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Côte d’Ivoire-AIP/ Accidents mortels sur l’axe Divo-Gagnoa: les populations de six villages en colère (Reportage)


  27 Février      147        Société (44866),

 

Divo, 27 fév 2021 (AIP) – Depuis le samedi 13 février 2021, les populations de six villages de la sous-préfecture de Divo, sur le tronçon routier national Divo-Lakota, sont en colère. Cette colère fait suite à la mort de deux habitants de Grobiakoko, fauchés par un gros car de transport en commun qui a refusé de s’arrêter. Ce fut la goutte d’eau de trop. Depuis ce drame, la route est barrée le long de ces six villages, forçant les usagers à beaucoup ralentir au cours de la traversée. Voici le diagnostic de cette colère.

Constat de barrages sur la route dans six villages

Sur la première vingtaine de kilomètres de route, de Divo à Lakota, se suivent sept villages et des campements dont les six plus gros sont Dagrome, Daboré, Grobiassoumé, Grobiakoko, Yao Blékro et Djokolilié.

Sur les deux voies de la route nationale qui traverse ces villages, les populations ont dressé des barrages alternés d’une voie à l’autre, après la survenue du drame et des négociations qui en ont résulté. Cela oblige les véhicules à zigzaguer sur la route, pendant la traversée des villages.

Dès le premier village, Dagrome, situé à deux kilomètres de Divo, l’usager découvre sur le bitume, à l’entrée du village, tantôt de gros troncs d’arbres, tantôt de gros cailloux empilés les uns sur les autres, ou parfois des pneus superposés. Ainsi, dans chaque village, de l’entrée à la sortie, le décor est le même.

Pourtant, il y a peu de temps, les populations riveraines de cette route et les usagers, se plaignaient des nids de poule qui jalonnaient la voie allant de N’Douci à Gagnoa, distant de 170 km. Les travaux de réhabilitation, engagés par le gouvernement de 2017 à 2020, permettent aujourd’hui de réduire de moitié le temps de parcours de cet axe routier qui continue d’être amélioré par une entreprise locale, en charge des travaux.

Ainsi, à peine heureux d’avoir un tel ouvrage, avec des voies plus élargies que par le passé et bien balisées, populations riveraines et usagers vivent maintenant dans l’angoisse quotidienne d’un éventuel accident de la circulation. En effet, très vite, les accidents mortels sont devenus récurrents, particulièrement à la traversée des villages.

Les mis en cause sont autant les véhicules de transport en commun et de marchandises que les véhicules de particuliers. Il est reproché aux chauffeurs le non-respect de la limitation de vitesse en agglomération, à 55 km/h, pourtant marquée par des panneaux de signalisation, le long de la route.

L’accident de trop du samedi 13 février 2021

Le samedi 13 février 2021, un car de transport en commun traversant à vive allure Grobiakoko, situé à 15 km de Divo, n’a pu éviter un tricycle. « C’était terrible, difficile à voir. Il y a eu deux personnes tuées sur coup, les têtes écrasées, du sang partout sur le lieu », décrit le chef intérimaire du village, Koudou Jean-Marius, rencontré une semaine après le drame. Bien que l’atmosphère soit revenue au calme dans le village, M. Koudou semble encore sous le choc, la voix étranglée par l’émotion, quand il parle de ce drame.

Cet accident a traumatisé l’ensemble de la population de ce village cosmopolite de 7 000 habitants. « Et cela n’est pas la première fois. C’est fréquent. C’est pourquoi cette fois-ci les jeunes, tout le village s’est soulevé et des barrages ont été érigés, pour empêcher toute circulation », a expliqué l’intérimaire du chef de village.

Selon le président des jeunes de Grobiassouné, Gnapié Zéphirin. « Les jeunes ont voulu que justice soit rendue aux deux habitants de la communauté baoulé du village, ainsi atrocement tués. La colère était autant vive parce que le chauffeur ne s’est pas arrêté après le choc. Il a poursuivi sa course. » Cette route nationale est devenue « internationale » parce que reliant les deux ports du pays, à savoir Abidjan et San Pedro, avec un trafic intense. Mais, le samedi 13 février, jour du drame, elle a été barrée par la population de Grobiakoko de 13 H 30 à 16 H 00, provoquant de très longues files d’attente des véhicules.

Le cortège de la Secrétaire d’Etat auprès du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des droits de l’Homme, chargée des Droits de l’Homme, Mme Aimée Zébéyoux, de retour d’une mission de sensibilisation à Zikisso, dans le cadre des législatives, a été bloqué avec d’autres véhicules.

Mme Zébéyoux a dû, avec le préfet de région, Kouakou Assoman, mener des négociations avec les populations du village, près de trois heures, avant d’obtenir la levée partielle des barrages, contre des promesses fermes de solution au problème. Les jeunes ont donc disposé les barrages de sorte à obliger les véhicules à faire une traversée lente en serpentant entre les obstacles.

Des antécédents douloureux sur ce tronçon routier

Le 19 avril 2019, un véhicule de particulier avait déjà endeuillé le village de Grobiakoko, en faisant une sortie de route, dans le village, tuant une femme enceinte et ses deux enfants, de retour de champ, et qui attendaient en bordure de route de traverser.

Les 24 et 27 décembre 2020, se sont produits deux accidents successifs sur la même route, dans le village, avec une victime tuée sur le champ, et l’autre gravement blessée. Mais, pour ces deux cas également, les véhicules, dont un camion remorque, ne se sont pas arrêtés.

En dehors de Grobiakoko, les autres villages voisins sur ce même axe routier ont vécu les mêmes drames. Ainsi, ayant appris la colère des populations de Grobiakoko, ces villages ont érigés à leur tour des barrages sur les tronçons de route qui traversent leurs agglomérations. Cette colère contagieuse trouve sa réponse dans les mêmes exigences des populations.

Une colère contagieuse et des exigences communes

A Grobiassoumé, village distant d’environ trois kilomètres de Grobiakoko et 12 km de Divo, le chef de village intérimaire, Dido Credo Jean Claude et les jeunes, dénoncent les mêmes drames et les mêmes comportements inciviques des chauffeurs sur cette route.

Le président des jeunes de Grobiassouné, Gnapi Zéphirin, explique que ces deux dernières années, dans les trois villages voisins, Béssedou, Grobiassoumé et Grobiakoko, plus de onze décès de leurs habitants ont été enregistrés, parce que fauchés par des véhicules, sur la même route qui les traverse. Selon Gnapi, aucune solution n’a été trouvée à ce jour, ni les fautifs arrêtés pour répondre de leurs actes.

Comme par effet boomerang, six gros villages voisins sur l’axe ont barré les routes, de sorte à ralentir fortement la circulation. Leur exigence principale est la construction de dos-d’ânes, sur les tronçons qui traversent ces villages.

Le chef intérimaire du village de Grobiakoko et celui de Grobiassoumé expliquent que depuis au moins deux ans qu’ils vivent ces drames, ils ont demandé en vain, même par courriers, la construction de dos-d ’ânes. L’autorité administrative leur avait répondu, à l’époque, que cela ne pouvait se faire, parce que la route en question est une route « internationale ».

Mais, rétorquent aujourd’hui ces chefs de village, les mêmes drames se sont produits plus au Sud, sur le même axe routier réhabilité, au niveau de l’agglomération de Hermankono-Garo, situé à 42 km de Divo et une solution a été trouvée.

En effet, le 31 décembre 2020, un gros camion a écrasé deux habitants à Hermankono-Garo, suscitant la révolte des populations. Elles avaient barré les routes et exigé la construction de dos-d’âne pour sécuriser les habitants. La solution trouvée, soulignent les chefs de Grobiassoumé et de Grobiakoko, a été la construction de dos-d ’ânes sur les tronçons des agglomérations allant de Hermankono-Garo à Zérédougou.

« Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, et étant tous sur le même axe routier, nous devons avoir également des dos-d’âne sur les tronçons routiers qui traversent nos villages pour également sécuriser nos populations », argumente le chef, Koudou Jean-Marius, de Grobiakoko.

Cette exigence des populations a été prise en compte au cours des négociations avec la Secrétaire d’Etat, Aimée Yébéyoux et le préfet Kouakou Assoman. La promesse ferme faite par les autorités a trouvé un début de réalisation, au moins au niveau du village de Grobiakoko, où des d’ânes sont en construction.

Les populations de ces villages disent saluer l’effort fait par le président Ouattara et son gouvernement pour doter la région de bonnes routes, car le calvaire vécu auparavant étant grand. « Les voyages étaient très longs et assez périlleux sur cette route. Mais aujourd’hui qu’elle a été réhabilitée pour notre bonheur, voici qu’elle nous tue du fait de l’insouciance des chauffeurs, alors que gouvernement a fait cette route pour le développement », déplore Koudou Jean-Marius.

Les populations riveraines demandent qu’un travail approfondi de sensibilisation se fasse auprès des chauffeurs et que l’Etat soit plus exigeant sur la délivrance des permis de conduire. Même au niveau, des conducteurs, certains saluent la construction des dos-d ’ânes. C’est le cas du conducteur de taxi interurbain sur l’axe Divo-Gagnoa, Komara Woroutié, également syndicaliste.

« La vitesse est limitée à 55 km/h dans les agglomérations, et c’est signalé. Mais, sur cette route, c’est surtout les gros cars de transport en commun et les camions-remorques qui créent beaucoup de problèmes avec les excès de vitesse. Je suis content pour les dos-d’âne, ça va nous sauver nous tous », a déclaré Komara Wouritié.

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