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Côte d’Ivoire-AIP/ Regard sur la femme rurale, levier de la production agricole dans le Bounkani (Dossier)


  18 Août      101        Agriculture (4120),

 

Bouna, 18 août 2022 (AIP)- La femme rurale, dans la région du Bounkani, demeure le levier de la production agricole, contribuant ainsi à la génération d’une croissance économique régionale qui a pour impact la réduction de la faim et la pauvreté et à la stabilité socio-économique.

Une grande variété de cultures vivrières produites par la femme rurale dans le Bounkani

Dans la région du Bounkani, les femmes sont présentes dans la production des cultures vivrières dominées par le maïs, le riz, l’arachide, le mil et le sorgho. Elles interviennent également dans la culture du manioc et dans le maraîchage. Le mil et le sorgho sont concentrés dans les départements de Bouna, Téhini, Doropo.

La culture maraîchère, généralement pluviale, est pratiquée par de petits exploitants agricoles des villages ou des coopératives. Les superficies sont difficilement maîtrisables car les spéculations sont souvent en cultures associées.

Les légumes, par contre, sont pratiqués en contre-saison dans les bas-fonds autour des villes et dans certains villages de la région. Les principaux légumes rencontrés sont le chou, la laitue, le concombre, la tomate ronde (ou ovale), le haricot, la carotte, l’oignon.

Cependant des spécificités existent au niveau des quatre départements. Par exemple, à Téhini, les femmes s’occupent de la culture du riz destiné principalement à la commercialisation. Le maïs, le sorgho et le mil appartiennent aux hommes et sont utilisés pour la consommation du ménage, seul le surplus est commercialisé.

A Doropo tout comme à Nassian, les femmes sont les productrices du riz et du maïs. La banane est produite dans le département de Nassian mais ce produit est considéré comme une culture secondaire. D’autres produits comme la patate, le haricot, l’arachide, le manioc et même l’igname occupent également les femmes du Bounkani.

Parlant de l’igname, plusieurs variétés d’igname sont cultivées dans la région (Kponan, Florido, etc). L’igname représente la principale culture vivrière de la région. Les femmes rurales regroupées en coopératives, réalisent au moins un hectare d’igname pour nourrir leurs familles et pour la vente.

Les statistiques sur la production d’igname au niveau de la région sont passées de 336 579 tonnes en 2014 à plus 346 000 tonnes en 2019, selon l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER). Ces trois dernières années, l’on note un rendement moyen de 13 T/ha. Les femmes de la sous-préfecture de Youndouo, dans le département de Bouna, restent réputées pour leur forte production annuelle au niveau de cette denrée.

L’abnégation de la femme rurale dans le processus de production

Selon le chef de zone ANADER de Bouna, Sorho Domé, ces femmes du milieu rural  sont animées d’une détermination et un dévouement à l’agriculture.

’’Au niveau des tubercules, ce sont les femmes qui font le sarclage, qui les récoltent et les transportent non seulement à la maison mais aussi vers les marchés. Ce sont des activités difficiles à entreprendre mais elles le font avec dévouement’’, souligne, M. Sorho qui salue ce grand courage dont elles font preuve.

Dans les céréales, indique-t-il, elles sont à tous les niveaux de la chaîne, du semis jusqu’à la petite transformation. En ce qui concerne les cultures maraîchères, secteur qui englobe 90% de ces femmes, elles y gagnent 100% de bénéfices sur les marchés.

Pour ce qui est des cultures pérennes comme l’anacarde, les femmes sont au cœur du processus de production portant sur la qualité, précise le délégué régional du conseil coton anacarde du Bounkani, Mamadou Koné. Ce dernier signale qu’elles interviennent dans la récolte, dans la séparation de la pomme des noix, le séchage.

’’Ces tâches ne sont pas faciles à exécuter mais elles le font tellement bien qu’elles participent à une production qualitative. Les femmes en milieu rural sont à féliciter car ce sont elles qui font pratiquement tout au niveau de la post-production de l’anacarde’’, a souligné M. Koné.

Il ajoute qu’au titre de la campagne 2022, le Bounkani a produit 47746 tonnes  d’anacarde. Pour lui, ce résultat, en hausse par rapport à celui de l’année précédente, a été en partie rendu possible par la remarquable participation des femmes à cette production cette année.

Une forte présence dans les activités de transformation

En plus de la production agricole, les femmes du Bounkani sont présentes dans les activités de transformation des produits agricoles telles que le néré en « soumbara » (arôme alimentaire), le sorgho en boisson locale « le tchapalo » et le manioc en « attiéké » ou en farine. Ces activités constituent une source importante de revenus pour ces femmes.

A cela s’ajoute la transformation du karité en beurre. Et la  pionnière du Karité dans le Bounkani, Ouattara Yao Siata, indique que ce secteur regorge de nombreuses femmes dont  336 qu’elle a intégrées dans sa coopérative dénommée Société coopérative de production de collecte et de transformation du karité de Bouna (SCOOP-CAPROCOKAB).

’’Nous produisons 200 kg de beurre de karité par jour, et nous produisons également d’autres dérivés du karité au nombre desquels le savon de karité, un produit dérivé très prisé qui apporte du soin à la peau’’, a indiqué Mme Ouattara, précisant que ces produits sont commercialisés dans le pays et à l’extérieur. Ce qui reste une importante source de revenus pour les femmes de la coopérative qui, en général, proviennent des villages du département de Bouna.

La femme rurale au service du développement local par l’agriculture

Les femmes, dans le village de Terguidouo, ont sur deux hectares de terres, produit des cultures vivrières notamment du maraîcher  pour aider à l’alimentation de la cantine scolaire de la localité,  la plus grande de la région du Bounkani. La parcelle a été octroyée par la présidente de l’ONG Hessed Côte d’Ivoire, Koblan-Huberson Patricia, aux femmes de Terguidouo, à 7 km à l’Est de Bouna, pour le ravitaillement de la cantine scolaire, a-t-on appris.

Ce lopin de terre devra accueillir des cultures vivrières notamment du maraîcher, ressources nécessaires à l’alimentation de la cantine scolaire de la localité. Pour ce faire, il a été mis sur pied un comité de femmes issues de coopératives agricoles devant veiller au développement de ces cultures. La cantine a fonctionné et les résultats scolaires ont été en nette progression.

A Kokpingué, village situé à 45 km de Bouna, la coopérative ’’Lagabenou’’, composée d’une trentaine de femmes rurales, s’est consacrée au développement de cette localité, département de Bouna, à travers la production agricole.

Lagabenou, qui signifie en langue Koulango, « Seule l’arrivée compte », est une coopérative qui s’illustre dans le maraicher notamment la production de l’oignon, la riziculture et l’anacarde. Plusieurs dizaines d’hectares ont été cultivés par ces braves femmes, précise-t-on.

Grâce à cette activité, elles ont obtenu une autonomie financière et sont sources de bonheur pour leurs familles respectives. En faveur de la communauté, elles ont contribué à la construction du foyer des jeunes de la localité, procédé depuis quelques années, à l’approvisionnement journalier en riz et bien d’autres vivriers de la cantine scolaire, et également contribué à l’insertion de jeunes du village dans l’agriculture moderne.

Des efforts et actions salués par la Fondation MTN Côte d’Ivoire et le Programme des Nation Unies pour le développement (PNUD) qui leur ont donc offert en 2017 une unité de transformation primaire de l’anarcade suivie d’un important lot de matériels agricoles. Ces cas sont légions dans la région du Bounkani.

L’acheminement des produits agricoles à l’actif de ces braves femmes vers les marchés du pays et même à l’étranger crée de la richesse dans la région, ajoute-t-on.

Quelques difficultés rencontrées par la femme rurale du Bounkani dans le secteur agricole

Il s’agit de la divagation intempestive de troupeaux de bœufs dans les champs, la  faible présence des retenues d’eau pour l’irrigation des cultures maraîchères en vue de mieux approvisionner les marchés de la région.

Il y a aussi le difficile accès au financement des coopératives pour l’extension des activités agricoles, afin de garantir une plus large opportunité d’autonomisation des femmes. Et la faible dotation des groupements en matériels agricoles,  machines pour la mécanisation de l’agriculture et autres  appareils de transformation de produits.

En novembre 2020,  une grande union  dénommée fédération des femmes de la région du Bounkani a été créée en vue de résoudre les difficultés rencontrées par les femmes du secteur agricole et garantir leur autonomisation. Cette fédération, présidée par Hépété Hoho Dah, regorge de nombreuses femmes présidentes de groupements coopératives agricoles de la région.

’’Des renforcement de capacités d’accès aux ressources, à l’innovation et à l’information qui permettent d’accroitre le nombre d’entrepreneurs agricoles en offrant la formation, l’accès au financement et à l’amélioration des liens de marché, voilà l’objectif de cette faîtière’’, avait déclaré Mme Dah à la création de l’union.

Jusque-là, les lignes n’ont pas véritablement bougé. Bien que des structures telles que le conseil régional du Bounkani, ONG et autres organismes et certains cadres de la région apportent tant bien de l’aide à ces femmes, les difficultés persistent et les besoins sont de plus en plus importants.

S’appuyant sur ses faibles ressources, la femme rurale dans le Bounkani, continue malgré tout, de s’armer de courage pour emprunter les sentiers rocailleux des champs, bravant les intempéries pour apporter de son sacrifice, à la croissance économique de sa région par les fruits de ses labeurs.

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