkpi.

Pour le secteur eau, hygiène et assainissement, la durée des financements ne permet pas un bon suivi post-FDAL (post fin défécation à l’air libre) en vue d’un véritable changement de comportement.

La discontinuité des financements ne permet pas non plus une mise à l’échelle au niveau national.

Côté éducation, on note une proportion importante d’enfants de 06 à 16 ans qui sont en dehors de l’école avec un focus sur la très faible préscolarisation et les réticences à accorder aux filles une scolarisation complète. Uniquement 73,6% des enfants de 06 à 11 ans de l’Ouest fréquentent une classe du primaire ou du secondaire premier cycle (MICS 2016).

Parmi les enfants de l’Ouest qui fréquentent la classe de CP1, 12% seulement sont issus d’une école maternelle, contre 31% à Abidjan. Le taux net de préscolarisation est de 7,7% dans l’Ouest.

L’éducation dans la zone est inégalitaire, non inclusive et elle discrimine les filles, les enfants des ménages pauvres et ceux porteurs d’un handicap. Au sujet des filles, seul 25,7% à l’Ouest ont une opportunité de fréquenter le secondaire.

Les situations d’urgence dans l’éducation sont fréquentes dans la zone ouest et sont très souvent la conséquence des conflits intercommunautaires qui entrainent des fermetures d’écoles pendant une longue durée. Par exemple, en octobre 2017, le conflit inter-ethnique entre Guéré et Baoulé a occasionné la fermeture de 16 écoles pendant plus d’un trimestre, ce qui a contribué à une baisse de 38% des effectifs des élèves.

Les violences en milieu scolaire, les grèves des élèves ou des enseignants qui sont fréquentes, réduisent le temps d’apprentissage et ont un impact négatif sur la qualité des acquis scolaires. De ce fait, les parents considèrent les dépenses d’éducation comme infructueuses et cela constitue pour eux des raisons à ne pas envoyer leurs enfants dans le système formel ou à interrompre la poursuite de leurs études. Plusieurs autres facteurs négatifs de l’offre comme l’éloignement des écoles et des collèges, ou les normes sociales contribuent également à freiner la demande des parents et certains préfèrent opter pour des alternatives d’éducation correspondant à leurs valeurs.

Pour la santé et la nutrition, l’ouest est une zone à fortes prévalences de malnutrition faisant le lit de plusieurs pathologies infantiles dont le paludisme et la diarrhée qui peuvent en être également des causes.26% des enfants de moins de cinq ans sont malnutris chroniques à l’ouest contre 21,6% au plan national (MICS 2016) et 6% sont émaciés.

Ces pathologies infantiles associées à la malnutrition contribuent de manière directe ou indirecte à la forte mortalité infantile (68‰ pour l’ouest contre 60‰ en 2016 au plan national) et infanto-juvénile que connaît le pays (108‰ pour l’ouest contre 96‰ en 2016 au plan national).

Concernant le volet protection, il y’a la difficulté d’avoir à disposition, les registres de déclaration des naissances.

Quelles sont les activités majeures prévues en 2021 et le pas de plus à faire pour une meilleure prise en charge des besoins des enfants et des jeunes ?

Au niveau du VIH, nous prévoyons soutenir la mise en œuvre des interventions de prévention combinée, l’appui à la promotion de la sante adolescents et jeunes, le développement d’approches communautaires participatives impliquant les adolescents et les jeunes dans la création d’une demande de services sociaux qui leur sont adaptés , le renforcement de la communication pour le changement de comportement social et durable , le renforcement des capacités des acteurs cliniques et communautaires à la prise en charge holistique des adolescents et jeunes, le renforcement du système national d’information sanitaire sur les données spécifiques aux adolescents et jeunes ainsi que le renforcement des mécanismes de coordination multisectorielle des interventions en santé desdits adolescents et jeunes.

Pour l’eau, l’hygiène et l’assainissement, en 2021 il s’agira de mettre à disposition des communautés, des écoles et des établissements de soins, des installations d’approvisionnement en eau qui respectent les règles d’hygiène et d’assainissement, qui sont sûres, adéquates, et à coût abordables y compris pour les personnes avec handicap.

Il s’agira également d’amener les familles et les communautés de la zone à adhérer au changement de normes sociales et comportementales favorables au maintien d’un environnement sûr et propre pour l’enfant, y compris en situation d’urgence.

Pour l’éducation nous allons cette année renforcer les capacités des institutions au niveau local pour améliorer l’efficacité, l’efficience, la qualité et la résilience du système éducatif pour les enfants, filles et garçons des régions les plus défavorisées y compris les enfants vivant avec handicap.

Nous mettrons l’accent sur le renforcement des capacités des acteurs du système éducatif pour développer des offres alternatives de qualité et des approches novatrices pour l’éducation et la formation professionnelle des enfants et adolescents en dehors de l’école.

Nous prévoyons renforcer les capacités des communautés pour les amener à adhérer aux normes sociales favorables à la préscolarisation et au maintien des enfants et adolescents à l’école, en particulier les filles et les enfants en situation de handicap.

Il s’agira également, entre autres, de pérenniser le modèle du préscolaire avec la participation de la communauté, soutenir la mise en œuvre de pratique innovante par les enseignants pour améliorer les performances des élèves et réduire l’abandon scolaire ,planifier et mettre en œuvre des stratégies locales pour accroitre la fréquentation des filles et accélérer la réintégration de celles qui sont sorties trop tôt du système ,mettre à disposition des ressources documentaires au niveau des élèves du secondaire, des collèges de proximité, pour renforcer leur autonomie dans l’apprentissage et l’amélioration de leurs résultats.

Pour le pas de plus à faire au niveau de la santé et de la nutrition, nous prévoyons entre autres , renforcer les capacités techniques des agents de santé et des acteurs communautaires ,renforcer le plateau technique des structures de santé, renforcer des activités de la vaccination au niveau des Etablissements sanitaires de premier contact (ESPC) ,soutenir la mise en œuvre des interventions de Soins obstétricaux et néonataux d’urgence de base (SONUB) dans les ESPC , appuyer la réanimation nouveau-né et soins essentiels du nouveau-né y compris les Soins mère-kangourou (SMK),renforcer aussi des activités de prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME).

On n’oubliera pas l’appui pour la disponibilité de produits essentiels et équipements pour la Santé maternelle néo-natale et infantile (SMNI) et pour la nutrition, ainsi que l’appui pour la disponibilité des intrants du programme élargi de vaccination et de lutte contre le paludisme.

Concernant le volet protection, cette année c’est la poursuite du passage à l’échelle du nouveau mécanisme de déclaration des naissances ainsi que la poursuite de la lutte contre la violence faite aux enfants.

Une conclusion, un appel à lancer aux populations du Tonkpi ?

Comme nous avons pu le constater ci-dessus, la situation de l’enfant en général n’est pas reluisante dans le Tonkpi et beaucoup reste à faire dans les domaines de la santé nutrition, du VIH, de l’éducation, de la protection, de l’eau, l’hygiène et assainissement.

D’ailleurs la région du Tonkpi fait partie de la zone de convergence que l’Unicef a défini comme prioritaire pour ses interventions de 2021 à 2025. Mais cela ne peut se faire sans l’engagement des populations elles-mêmes et de leurs représentations que sont les collectivités locales (mairies et conseils régionaux).

Nous projetons donc de travailler étroitement avec ces collectivités à travers des partenariats dans le but d’avoir des actions plus durables avec des impacts plus grands pour les enfants.

(AIP)

Amak/kp

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