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LA FORÊT CLASSÉE DE MBAO, UNE VOCATION HORTICOLE QUI MONTE


  12 Février      104        Agriculture (4122),

 

Dakar, 10 fév (APS) – La ville de Dakar, capitale-métropole ployant sous le poids de sa galopante démographie et défigurée par le béton, trouve un souffle nouveau par la forêt classée de Mbao, dont les activités horticoles et maraîchères suggèrent une vocation autre que celle qui en fait le poumon de la presqu’île dakaroise.

Les activités menées dans la forêt classée de Mbao attirent de plus en plus. Des Sénégalais, mais aussi des ressortissants d’autres pays y font le pari de l’agriculture urbaine pour améliorer leurs conditions de vie dans une ville réputée pour sa cherté.

C’est que la forêt classée de Mbao, d’une superficie de 722 hectares, offre des conditions idéales pour les activités horticoles et maraîchères, à l’image de la zone des Niayes, désignation de périmètres agricoles qui font s’interconnecter les régions de Dakar et Thiès (ouest).

La saison des pluies, redoutée pour les récurrentes inondations qu’elle provoque depuis quelques années à Dakar, marque au contraire le moment d’une félicité verdoyante pour la forêt classée de Mbao, dont le paysage pittoresque peine ensuite à maintenir sa superbe, avec la fin de la saison des pluies.

L’herbe haute se fane alors de plus en plus, sous l’influence du chaud soleil, mais c’est pour que le poumon de Dakar puisse mieux conserver davantage son cortège floristique varié, caractérisé par de nombreux anacardiers.

Un paysage fortement agressé par les nombreux projets d’infrastructures conduits par l’Etat dans la banlieue dakaroise, dont l’autoroute à péage, la ligne ferroviaire Dakar-Diamniadio du Train Express régional (TER).

La forêt classée de Mbao est d’autant plus transformée en périmètres maraîchers et horticoles prisés des passionnés d’agriculture urbaine, un aspect utilitaire qui donne davantage sens aux agressions qu’elle subit.

Une forte présence étrangère dans ce secteur

Le maraîchage y devient la principale activité pratiquée par des Sénégalais mais également des personnes de nationalité étrangère dont des Guinéens, certains s’occupant exclusivement du défrichage de ces périmètres.

Alassane, un saisonnier guinéen confirme que ses compatriotes investissent de plus en plus ce secteur. ‘’Ce sont eux qui exploitent le plus souvent ces périmètres’’, dit-il, houe à la main, en plein labeur.

Selon Alassane, de plus en plus de ressortissants guinéens sont employés dans ce secteur où certains sont payés à la tâche pour défricher les surfaces horticoles et maraîchères de ceux qui les engagent.

La grande présence des ressortissants guinéens dans ce secteur laisse penser que cette activité est pratiquée à la marge par des ruraux ou des étrangers cherchant à s’intégrer à une vie urbaine pas toujours facile, mais dont il faut saisir les moindres opportunités.

D’autant plus que le processus par lequel ces maraîchers sont engagés semble être des plus faciles. Il leur suffit juste de remplir une fiche qu’un comité de vigilance est appelé à examiner, de concert avec le service des eaux et forêts, a-t-on appris d’un service de contrôle.

Ces périmètres ne sont surtout pas loués aux usagers qui ne s’acquittent d’aucune contrepartie, mais il leur est formellement interdit de couper ou de brûler des arbres, explique le service de contrôle en question.

Une activité qui ne nourrit pas toujours son homme

Ils sont au pire des cas appelés à s’accommoder des inconvénients du trafic incessant de voitures sur l’autoroute à péage toute proche.
Presque un détail en comparaison de la paix se dégageant des ces lieux dont le charme incite à fusionner avec la nature, une intimité perceptible dans le silence de la forêt ou le gazouillement des oiseaux, privilège suprême dans une ville qui perd la tête à s’entêter dans le béton et le vacarme quotidien.

Dans cette symphonie propre à la nature, dans laquelle Cheikh Fall baigne au quotidien, au chevet de son jardin botanique dont il s’occupe avec grand soin.

Ce quinquagénaire exerce cette activité depuis plus de trente ans, s’employant à faire vivre son espace agricole entouré de palissades et comportant un périmètre maraîcher dont les limites sont soutenues par des tissus de vieilles moustiquaires imprégnées.

Dans son espace boisé, différentes variétés sont cultivées : feuilles de menthe, bananiers, citronniers, papayers, des melons et des navets. Il entretient des orangers et des plants de grenadiers. Cheikh Fall a également aménagé un bassin pour l’arrosage de ses plantes.

Gorgui, comme le surnomment ses voisins, semble quelque peu désabusé, ses nombreuses années de pratique l’amenant à être très sceptique pour l’avenir de cette activité.

L’horticulture, dit-il, ne nourrit plus son homme, car ‘’la politique agricole de l’Etat a échoué’’ et ces terres ne sont plus propices à ce type d’agriculture, déplore Cheikh Fall.

Sans compter les effets du Covid-19 qui, selon lui, a fortement réduit leurs activités. ‘’On arrose nos plants avec des motopompes fonctionnant à l’essence. On peine même quelquefois à avoir de quoi acheter du carburant pour faire fonctionner la machine, tellement le Covid-19 a eu un impact sur notre travail’’, témoigne-t-il.

Cheikh Fall désigne un arbre d’au moins un mètre et ajoute, quelque peu fataliste : ‘’Il a fallu sept mois pour que cet arbre porte ses premiers fruits.’’

Certains s’en sortent tant bien que mal

Le couvre-feu instauré dans le cadre de la lutte contre la maladie à coronavirus ‘’a freiné l’écoulement de notre production, les femmes revendeuses achètent moins’’, confirme Samba Kanté, un ressortissant guinéen s’adonnant à la même activité.

Une dizaine de plants de salades bien entretenues offre une belle vue de l’extérieur du champ de ce maraîcher qui pratique l’horticulture depuis onze ans.

Son périmètre maraîcher, situé à proximité de l’autoroute à péage, sur le versant qui ouvre la voie sur Keur Massar, se perd au bout d’un chemin parsemé d’ordures et de nombreux petits puits servant à recueillir de l’eau depuis une nappe qui affleure presque à la surface.

Samba Kanté cultive diverses variétés horticoles (tomate, oignon et piment) et vend aussi des plants de feuilles de menthe à 20.000 francs CFA l’unité, le prix d’un plant de salade variant entre 8.000 et 10.000 francs CFA.

Il ne semble pas partager le pessimisme de Cheikh Fall, même en comptant avec les effets du Covid-19. ‘’J’ai déjà encaissé 15.000 francs CFA. La vente de bouquets de menthe me rapporte beaucoup’’, se réjouit Samba Kanté, qui affirme gagner jusqu’à 200.000 francs CFA par mois avec ses plans de salade. ‘’C’est grâce à cette activité que j’entretiens ma famille sans l’aide de qui que ce soit’’, dit le maraîcher, tout fier.

Il affirme que le mois correspondant à la période du jeûne musulman fait beaucoup fructifier ses activités, le ressortissant guinéen assurant avoir gagné l’année dernière ‘’entre 400.0000 et 600.000 francs CFA’’, si l’on sait que la tonne d’oignon par exemple peut être vendue ‘’à 200.000, voire 250.000 francs’’.

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