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Côte d’Ivoire-AIP/ Filière riz : vers la certification des semences pour une production améliorée (Feature)


  8 Octobre      75        Agriculture (4138),

 

Man, 08 oct 2021 (AIP)- Assurer à terme l’autosuffisance en riz en Côte d’Ivoire, tel est l’objectif poursuivi par l’Etat qui a adopté une stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) en 2012 puis révisée en 2019.

L’une des options de cette stratégie, d’une durée de 10 ans (2020-2030), est d’améliorer l’accès des riziculteurs aux semences de qualité, aux variétés adaptées aux différents écosystèmes rizicoles et à une très bonne qualité marchande.

Selon le directeur régional du Centre national de recherche agronomique (CNRA) de Man, Bouet Alphonse, la semence constitue une matière première très importante, car étant de bonne qualité, cette semence assure 30% de la production rizicole, a-t-il fait remarquer.

Il a ajouté, toutefois, qu’au constat fait il y a deux ans, les variétés de riz telles que le CY2, le C26 et Bouaké AM, prisées au départ par les consommateurs, sont de plus en plus dépréciées aujourd’hui.

Face à l’urgence, des acteurs du secteur se sont retrouvés, lors d’une rencontre en 2020 à l’initiative de l’Agence du développement du riz en Côte d’Ivoire (ADERIZ), pour identifier les failles du système semencier en vue de tenter d’y apporter des solutions.

L’inaccessibilité aux semences certifiées

A l’instar du riz paddy, la production de semences est aussi menacée par plusieurs contraintes (biotique et abiotique), a évoqué le directeur régional du CNRA de Man qui a expliqué que la production du riz en Côte d’Ivoire est gravement menacée par plusieurs facteurs, au nombre desquels l’inaccessibilité des riziculteurs aux semences certifiées de variétés adaptées à l’environnement cultural et économique.

Cet état de fait, souligne-t-il, relève de la mauvaise qualité de préparation du sol. Mais également de la faible technicité des semenciers qui n’ont pas la connaissance avérée des principales étapes dans la production des semences.

Il a aussi mentionné que l’une des raisons pour laquelle la Côte d’Ivoire enregistre encore un gros déficit en production de riz résulte du fait que les variétés disponibles ne sont pas diffusées à grande échelle. Ainsi, au niveau des facteurs de production, la fertilisation est en-deçà (moins de 10% de superficie fertilisée) du seuil tolérable permettant aux variétés d’avoir toute leur potentialité. En effet, l’agriculture ivoirienne reste encore rudimentaire et non intensifiée avec pour conséquence, le pays qui dispose d’une vingtaine de label de riz local méconnu qui nécessite une promotion afin de booster leur production, selon le spécialiste du CNRA.

En outre, interviennent des éléments environnementaux tels l’aménagement approximatif des espaces de production (les bassins sommairement aménagés) et une technologie pratiquée à petite échelle.

Amélioration de la qualité des semences par la formation des acteurs

La production de semences de base et de semences certifiées de riz nécessite obligatoirement un appui de l’Etat à la recherche, mais aussi au renforcement des capacités des acteurs du secteur semencier. Dans cette perspective, pour combler l’insuffisance technique, le CNRA de Man, grâce au concours financier de l’Initiative de coopération Corée-Afrique pour l’agriculture et l’alimentation (KAFACI) et le département de l’Administration rurale de la République de Corée, a apporté, à travers une session de formation organisée du 4 au 7 octobre 2021, des rudiments nécessaires au renforcement des capacités de plusieurs acteurs intervenant dans la production de semences de base et de semences certifiées de riz.

Les séminaristes en phase d’apprentissage terrain

Durant quatre jours, les semenciers ont bénéficié de connaissances théoriques et pratiques sur un terrain d’expérimentation du CNRA Man. « Nous avons eu la connaissance de plusieurs entités constituant des facteurs limitant la production et comment les combattre efficacement », a déclaré le président du conseil d’administration des riziculteurs de Sakassou, Aman Guillaume, participant à la formation.

La formation a été surtout axée sur les techniques de production de semences bord champ et les techniques d’amélioration de la qualité au niveau des centres de conditionnement. Ainsi, les principales étapes dans la production de semences ont été passées au peigne fin. Il s’est agi d’abord du choix de la variété à multiplier, ensuite de la possession d’un champ qui respecte un certain nombre de critères et enfin de l’acquisition d’une bonne technicité, c’est-à-dire la capacité à respecter l’itinéraire technique de la production de semences et à disposer des équipements adaptés à la production pour obtenir une production finale de qualité.

Ainsi, plusieurs modules qui ont été dispensés par les chercheurs du CNRA de Man. Entre autres, la morphologie de la plante de riz, le rendement et ses composantes, le choix et la préparation du sol, comment préparer et gérer une bonne pépinière, la mise en place du champ.

De même que la gestion de l’eau dans le champ, la fertilisation du riz, les insectes du riz et leur gestion, les maladies du riz et leur gestion, le principe de gestion des mauvaises herbes, les récoltes et activités post-récolte, la caractérisation des variétés, le processus de certification des semences de riz.

A la fin de ce projet financé par KAFACI, « le système que nous aurons mis en place permettra de diffuser des semences de qualité de variétés élites aux riziculteurs », a laissé entendre le sélectionneur généticien et point focal du projet KAFACI, Dr Noumouha Ghislain, également chercheur au programme riz au CNRA de Man. « A terme, nous espérons couvrir les besoins nationaux en termes de semences de qualité », a-t-il ajouté.

Une mission de suivi sera organisée pour rendre visite aux apprenants sur leur parcelle semencière afin de s’assurer que les techniques acquises sont reproduites.

La nécessaire mise en place d’un dispositif crédible de prise en charge des questions de semences en Côte d’Ivoire

Selon l’expert en semences, Essé Kouadio Jean, Ingénieur agronome au ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER), pour que le secteur semencier soit bien structuré, il faut une administration semencière forte. Car, « c’est un système de contrôle », a précisé l’ingénieur agronome qui a ajouté que le rôle régalien de l’Etat qui prévaut à ce niveau, gène énormément le fonctionnement harmonieux du secteur.

Aussi, préconise-t-il, la création d’une direction en charge des questions de semences pour booster l’activité dans le secteur et mieux organiser les ressources humaines car, « tous nos agents migrent vers d’autres ministères, tous les jeunes que j’ai formés sont tous partis », a-t-il regretté.

Par ailleurs, l’expert en semence du CNRA a invité l’Etat à mettre en place un fonds de soutien au secteur semencier. Les difficultés d’accès aux semences de qualité des variétés améliorées de riz ont été identifiées comme étant une des contraintes majeures à l’amélioration de la productivité de la riziculture en Côte d’Ivoire ces dernières années.

Avant 1984, les semences étaient produites par les sociétés de développement agricole et les instituts de recherches spécialisés. Au niveau du riz, l’action de la Société d’assistance technique et la modernisation de l’agriculture (SATMACI), puis celle de la Société de développement du riz (SODERIZ) ont assuré la production et la distribution des semences jusqu’en 1978 (année de dissolution de la SODERIZ). Avec le désengagement de l’Etat des activités directes de production et de commercialisation des semences et la libéralisation du secteur dans les années 1990, le secteur s’est trouvé totalement désorganisé (un catalogue incomplet de variétés de riz, l’absence de contrôle et de certification des semences, le mauvais fonctionnement de l’administration semencière par manque de moyens humains et matériels, une absence d’une législation semencière pour sécuriser les différents opérateurs de la filière et les utilisateurs de semences, une désarticulation des principales fonctions de la filière semencière). Cette situation a découragé le secteur privé qui est réticent à investir dans le secteur.

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