Johannesburg, 20/02/2023 -(MAP)- Avec 7.555 meurtres et plus de 12.000 viols enregistrés durant le 4ème trimestre 2022, l’Afrique du Sud semble être en guerre contre elle-même.
Le ministre de la Police, Bheki Cele, a brossé la semaine dernière un tableau sombre de la situation de la criminalité dans le pays durant le dernier trimestre de 2022, les meurtres et les viols ayant monté en flèche de 10 % par rapport à la même période de 2021.
Les crimes violents qui affligent l’Afrique du Sud ne montrent ainsi aucun signe de ralentissement. Les tentatives de meurtre ont augmenté de 24,3 %, les vols qualifiés de droit commun de 21,2 % et les vols avec circonstances aggravantes de 10,8 %, des chiffres qui donnent froid au dos.
Et pour cause, la prolifération des armes illégales qui constituent une menace sérieuse pour les vies et les moyens de subsistance des citoyens, sachant que sur l’ensemble des meurtres, plus de 3.000 ont été commis avec des armes à feu.
Concernant le fléau de la violence à l’égard des femmes, les statistiques officielles font état d’une augmentation des fémicides de plus de 112 cas par rapport au 3ème trimestre. En général, 15.545 infractions sexuelles ont été signalées entre octobre et décembre 2022, contre 14.188 durant la même période de 2021, soit une hausse de 9,6 %, tandis que 12.419 plaintes pour viol ont été reçues au cours de ces trois mois.
Il est aussi alarmant de constater qu’un total de 5.935 viols ont eu lieu au domicile de l’auteur ou de la victime, souvent perpétrés par des membres de la famille, des amis ou des voisins.
Ces chiffres sur la criminalité ne donnent immanquablement pas une image positive du pays, avec une augmentation constatée dans toutes les catégories du crime. Une situation due à plusieurs facteurs, notamment les taux de chômage élevés, la pauvreté, la prolifération des bidonvilles, l’immigration illégale.
Face à l’aggravation de la criminalité dans le pays, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a reproché au gouvernement son laxisme, tout en remettant en question l’efficacité des services de police dans la lutte contre la criminalité.
Le député de la DA et porte-parole du portefeuille de la Police, Andrew Whitfield, a déclaré que la police a perdu la guerre contre le crime, principalement en raison d’une mauvaise formation, d’un manque de renseignements sécuritaires et de postes de police sous-financés à travers tout le pays.
Il a précisé que pour la première fois dans l’histoire du pays, les meurtres ont augmenté à plus de 80 par jour, alors que les viols ont atteint une moyenne de 135 par jour.
Côté gouvernement, le porte-parole de la Présidence n’a pas caché sa « profonde préoccupation » vis-à-vis de l’aggravation de la criminalité qui sape l’environnement socio-économique et limite la capacité du pays à créer des emplois.
Il a souligné, à cet égard, la nécessité de renforcer la capacité du Service de police sud-africain à combattre et à prévenir la criminalité, de déployer davantage de policiers dans les rues et de mettre en place des équipes spécialisées dans la lutte contre des crimes spécifiques
Décidément, l’heure est à l’action pour faire fléchir la courbe ascendante du crime dans le pays de Nelson Mandela. Cependant, dans un contexte marqué par une détérioration de tous les indicateurs socio-économiques, il semble que l’Afrique du Sud n’est pas prête à en découdre avec le fléau de la criminalité, consacrant ainsi sa réputation comme l’un des pays les plus dangereux au monde.
