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Des ovins et bovins en quantité suffisante mais à des coûts « prohibitifs » pour la Tabaski 2022 (Reportage)


  6 Juillet      96        Religion (1310),

 

Abidjan, 06 juil 2022 (AIP)- A trois jours de la fête de la Tabaski, l’abattoir de Port-Bouët, comme les années précédentes, est largement fourni en bétail par des commerçants en attente de la clientèle mais cette disponibilité des bêtes se heurte à la hausse de leur coût, a constaté l’AIP.

Une variété d’ovins et de bovins à perte de vue

La disponibilité des bêtes est visible à partir du carrefour Akwaba et sur tout le prolongement de l’abattoir, rendant très difficile la circulation sur les voies menant à ce marché de bétail.

Selon le ministre des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, plus de 70.000 têtes d’ovins sont déjà disponibles pour la Tabaski 2022. S’y ajoutent 12.000 têtes de bovins. « A la date du 25 juin 2022, plus de 70.000 têtes d’ovins sur 125.000 têtes sont déjà dans le pays. D’ici demain ou après-demain, selon les prévisions, le pic sera atteint », a annoncé M. Touré, rassurant que tous les fidèles seront servis.

Le ministre-gouverneur du District autonome d’Abidjan, Robert Beugré Mambé, a promis qu’au regard des rythmes d’arrivée dans deux ou trois jours, la Côte d’Ivoire atteindra la totalité de ses besoins qui est de 120.000 à 125.000 têtes.

Toutefois, le président de la Coopérative des commerçants de bétail de la région des Lagunes, Toé Seydou, a relevé que comparativement aux années précédentes, le niveau d’approvisionnement est encore bas. Il explique que cette situation est due à l’insécurité avec la présence des djihadistes dans le nord du Burkina Faso et du Mali.

A l’en croire, 70 % des zones occupées par les terroristes à savoir le nord du Mali et du Burkina Faso sont les zones de bétails. Les commerçants qui essaient de se surpasser pour aller chercher les bétails sont soit dépouillés de leurs fonds de commerce, soit agressés voire tués et c’est déplorable. « Nous sommes obligés d’envoyer des pisteurs pour aller chercher le bétail dans ces zones », regrette-t-il, rassurant toutefois que les derniers chargements quitteront ces zones, le mercredi 06 juillet.

Malgré ce niveau d’approvisionnement, tout le site de l’abattoir et ses environs sont envahis par les bêtes. Les devantures des habitations du quartier Sicogi, face au centre commercial de l’abattoir, sont assaillies et colonisées par les bœufs et les béliers. Même, le chemin de fer n’est pas épargné par ces bêtes. Sur le site, exercent plusieurs vendeuses de nourriture notamment de l’attiéké, du riz, de la viande. On y trouve toutes sortes de commerces y compris des établissements de transfert d’argent, affluence oblige.

Les camions de convoyage des bêtes éprouvent d’innombrables difficultés pour stationner en raison du manque de places, occasionnant les embouteillages monstres qui obstruent les voies depuis le grand carrefour de Koumassi jusqu’à la commune portuaire et par la voie du port, au départ du carrefour Ancien Koumassi.

Au total, 912 enclos ont été dressés par les services du district d’Abidjan pour accueillir les bêtes pour la Tabaski 2022 prévue le samedi 9 juillet.

A ce jour, 3.500 commerçants de bétail sont déjà sur le site pour écouler leurs animaux. « La foire est un peu difficile. Il faut être dans la filière pour comprendre certaines choses. Par exemple, la plupart des personnes qui sont ici ne comprennent que leur langue du pays c’est-à-dire le Peuhl, le Moré et rarement le Malinké. Donc, nous mettons à la disposition de ces commerçants des jeunes pour les aider à vendre leurs marchandises », précise Toé Seydou.

Des prix jugés très élevés
Le président de la Coopérative des commerçants de bétail de la région des Lagunes, Toé Seydou

Le président de la Coopérative des commerçants de bétail de la région des Lagunes reconnaît que les prix sont élevés à cause de la hausse du coût des aliments depuis la crise entre la Russie et l’Ukraine et l’offre du marché. « Avec la crise en Ukraine, les aliments du bétail sont passés de 10.000 FCFA à 13.000 FCFA. Cela joue sur le prix des animaux. A la veille de la fête, les prix flambent également. Il y a l’offre du marché et la demande », relève Toé Seydou.

Sur place, les prix des moutons se négocient à partir de 100.000 FCFA. Certaines têtes coûtent 120.000, 150.000, 200.000, 300.000, 400.000 FCFA voire plus pour les plus belles races. « C’est selon la bourse de chacun. Les prix étaient abordables les premiers jours mais depuis le week-end dernier, ils ont flambé », a souligné M. Toé.

A en croire Kané Mamadou, un marchand exerçant en permanence sur le site, il faudrait, pour bénéficier des meilleurs prix, négocier directement avec les vendeurs car certains commerçants achètent les bêtes pour les revendre sur le même site. Aussi, les prix des béliers chez ces revendeurs s’avèrent-ils plus élevés.

Il recommande, par ailleurs, de procéder à l’achat de son mouton de sacrifice plusieurs jours avant la fête pour bénéficier des plus belles bêtes aux meilleurs prix. « Si vous attendez les derniers jours, comme certains qui viennent la veille de la fête, non seulement les commerçants augmentent les prix mais en plus vous n’aurez pas les bêtes de bonne qualité », avertit-il.

A ce propos, un autre commerçant, Sidibé Sékou, confie que certains clients achètent des moutons dès l’arrivée des premiers convois et les font garder par les commerçants pour les récupérer la veille où le jour même de la fête, évitant ainsi les désagréments dus à l’affluence des derniers jours.

Toutefois, les différents prix ne gagnent pas l’assentiment des clients qui s’en plaignent. « Les prix sont en hausse cette année. Au lieu de transporter les bêtes après la fête pour les répartir, les commerçants gagneraient à les vendre à des prix abordables », préconise un cadre de l’Administration ivoirienne, Touré Oumar.

Losseni Fofana affirme avoir parcouru de fond en comble le parc de l’abattoir et discuté âprement avec des vendeurs pour finalement avoir un bélier qui lui convient à 210. 000 FCFA.

Face aux prix élevés, plusieurs fidèles musulmans préfèrent s’associer pour payer un bœuf à 350.000 ou 400.000 FCFA. « Nous venons de Koumassi. Vous voyez dans le véhicule, il y a cinq bœufs. Ce sont des familles qui se sont associées à deux ou trois pour payer un bœuf. Non seulement la viande est abondante et tu fais des économies », indique Ben Konaté, conducteur de camion.

Les bouchers chevillards mobilisés
Le président de la Coopérative des bouchers chevillards et auxiliaires d’Abidjan, Zoungrana Rasmane.

D’autres fidèles préfèrent s’approvisionner chez les bouchers détaillants. A ce niveau, le président de la coopérative des bouchers chevillards et auxiliaires d’Abidjan, Zoungrana Rasmane, précise que toutes les dispositions sont prises pour le ravitaillement du marché en viande.

« Chaque année, les bouchers chevillards dont nous avons la charge font de l’embauche pour qu’en cas de manque, des dispositions rapides soient prises pour le ravitaillement du marché en viande. Notre objectif premier est d’assurer l’approvisionnement de la ville d’Abidjan en viande », assure-t-il.

Il prévient que compte tenu de la forte demande, parfois, la maîtrise des prix reste quasi impossible, précisant que beaucoup d’efforts sont faits pour maintenir le cap. M. Zoungrana souligne également qu’en pareille situation, le marché est approvisionné en moutons de Tabaski et non en moutons de boucherie, ce qui fait observer une différence de prix.

« Les moutons que nous mettons habituellement à la disposition de la clientèle sont des moutons de boucherie. Et pendant la période de fête, nous n’en avons pas. Ceux qui viennent sont les moutons de Tabaski, c’est-à-dire de gros béliers. Il ne faut pas confondre ces deux types de bêtes. C’est ce qui justifie souvent une augmentation », précise le boucher chevillard.

La sécurité renforcée

Sur place, plusieurs éléments de la police nationale veillent au grain. Certains font des patrouilles à pied pour assurer la sécurité des sites de commercialisation et pour désengorger les voies d’accès à l’abattoir de Port-Bouët. Des courses-poursuites entre les forces de l’ordre et des agresseurs sont régulièrement observées sur le site.

Entre 15 et 17 milliards de Francs CFA de transaction sont effectuées chaque année lors de la fête de la Tabaski. En plus de l’abattoir de Port-Bouët, d’autres parcs à bétail ont été ouverts à Attécoubé, Yopougon, Abobo et Treichville.

La Tabaski ou Aïd-el-Kebir commémore la soumission à Dieu du Prophète Ibrahim qui était alors prêt à sacrifier son fils unique, Ismaël, sur son ordre. Chaque musulman ayant les moyens doit immoler une bête, notamment un bélier sain, pendant cette fête pour perpétuer cet acte d’Ibrahim. Cette grande fête musulmane est célébrée le 10e de Dhul-Hijjah, le 12e mois du calendrier lunaire hégirien.

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