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Famara Ibrahima Sagna, un pont au-dessus des contingences politiques


  28 Février      26        Société (45064),

 

Marsassoum, 28 fév (APS) – La décision de donner le nom de l’ancien ministre Famara Ibrahima Sagna au pont de Marsassoum est un choix qui s’impose de par l’ambition de désenclavement symbolisée par cet ouvrage, rapportée à l’image de la personnalité de son parrain, dont l’ancrage dans ces terres traditionnelles du Pakao n’a contrarié en rien son ouverture au monde.

Famara Ibrahima Sagna incarne comme peu de gens le cosmopolitisme et le consensus à la sénégalaise, un profil qui fait de lui ces dernières années l’homme des missions impossibles, surtout quand il s’agit d’accorder des acteurs politiques sénégalais souvent peu enclins à se retrouver entre eux.

‘’Il n’est pas dans les calculs politiciens’’, dit de lui son ami d’enfance Boubacar Tamba, enseignant à la retraite et notable à Marsassoum.

Les yeux se sont tournés vers lui quand il s’est agi de trouver quelqu’un pour piloter le dialogue national initié par le président Macky Sall pour décrisper les relations entre les acteurs politiques et leur permettre de trouver un minimum de consensus sur des questions d’intérêt partagé.

C’est que le parrain du pont de Marsassoum est réputé être un commis hors pair de l’Etat, un leader qui a le sens de l’écoute, une qualité essentielle dans la conduite des affaires publiques.

D’avoir fréquenté les plus hautes sphères de l’administration sénégalaise avant de servir plusieurs fois comme ministre font que Sagna a toujours su passer par-dessus les soubresauts politiques.

Sans doute qu’il a été aidé, et même préparé par le cosmopolisme dans lequel le jeune Famara a baigné pendant sa jeunesse, sur les rives du Soungroungrou, dans une Casamance réputée pour son ouverture et sa tolérance.

Il est né à Ziguinchor en 1938, mais ses parents sont originaires de Bémet Baghangha, un village de l’arrondissement de Marsassoum.

‘’Son grand-père est enterré à trois kilomètres de Marsassoum. Le père de Famara Ibrahima Sagna a quitté le village de Bémet Baghangha pour aller s’installer à Ziguinchor où Famara a vu le jour’’, a confié à l’APS Boubacar Tamba, son ami d’enfance.

Le parrain du port de Marsassoum est un arrière-petit-fils de Bourin Sagna, chef traditionnel à Sédhiou et cosignataire, avec d’autres chefs de l’époque, du Traité de Sédhiou du 19 janvier 1873.

Plusieurs fois ministre et ancien président du Conseil économique et social – devenu plusieurs années plus tard Conseil économique, social et environnemental, Famara Ibrahima Sagna a déjà donné son nom à une cité de Ziguinchor, la grande capitale méridionale du Sénégal.

Preuve qu’il n’est pas un homme de consensus pour rien, si l’on connait la rivalité entre Ziguinchor et Sédhiou, capitale de la Casamance avant l’heure et qui a toujours un peu souffert d’avoir été délesté de ce statut.

Juriste de formation et administrateur civil par la force des choses, avant de devenir analyste financier après une formation post-universitaire en France et aux Etats-Unis, Famara Ibrahima Sagna fait l’unanimité au sein d’une classe politique où il est présenté comme ‘’un homme d’équilibre, de grande rigueur et d’expérience’’.

Le natif de Ziguinchor a fait ses études primaires dans la capitale du sud du pays avant de poursuivre son cursus secondaire et supérieur à Dakar et Paris. Ancien élève de l’Institut des Hautes études d’outre-mer de Paris, Famara Ibrahima Sagna a reçu une formation de juriste.

Une carrière débutée en 1962, à la direction des Affaires politiques et administratives du ministère de l’Intérieur, sous Valdiodio Ndiaye, lui a permis de s’aguerrir, à différents postes au sein dudit ministère, jusqu’à devenir le premier Sénégalais directeur de la Protection civile en 1963.

Il rejoint ensuite le ministère de l’Enseignement technique, professionnel et de la formation des Cadres et devient directeur de cabinet sous les ordres d’Emile Badiane, autre figure parmi les plus emblématiques de la Casamance.

M. Sagna est ensuite affecté au ministère des Finances que dirigeait Jean Collin comme adjoint au directeur du Mouvement général des Fonds. Il était alors très bien préparé pour une carrière ministérielle.

Aussi a-t-il été successivement ministre du Développement rural, du Développement industriel et de l’Artisanat, de l’Intérieur, puis ministre de l’Economie, des Finances et du Plan et de l’Intégration africaine.

Le 2 juin 1993, il est porté à la tête du Conseil économique et social et devient du coup la quatrième personnalité de l’Etat.

Une preuve parmi d’autres de l’exemplarité que s’impose Famara Ibrahima Sagna : devenu ministre de l’Intérieur en 1990, il démissionne du Parti socialiste (PS), alors au pouvoir, ‘’pour tenir la balance égale entre toutes les formations politiques du pays’’.

Famara Ibrahima Sagna est aussi l’artisan du rapprochement entre le président Abdou Diouf et son plus célèbre opposant, Abdoulaye Wade. Il est à retenir que la médiation qu’il a conduite entre les deux hommes a débouché sur la mise en place d’un gouvernement de majorité présidentielle élargie en 1991.

Cerise sur le gâteau d’une vie politique marquée par une farouche adversité à cette époque, ce rapprochement du pouvoir avec l’opposition va déboucher, dans le cadre de concertations dirigées par le juge feu Kéba Mbaye, par l’élaboration d’un code électoral consensuel.

Ce diplômé du Centre d’études financières, économiques et bancaires de Paris et de l’Institut du Fonds monétaire international (FMI), compte assurément plusieurs cordes à son arc, lesquelles lui ont valu de présider, par exemple, aux destinées de la Société nationale de garanties et d’assistance (SONAGA).

De même a-t-il été directeur général de la Banque nationale pour le développement du Sénégal, sans compter ses fonctions d’administrateur de la Zone franche industrielle de Dakar.

Une carrière pleine, signe d’une expertise reconnue au Sénégal et à l’international où il a servi comme conseiller auprès de la Délégation du Sénégal aux assemblées annuelles communes du FMI et de la Banque mondiale, gouverneur suppléant pour le Sénégal à la Banque islamique de développement, gouverneur pour le Sénégal cumulativement auprès du FMI et du groupe de la Banque mondiale.

Le natif de Ziguinchor a par ailleurs présidé le conseil des gouverneurs de la BAD et celui des gouverneurs du Fonds africain de développement (FAD), sans oublier qu’il a présidé l’Union des conseils économiques et sociaux et instituts similaires d’Afrique.

Au nombre des distinctions qu’il a reçues, figurent le Grand-Croix de l’Ordre national du Lion, le Grand Officier de la Légion d’honneur (France), le Knight Commander of the Royal Victoria Order (Grande-Bretagne) et celle de Commandeur de l’Ordre national de Côte-d’Ivoire.

L’auteur de ‘’Mémoires d’un électron libre témoin de l’histoire du Sénégal de 1962 à 2009’’, entre autres ouvrages à son actif, est ‘’un véritable patriote, un homme qui aime être au service des autres’’, comme le dit si bien un de ses proches.

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