Abidjan, 05 fév 2021 (AIP)- L’assassinat de l’activiste opposé au Hezbollah, Lokman Slim, jeudi 4 février 2021 au Liban-Sud, suscite des réactions au Liban et dans le monde entier, précisément la crainte « un retour aux assassinats politiques ».
Alors que le président libanais, Michel Aoun a demandé au procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, de mener les enquêtes nécessaires pour connaître les circonstances de cet assassinat, sans toutefois le condamner, le courant du Futur dénonce « un assassinat ignoble » et exprime la crainte qu’il ne signale « un retour aux assassinats politiques ».
L’ancien député et membre du courant du Futur, Bassem al-Sabeh, a estimé dans un communiqué que « l’assassinat de Lokman Slim est un message direct à tous les activistes, écrivains et politiciens de la communauté chiite qui ne tournent pas dans l’orbite du Hezbollah ».
L’ancien ministre Marwan Hamadé a estimé « qu’à l’ombre du règne de la terreur et de la corruption, il n’y a évidemment pas de place pour des gens comme Lokman Slim, le jeune intellectuel cultivé et libéré de toutes les entraves confessionnelles ».
Dans un communiqué, le Courant patriotique libre (CPL) a condamné l’assassinat du militant, appelant les organes judiciaires et de sécurité à « achever rapidement l’enquête, pour faire prévaloir la vérité ».
Le mouvement Amal a également condamné, dans un communiqué succinct, cet assassinat, réclamant « une enquête aussi rapide que possible afin d’identifier les responsables et de les sanctionner ».
Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan a lui aussi dénoncé ce crime, mettant toutefois en garde contre « l’intention de certains de lancer des accusations de manière répréhensible ».
Le Parti socialiste progressiste (PSP) du leader druze Walid Joumblatt a appelé les forces de sécurité à mener une enquête « efficace et transparente » afin d’identifier les meurtriers, pour qu’ils soient « traduits en justice le plus rapidement possible ».
« Lockman Slim est le martyr de la liberté d’opinion », a tweeté le chef des Forces libanaises Samir Geagea, dont la formation a appelé dans un communiqué, « les forces de sécurité à dévoiler les dessous de ce crime et déférer les criminels en justice ».
L’ancien député et chef du Rassemblement de Saydet el-Jabal, Farès Souheid, a estimé que l’assassinat du militant était « un message clair visant à museler » les opposants au Hezbollah.
De son côté, l’ancien Premier ministre Tammam Salam a estimé que « la politique au Liban s’accompagne toujours de diffamation et d’intimidation, d’arrestations et d’assassinats », des pratiques « qui ne changeront pas sans l’établissement d’un Etat fort, capable de protéger ses citoyens des complots internes et extérieurs ».
Le parti Sabaa, issu de la société civile, a pour sa part dénoncé le fait que « la traîtrise a encore une fois fait taire une voix libre, qui appelait à l’établissement d’un Etat de droit, libre, souverain et indépendant ».
Dans les milieux diplomatiques, les réactions dénonçant cet assassinat ont été nombreuses.
« Je suis extrêmement troublé par la perte tragique de Lokman Slim, un journaliste et activiste respecté, une voix courageuse, honnête et indépendante », a tweeté l’émissaire spécial de l’ONU en Libye, Jan Kubis, ancien coordinateur spécial de l’Organisme au Liban.
L’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo a pour sa part exprimé par écrit l’ »immense tristesse et préoccupation à la nouvelle de l’assassinat de Lokman Slim.
Le fils du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, Jawad, a affirmé sur son compte Twitter que « ce qui constitue une perte pour certains est un gain pour d’autres et une bénédiction inattendue ». Le message a toutefois rapidement été effacé, son auteur affirmant qu’il n’avait rien à voir avec M. Slim.