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Le « beau rêve » de Conrad Gbaguidi pour une réelle indépendance du Bénin


  12 Août      53        Société (45053),

 

Porto-Novo, 12 Août (ABP) – Le Bénin a célébré cette année, les soixante ans de son indépendance. Dans une analyse fondée sur le modèle de développement du Bénin depuis 1960 à nos jours, Conrad Gbaguidi, Béninois résidant en France, diplômé des sciences politiques a démontré que le Bénin n’est pas encore véritablement indépendant, avant de proposer des pistes permettant de concrétiser l’indépendance de notre pays.
« Nous avons vécu dans une forme d’instabilité institutionnelle qui met à rude épreuve la dimension économique, la dimension socioculturelle et la dimension politique », a commencé par clarifier Conrad Gbaguidi.

Le mimétisme, un frein pour exister en tant que nation
De 1960 jusqu’à la période des coups d’État, notre pays a végété dans une forme de mimétisme et d’apprentissage de l’administration française qui a rythmé notre quotidien. Cela a conduit naturellement aux déceptions qui ont engendré les différents coups d’État, notamment militaires. Pendant ce temps, il était difficile de construire un État-Nation disposant d’un périmètre, d’une identité, d’une monnaie, etc… C’est ce statut seul qui peut favoriser une réelle indépendance.

Nous n’existions plus véritablement par nos valeurs mais par l’effort de faire comme les autres.

Un tel peuple n’est pas indépendant selon le politologue Conrad Gbaguidi.

Dans une analyse faisant le cliché de la situation, ce membre de la diaspora soutient que le Bénin ne s’en est pas tiré pour autant, malgré l’option du renouveau démocratique faite a l’issue de l’historique Conférence nationale des forces vives. « Nous retournons à une phase d’apprentissage du modèle d’autrui, parce que l’essentiel des textes de ce nouveau cap a été écrit en France alors qu’il était destiné à être appliqué ici au Bénin » justifie Conrad Gbaguid.

Il définit et déplore le fait que « le Bénin parte sommes encore une fois sur un modèle français, un modèle expérimental de démocratie sans nous poser la question de savoir si cela peut nous convenir ». Un mode de gouvernance transposé sans que nous ayons visiblement interrogé nos repères culturels et notre histoire pour construire un modèle qui irait le mieux pour nos peuples. « Nous ne sommes pas indépendants », NON, ce n’est pas ce que les autres qualifient d’indépendance et pourquoi réduirions-nous nos aspirations ?

Nous ne nous sommes pas posé suffisamment les questions de fond, souligne M. Gbaguidi.

Une économie tributaire des habitudes copiées chez « le Blanc »

Si l’indépendance de la République du Bénin est discutable sur le plan politique, elle l’est encore un peu plus sur le plan économique pour Conrad Gbaguidi qui pointe d’un doigt accusateur l’instabilité économique de notre système économique.

Au lendemain de l’indépendance, le Blanc nous a laissé en partant, l’envie de lui ressembler sur tous les plans. Le lait que le berger livrait est abandonné au profit du lait importé. Si nous ne pouvons même pas produire nous-mêmes de quoi nous nourrir, nous ne sommes pas libres selon défend Conrad Gbaguidi.

Un autre exemple qu’il cite, c’est le fait que les tissus hollandais importés soient très prisés au Bénin et en Afrique alors que des Hollandais ignorent même où se situe l’usine de fabrication de cette marque de tissu sur laquelle ce pays s’enrichit grâce à l’Afrique. En Afrique les costumes coûtent plus chers que les habits tissés d’Afrique en Occident ; pourtant ils suscitent plus d’engouement auprès de nos populations.

Comment constituer notre économie si nous devons importer prioritairement ? S’est-il questionné, sur un modèle qui ne peut que nous appauvrir. Nous ne consommons pas suffisamment les produits locaux donc nous sommes dépendants des économies extérieures et nous enrichissons les autres.

Au vu de ces exemples, l’indépendance est loin d’être une réalité au Bénin, elle n’est qu’officielle selon Conrad Gbaguidi.

Nous n’avons pas réfléchi à un modèle économique qui permette à nos inventeurs et à beaucoup d’autres de nos acteurs économiques locaux de pouvoir vivre de ce qu’ils font. Nous fragilisons ainsi notre économie.

Notre culture toujours en lambeaux
Ce qui se passe sur les plans politique et économique est selon le spécialiste en sciences politiques, la conséquence directe de nos approximations dans la valorisation culturelle. Le peu de fierté que nous avons en notre culture entraîne le retard d’indépendance politique et économique du Bénin et du continent africain en général.
Si nos habitudes consistent à préférer les produits importés, si nos habitudes consistent à importer de modèle démocratique, c’est que nous ne savons pas encore qui nous sommes, argumente-t-il, avant de citer en exemple quelques cas de pays devenus véritablement indépendants à partir de leur fierté à l’identité culturelle.
« La Chine a un modèle qui marche quoiqu’on n’en dise pas que du bien. Le Sénégal a un modèle fondé en grande partie sur la fierté culturelle : la langue Wolof est un vecteur d’identité nationale. Il leur reste à avoir leur monnaie pour être solide entant qu’État-Nation », cite M. Gbaguidi pour se projeter sur ce qu’il pense être des approches de modèles qui assurent l’indépendance d’une Nation.
L’impératif de reconstituer les morceaux pour colmater les brèches d’une Nation indépendante
Nous devons commencer à parler une langue retenue comme langue nationale. Cela crée une identité, indique Conrad Gbaguidi.
Nos danses disparaissent au profit des danses importées, ceux qui ont amené l’église n’y vont plus mais on s’y attache nous autres au détriment du Vodoun dans lequel nous sommes nés. Il faut reconsidérer nos positions sur ces questions cruciales en faisant des options de développement culturel spécifiques et claires, propose Conrad Gbaguidi.
L’autre piste proposée par le politologue pour aller plus vite au développement au Bénin, c’est les recherches afin d’avoir nos propres inventions, des inventions utiles pour notre développement, et cohérentes avec nos valeurs. Ce faisant, nous aurions fait un pas de géant vers l’indépendance. Nous pouvons de là avoir notre propre monnaie, notre modèle de démocratie. Pour y parvenir, précise M. Gbaguidi, ce ne sera pas sans la base, les communes. Ça prend plus facilement quand ça part de la base suggère-t-il.
Si l’on s’accorde sur la logique que la diaspora est une des compétences du pays, il faut faire en sorte que chaque membre qui invente quelque chose en Occident, puisse partager le fruit de ses recherches avec les locaux, afin de les entraîner aussi. Les problèmes de manque, de compétences suffisantes au niveau national trouveraient des solutions par cette approche. Il faut créer et multiplier les opportunités de rencontres entre les pépites nationales et celles de la diaspora en vue de former un massif d’or pour le bonheur d’une Nation béninoise véritablement indépendante. C’est le beau rêve de Conrad Gbaguidi pour le Bénin.

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