Johannesburg, 23/11/2022 -(MAP)- L’Afrique du Sud éprouve encore d’énormes difficultés pour éviter d’être mise sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), a indiqué mercredi le ministre des Finances, Enoch Godongwana.
«L’inscription sur liste grise aurait un impact négatif sur les investissements et la capacité de l’Afrique du Sud à faire du commerce international», a déclaré Godongwana devant le Parlement.
Mardi, l’Assemblée nationale a examiné un projet de loi visant à lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, mais ce projet de loi n’a pas été soutenu par la majorité des partis d’opposition qui se sont plaints du fait qu’il était mal conçu et trop précipité.
Le ministre a expliqué que le projet de loi en question abordera 14 des 20 lacunes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, identifiées par le GAFI.
« Éviter une liste grise potentielle n’est pas la responsabilité d’un seul ministère ou gouvernement. C’est une responsabilité collective », a-t-il dit.
En réaction, Dion George, député de l’Alliance démocratique (DA-opposition), a déclaré que le projet de loi ne garantit pas que l’Afrique du Sud ne sera pas sur la liste grise. « Le problème fondamental réside dans la poursuite des auteurs des crimes financiers. Aucune législation ne peut remédier à la corruption systémique ou générer la volonté politique d’agir», a-t-il soutenu.
Pour sa part, Nazier Paulsen des Combattants pour la liberté économique (EFF), a évoqué le scandale de «Farmgate» dont lequel le Président sud-africain est impliqué, relevant que les millions de dollars en devise volés dans la ferme Phala Phala du Président font partie intégrante des flux financiers illicites.
Un rapport d’évaluation publié en octobre de l’année dernière par le Groupe d’action financière international a donné à l’Afrique du Sud une note défavorable et a présenté 40 recommandations et autres mesures qui permettraient au pays d’éviter la liste grise.
le Centre sud-africain de renseignement financier (FIC) avait auparavant souligné que le gouvernement sud-africain est peu susceptible d’adapter ses lois inadéquates en matière de blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et d’éviter à temps la liste grise du GAFI. «Il n’y a aucune possibilité de demander un délai supplémentaire ou des prolongations dans le cadre du processus entamé par le GAFI », a déclaré au Parlement le directeur exécutif du FIC, Pieter Smit, déplorant que le gouvernement accuse un grand retard dans la mise en place des réglementations appropriées.
Il a indiqué qu’à moins que les nouvelles lois sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ne soient déjà en vigueur à la date limite de février 2023, il est peu probable que l’Afrique du Sud évite d’être placée sur cette liste grise.
Les conséquences de cette dégradation seraient lourdes pour l’économie du pays, déjà embourbée dans un ralentissement économique qui dure depuis plusieurs années.