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La demande d’amnistie fait débat au Sénégal et brouille les pistes quant au 3-ème mandat en 2024


  6 Octobre      29        Politique (25161),

 

Dakar, 06/10/2022 (MAP)-La demande soudaine adressée, la semaine dernière, par le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, à son ministre de la justice, Garde des Sceaux, en vue d’examiner un plan d’amnistie qui pourrait permettre à deux de ses plus grands opposants condamnés pour corruption, de recouvrer leur droit de vote, et de se présenter éventuellement à l’élection présidentielle en 2024, a ouvert un grand débat dans le pays de la Teranga. L’arène politique ne bruit plus que de cette décision pourtant attendue depuis plusieurs mois, eu égard au contexte actuel.

 

Pour les analystes, cette demande du dirigeant sénégalais, bien qu’elle soit placée sous le signe de « l’ouverture politique », est « tout sauf un fait anodin ».

 

En effet, l’initiative de mettre sur la table une amnistie est vue comme une manœuvre pour « fracturer une opposition revigorée » en vue de la présidentielle de 2024, estiment-ils.

La décision conforte d’ailleurs ceux qui pensent que Macky Sall briguera un troisième mandat en 2024, bien que ce dernier, élu en 2012 et réélu en 2019, maintienne toujours le flou sur une éventuelle candidature à ce scrutin.

Lors d’une réunion du Conseil des ministres tenue le 28 septembre, le président Macky Sall a chargé le ministre de la Justice « d’examiner, dès que possible, les possibilités et le schéma approprié d’amnistie pour les personnes qui ont perdu leur droit de vote ». Même si la décision ne donne aucune précision sur les personnes visées par cette initiative, la presse locale et les analystes évoquent les cas du fils de Abdoulaye Wade, Karim Wade, qui vit actuellement au Qatar, et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall.

L’objectif assigné selon les observateurs est d’apaiser les tensions politiques qui se sont réchauffées ces derniers mois et abouti à des élections législatives tendues le 31 juillet et à des échauffourées au sein de la nouvelle Assemblée nationale (parlement), qui ont terni l’image de ce pays de l’Afrique de l’Ouest.

Les analystes estiment toutefois que cette décision « pourrait être un stratagème pour diviser l’opposition  » avant l’élection présidentielle 2024 pour laquelle le principal opposant, Ousmane Sonko, a déjà annoncé sa candidature, après sa défaite au scrutin de 2019 devant Macky Sall .

Dans ce sens, l’analyste politique, Mame Less Camara, juge que le président Macky Sall « veut briser cette unité qui est dangereuse pour lui avant le prochain scrutin ». De l’avis de cet analyste, « trois partis concurrents seraient plus faciles à affronter qu’un seul bloc ».

 

Un autre analyste politique estime qu’avec l’éventualité du retour de Karim Wade et Khalifa Sall sur la scène politique, « l’hégémonie de Ousmane Sonko et de son parti Pastef sera nécessairement remise en cause ».

 

L’enseignant chercheur en Sciences politiques à l’Université Cheikh Anta Diop UCAD à Dakar, Jean Charles Biagui, souligne qu' »il est évident que l’amnistie est un outil de séduction et permet aujourd’hui de brouiller les pistes quant à un 3-ème mandat » .

Il estime dans des déclarations à des médias locaux que la décision du président sénégalais est « une stratégie politicienne qui vise à le faire revenir au coeur du jeu politique » après les défaites enregistrées aux élections locales du 23 janvier et aux législatives du 31 juillet dernier.

A rappeler que les deux personnalités les plus connues de l’opposition sénégalaise, l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, ont été emprisonnés pour corruption en 2018 et 2015 respectivement.

 

Karim Wade, 54 ans, fils, proche collaborateur et ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012), a été condamné en 2015 à six ans de prison ferme et à plus de 210 millions d’euros d’amende pour enrichissement illicite sous la présidence son père. Ecroué en 2013, il a bénéficié d’une grâce présidentielle et a été libéré en 2016. Les autorités l’ont empêché de se présenter à la présidentielle de 2019 à cause de sa condamnation.

Quant à Khalifa Sall, 66 ans, maire de Dakar depuis 2009, il a été reconnu coupable du détournement d’environ 2,5 millions d’euros des caisses municipales, et condamné en 2018 à cinq ans de prison.  Emprisonné en 2017, il a recouvré la liberté en 2019 à la faveur d’une grâce présidentielle. Mais la Cour constitutionnelle a auparavant rejeté sa candidature à la présidentielle en invoquant sa condamnation.

 

Pendant tout ce temps, Ousmane Sonko, 48 ans, qui a été élu maire de Ziguinchor (Casamance, sud) lors des joutes locales du 23 janvier 2022, occupe largement le terrain. Il est toutefois depuis 2021 sous le coup d’une inculpation pour viols présumés sur une femme.

 

Remettre en selle Khalifa Sall et Karim Wade permettrait à Macky Sall « d’en finir avec le face-à-face qu’Ousmane Sonko voudrait imposer », estime la presse locale, qui note qu’aux côtés de Karim Wade et Khalifa Sall, chacun maître d’un appareil politique bien rôdé et disposant de bases politiques fidèles, Ousmane Sonko redevient  » un simple opposant parmi d’autres » qui ne va pas créer un problème sérieux pour Macky Sall, 60 ans, en cas d’une possible candidature au scrutin de 2024.

 

L’analyste politique, Ibrahima Bakhoum, estime dans ce cadre qu’en prenant la décision de remettre Karim Wade et Khalifa Sall dans le jeu politique, à quinze mois de la prochaine élection présidentielle, Macky Sall, balloté lors des dernières élections par la coalition de l’opposition Yewwi-Wallu, « tente de son donner une marge ». Il souligne que devant la « montée solitaire » du leader de Yewwi Askan Wi (libérons le peuple), Ousmane Sonko , Macky Sall « se voit obligé de lui coller d’autres adversaires ».

Son collègue Abdou Khadr Sanokho abonde dans le même sens en soulignant que cette démarche du chef de l’Etat va permettre au président Macky Sall

d' »amenuiser les forces de l’opposition et de casser son unité ». Elle va aussi lui « éviter de ne pas se mettre dans une position de face à face avec simplement un leader politique », note cet expert, en relevant qu’avec cette initiative d’amnistie, Macky Sall « lance un os afin que tous ses trois leaders puissent se disputer le leadership de l’opposition ».

Alors que le débat bat son plein dans le pays sur cette question, Macky Sall continue de maintenir le flou et ne fait, dans ses sorties et ses déclarations publiques, aucune allusion à une éventuelle candidature, un débat qui d’ailleurs agite l’espace public depuis sa réélection en février 2019.

En décembre dernier, il avait répondu à des journalistes au sujet d’un éventuel troisième mandat par: « Ni oui, ni non ». « Si je dis que je ne serai pas candidat, les membres du gouvernement ne vont plus travailler, chacun va essayer de se positionner. Si je dis que je serai candidat, une vive polémique va s’ensuivre », avait rétorqué Macky Sall.

Les prochains mois vont éclaircir les choses  et mettre fin à toutes les spéculations.

Abdelkrim Kninah

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