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Crédits bancaires : Regard des acteurs sur le financement des Petites et moyennes entreprises/industries


  1 Février      50        Economie (20953),

 

Lomé, 1er fev. (ATOP) – Les Petites et moyennes entreprises et industries (PME/PMI) constituent l’épine dorsale ou l’élément vital du processus de développement économique d’un pays. Elles représentent environ 90% des entreprises du continent africain et emploient près de 60% de sa main d’œuvre. Elles contribuent énormément à la création de la richesse, d’emplois et donc du bien-être des populations. La question du financement de ces entreprises dans les Etats africains est fondamentale. Les PME/PMI qui jouent un rôle important dans le développement d’un pays, font souvent face à de nombreux obstacles parmi lesquels l’accès aux financements. La part de crédits bancaires qui leur est allouée demeure encore faible pour leur permettre de jouer efficacement ce rôle. Le sujet a fait l’objet d’une Conférence internationale les 19 et 20 janvier à Lomé où des acteurs ont planché sur divers aspects du sujet.
Le financement désigne une gamme de pratiques et de mécanismes financiers visant à collecter des financements additionnels en faveur du développement et orientés vers l’atteinte des résultats. C’est aussi l’ensemble des modalités par lesquelles les agents économiques se procurent les fonds nécessaires à la réalisation de leurs activités.
Lors de cette rencontre à Lomé, d’éminents experts financiers, d’entrepreneurs de premier plan, d’avocats prestigieux et de hauts responsables politiques ainsi que des investisseurs, acteurs de développement et des jeunes entrepreneurs du Nigéria, du Libéria, du Rwanda, de la République Démocratique de Congo, de la République du Congo, de la Côte d’Ivoire et du Togo, ont réfléchi sur plusieurs aspects du financement des entreprises. Comment relever les défis de la facilitation de l’accès au financement des entreprises, favoriser les modes de financement des et sensibiliser les PME aux conditions préalables à la levée de fonds ?
Promotion des jeunes entrepreneurs
Financer une PME, « c’est contribuer à la création d’emplois pour nos populations, faciliter l’accès aux chaines de valeurs d’approvisionnement mondial pour nos entrepreneurs, et doter de jeunes entreprises de moyens nécessaires pour croitre afin de s’imposer tant au niveau national que régional dans les secteurs stratégiques telles que les infrastructures, l’agro-industrie et les technologies de l’information », a dit le ministre togolais de la Promotion de l’Investissement, Mme Kayi Mivedor. Pour elle, les banques, les fonds d’investissement, les institutions de micro finances doivent innover véritablement pour un accroissement du financement des PME/PMI et des entreprises locales dans les Etats africains.
Le directeur général du cabinet TI Consulting et Ayeva & Associés, Me Afzal-Amir Ayeva a, quant à lui, fait observer que pour véritablement financer les entreprises, il faut avoir d’investissements locaux qui permettront de renforcer les fonds propres des entreprises. Il a insisté sur la définition des pistes de partenariats entre les fonds d’investissements internationaux et les Etats africains pour doter les économies de véhicules d’investissement qui permettent de renforcer les caisses des entreprises. Mais alors, l’accès aux crédits bancaires n’est-il pas facile pour les entreprises formelles ?
De l’informel au formel des entreprises
Au Togo comme ailleurs dans la sous-région, l’informel représente 85 à 90% de l’activité économique et génère des centaines de milliers d’emplois, souvent précaires. « Les préoccupations nouvelles des décideurs politiques concernant les voies de transition vers l’économie formelle car l’économie informelle est marquée par de graves déficits de travail décent », avait dit la secrétaire d’Etat, chargée du secteur informe et de l’inclusion financière à l’ouverture des travaux d’un forum sous régional sur la transition vers l’économie formelle en octobre 2019 à Lomé. De cette approche, le directeur du bureau pays de l’OIT à Abidjan a renchéri, « l’économie informelle constitue un défi majeur pour le développement durable au point où la transition vers l’économie formelle est devenue progressivement une priorité pour un nombre croissant de pays en Afrique ».
Le marché informel au Togo représente entre 20 et 30% du Produit intérieur brut (PIB), selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) cité par le président du Conseil national du patronat du Togo (CNP-Togo), Laurent Coami Tamegnon. « L’informel regorge beaucoup d’argent. Il faut alors pouvoir ramener au formel tout le monde pour que chacun puisse tirer sa part. La dame qui se contente de vendre sa tomate, peut en rentrant dans le formel, avoir son usine de fabrication de tomate en boite. Les grandes fortunes du monde sont souvent passées de simple chose pour arriver aujourd’hui là où elles sont. Nous avions choisi d’aider les femmes en initiant un projet avec le PNUD. Ce projet consiste à donner des subventions à certaines femmes afin de les ramener au formel ».
Quant au PDG de la société REP-R International, Mbola Botch, aujourd’hui, il y a plusieurs jeunes qui éprouvent trop de difficultés à rentrer dans le circuit formel. Il faut, a-t-il poursuivi, passer par un système de clarification et d’explication pour donner des ressources humaines et matérielles notamment l’accompagnement à ces jeunes. « On peut proposer ce mécanisme aux mécaniciens par exemple et un accompagnement permanent dans les démarches administratives jusqu’à ce qu’ils arrivent à la formalisation où ils puissent prendre leur liberté dans le formel pour la suite de leurs activités », estime M. Mbola. Deux secteurs importants non négligeables dans le financement des projets.
La santé et l’éducation, deux secteurs capitaux
La santé et l’éducation nécessitent d’importantes ressources financières. Négliger ces secteurs peut s’avérer désastreux, en particulier dans les pays en développement. Le sous-investissement chronique dans l’éducation primaire par exemple, est l’une des raisons de la dégradation de la situation sécuritaire dans nombre de pays africains. L’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les systèmes de santé du monde entier illustre également le danger qui résulte d’un manque d’investissement dans ce secteur.
Le budget que les pays développés mettent dans le financement de la santé est énorme. En Afrique, la déclaration des chefs de Gouvernements en 2000 à Abuja au Nigéria, prévoyait à ce que chaque pays mette au moins 15% de son budget dans le système de santé. « Aujourd’hui, c’est à peine qu’on tourne autour de 10% pour les Etats les plus performants », regrette l’analyste, expert des secteurs sociaux et président directeur général de la société ‘’Groupana’’, Jean-Paul Ekuhoho. Il pense que la solution réside dans le partenariat public privé. « C’est la seule voie de sortir pour nos Etats d’avoir un système de soin et d’éducation performent ». Pourquoi, dit-il, parce que les privés chercher la performance dans toute activité. « Nous savons que l’un des défis que nos systèmes de santé ou d’éducation rencontrent c’est la performance du service rendu. Je suis très triste souvent de constater que chaque année pour ce qui concerne le Togo, le budget de l’Etat dans les secteurs sociaux, augmente. Dans le budget de la loi de finances exercice 2023, 49% de ce budget sont consacrés aux secteurs sociaux. Mais le grand défi, c’est ce qui est fait de cet argent », a-t-souligné.
Pour sa part, Me Afzal-Amir a fait observer que dans un partenariat public privé, chaque acteur doit jouer sa partition. « Les responsables d’entreprises doivent savoir qu’ils ne peuvent rien s’il n’y a pas les banques qui, doivent aussi comprendre le jeu. Et si l’Etat n’accepte pas de partager les risques, je ne peux pas faire grandes choses. Nous devons bâtir des secteurs ou des écosystèmes dans lesquels chaque acteur maitrise son domaine et son rôle pour pouvoir avancer », a-t-il expliqué.
Agriculture, facteurs explicatifs du faible financement
L’agriculture reste sous-financée par rapport à sa contribution à la richesse nationale. Elle représente plus de 40% du PIB togolais et occupe près de 65% de sa population active. Le secteur agricole est financé aujourd’hui à moins de -2% selon le directeur général d’Eco Bank Togo, Soulemane Touré. Il soutient dans le pays, il y a très peu de vrais entrepreneurs agricoles, que la plus part des ingénieurs ne sont pas suffisamment impliqué dans l’exécution des projets et qu’il y a aussi une inadéquation des formations des promoteurs agricoles. Le DG d’Eco Bank estime que la faible bancarisation des acteurs dans le secteur financier soit un taux de bancarisation en dessous de 5% contre 18 à 25% de façon générale dans les autres secteurs, est une conséquence de la méconnaissance des opportunités de financement bancaire disponible. « La non maitrise également des rendements que ce soit la production ou la productivité par hectare ou par mètre carré ; les aléas climatiques environnementaux ; le manque de synergie entre les acteurs, notamment l’Etat, les groupements et agrégateurs, les partenaires financiers et les assureurs, justifient aussi ce faible taux », a dit M. Soulemane.
De son côté, le directeur général de Ora Bank, Guy Martial Awouna explique que lorsqu’une banque reçoit une demande de crédit, elle cherche à la comprendre et à connaître la contrepartie. La diversion des fonds, c’est-à-dire le détournement de l’objet destiné aux fonds, la pérennité de la culture ou du produit, l’énergie, la visite du terrain sont d’autres facteurs auxquels le financier regarde, a-t-il mentionné. « L’un des facteurs clé, c’est le débouché, c’est-à-dire les preneurs, et il faut vérifier si les infrastructures routières sont appropriées pour l’acheminement du produit vers les marchés », a précisé M Awouna.
Pour minimiser les risques et favoriser un accès facile aux financements des PME/PMI, il faudrait une complicité les acteurs du système financier et l’Etat afin de mieux accompagner les politiques publiques de développement pour que l’impact des investissements soit réellement ressenti. Il faudrait beaucoup éviter le traitement capitaliste (intérêt) des banques des dossiers liés surtout aux questions sociales comme la santé et l’éducation en acceptant partager les risques.

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