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Deux ans après les inondations dévastatrices de 2020, les riziculteurs de Niamey portent encore les séquelles d’une année noire


  21 Décembre      44        Agriculture (4122),

 

Niamey, 21 déc. (ANP) – Deux après les inondations de septembre 2020 qui avaient englouti la quasi-totalité des champs de riz situés sur des aménagements hydro-agricoles (AHA) au bord du fleuve Niger, les producteurs peinent à se relever.
La destruction de ces champs de riz par les inondations continue à affecter négativement et durablement les victimes, en dépit du soutien de l’Etat et de ses partenaires, à travers notamment la stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR), qui vise à créer une autonomisation en riz pour le pays entre 2021 et 2023.

«Nous avons enregistré quelque 3742 hectares inondés. 15814 chefs d’exploitation ont été sinistrés, plus de 200 tonnes de semences perdues», renseigne le Secrétaire Général de la Fédération de l’Union des Coopératives Rizicoles du Niger (FUCOPRI), M. Mahamadou Adamou.

«En ce qui concerne les investissements des producteurs, c’est-à-dire les opérations de labour, de repiquage et de désherbage, ce sont plus de 753 millions F CFA qui ont été engloutis par les eaux. Sur les dépenses des coopératives, c’est-à-dire les factures d’électricité, des semences et de réparation des pompes, nous déplorons des pertes qui s’élèvent à 462 millions F CFA, alors que les pertes en engrais se chiffrent à 611.948.000 francs CFA», soit au total quelque 1.827.000.000 francs CFA de pertes, informe la même source.

Avec un rendement minimum de 6 tonnes par hectare, la perte en production s’élève à 22454 tonnes de riz paddy, soit l’équivalent de 4.154.000.000 F CFA, apprend-t-on.

Ces inondations que les spécialistes attribuent au changement climatique ont détruit à Niamey, environ 3742 hectares de production rizicole, soit plus de 753 millions de francs CFA d’investissement perdus, selon une évaluation de la Fédération de l’Union des Coopératives Rizicoles du Niger (FUCOPRI).

«Le phénomène de changement climatique et l’ensablement des cours d’eaux sont à l’origine des inondations constatées ces dernières années dans beaucoup de pays au Sahel», a expliqué, le 11 septembre 2020, Issoufou Ousmane Boukary hydrologue à l’institut de recherche pour le développement (IRD) de Niamey, cité par le Studio Kalangou.

L’année 2020 reste gravée comme une année noire dans la mémoire des producteurs rizicoles de Niamey. Les fortes précipitations enregistrées le samedi 5 septembre ont provoqué des inondations ayant submergé les rizières et englouti les maisons dans les quartiers riverains du fleuve Niger, comme Lamordé, karadjé, Zarmagandey ou encore Kirkissoye après que la digue de protection les séparant du fleuve ait cédé. Les dégâts causés, particulièrement sur la culture du riz, sont énormes.

Moussa Bana, producteur sur l’aménagement hydro-agricole de Kirkissoye n’a pas encore oublié l’amertume de ce drame.

«J’étais doublement touché. Ma maison, au quartier Saga, était totalement inondée, de même tous mes deux champ ici à Kirkissoye», a-t-il déploré.

Moussa, note-t-on, possède deux (2) champs qu’il exploite. Le plus grand fait 0,21 hectare de superficie et le second champ mesure 0,17 hectare. Avec les deux (2) terrains, il produit habituellement environ trente-cinq (35) sacs de riz paddy (riz non décortiqué). Mais en 2020, tous les champs ont été détruits par l’eau.

«Je n’avais rien produit. L’eau avait tout détruit», se souvient encore le riziculteur.

En plus d’être producteur de riz, Moussa Bana est en même temps magasinier à la société RINI (Riz du Niger) qui intervient dans la transformation du Riz. C’est ce second emploi qui l’a sauvé de la galère, dit-il, quand il a perdu toute sa production en 2020.

Mais contrairement à lui, la plupart des producteurs sont des paysans et n’ont pas de revenus alternatifs.

«Ils ne vivent que de l’agriculture. Ils avaient eu beaucoup de problèmes à la suite des inondations, car c’est avec leur riz qu’ils vivent», témoigne Moussa Bana.

Tout comme Moussa, Ganda, un autre producteur de riz au bord du fleuve, avait lui aussi tout perdu.

En effet, Ganda exploite 3 champs dont le cumul est d’environ 1 hectare. Avec ces champs, sa récolte varie généralement de quarante (40) à cinquante (50) sacs de riz paddy.

Mais en 2020, toute sa culture a été anéantie par les inondations, et c’était catastrophique pour lui.

«A la suite de la destruction de mes champs par les inondations, j’avais rencontré de sérieux problèmes économiques», a fait savoir le paysan, qui ajoute «toute ma vie dépend de mes récoltes. C’est avec ça que je nourris ma famille, c’est aussi avec le revenu de la vente d’une partie que je paie les soins médicaux de la famille, j’achète les habits et assure tous les autres besoins de la famille».

«Quand la récolte est bonne, j’arrive à économiser un peu d’argent après la vente, mais en 2020, je n’avais même eu de quoi nourrir ma famille, à plus forte raison de vendre une partie et d’économiser quoi que ce soit», regrette-t-il.

L’Etat au chevet de producteurs

Au regard de l’ampleur des dégâts causés par ces inondations, le Secrétaire général de la FUOPRI avait lancé un appel auprès de l’Etat et ses partenaires pour «venir en aide à ces riziculteurs ayant déjà tout perdu et qui sont devenus des sans-abris sans aucune autre source de revenu».

Cet appel semble avoir été entendu, car dès lors plusieurs actions ont été entreprises par l’Etat du Niger et ses partenaires. Ces interventions, a-t-on constaté, interviennent dans le cadre de la stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR).

«Plusieurs actions et initiatives sont en cours», informe la Directrice de la Promotion des Chaines de Valeurs Agricoles au Ministère de l’agriculture, Mme Amina Abass

Au titre de ces mesures, elle cite l’appui à la structuration des acteurs de la filière riz par la mise en place d’une Interprofession de la filière riz au Niger, la mise en place de la task force riz au sein du Ministère de l’Agriculture ou encore la subvention d’engrais en appui aux petits producteurs pendant la campagne agricole 2022 qui vient de s’écouler.

Elle a aussi fait cas de l’élaboration de plusieurs documents de projets en recherche de financement, la promotion du riz du basfond et plusieurs sessions de formation des groupements des producteurs sur le paquet technologique.

La responsable du ministère de l’agriculture note que «dans le cadre du Programme de développement des chaines de valeurs du Riz au Niger (RRVCD/P) il y a en cours d’acquisition de 80 moissonneuses batteuses, 70 motoculteurs, la construction de 5 mini rizeries, 10 magasins de stockage de riz, la mise en place d’une ligne de crédit de 1,5 milliard et d’un fonds de garantie de 1milliard pour faciliter l’accès au financement des acteurs de la chaine de valeur».

A cela, le Directeur général de l’Office National des Aménagements Hydro-Agricoles (ONAHA) M. Mahaman Adamou ajoute la construction de plusieurs infrastructures.

«Pour les infrastructures, il y’a des digues qui ont été touchées, heureusement que pour Niamey, il y’a eu un appui du PGRC-DU. Donc on a fait un rehaussement de la digue de Lamordé, de Saguia ainsi que de Saga. On a pu ainsi protéger et les habitations et les aménagements dans la région de Niamey», souligne-t-il.

La SNDR, un Niger autonome et exportateur en Riz

Les initiatives de secours et de soutien aux producteurs par les autorités s’inscrivent dans le cadre de la stratégie nationale de développement du riz (SNDR), qui vise à créer une autosuffisance en riz du Niger entre 2021 et 2025, mais aussi de faire du pays un exportateur du riz (NDR), mais aussi de faire du pays un exportateur du riz, grâce au surplus de la production réalisé entre 2026 et 2030

Pour garantir cette autosuffisance en riz au Niger entre 2021 et 2025, la stratégie ambitionne de consolider les acquis en matière de production par l’appui de la production du riz local sur 198 507 ha (soit 41% en production irriguée et 59 % en production hors irriguée).

Concrètement, elle ambitionne de produire 886.056 tonnes de riz paddy en 2025, soit un équivalent en riz blanc de 575. 936 tonnes.

Estimant que les besoins à la même date seront de 569.611 tonnes, la stratégie prévoie un surplus de 6.326 tonnes.

De 2026 à 2030, la stratégie nationale de développement de la riziculture veut mettre en œuvre plus de 252. 507 ha (soit 33% en culture irriguée et 67% en culture sous pluies).

La stratégie projette que la production du riz atteindra près de 1.458.059 tonnes de paddy en 2030, soit 947. 738 tonnes de riz net, alors que le besoin est estimé à 689.693 tonnes. Cela correspond à une production supplémentaire de 258. 045 tonnes de riz blanc.

Selon l’ONAHA, cette augmentation en riz local permettra d’améliorer la contribution du secteur agricole au produit national brut (PNB).

Si la stratégie atteint ses objectifs, «Le pays enregistrera alors une amélioration significative de sa balance de paiement et une économie importante de devises», rapporte un communiqué de l’ONAHA.

En attendant que cette vision se réalise, le Niger injecte chaque année, au moins 150 milliards de francs CFA pour l’importation du riz.

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