Nairobi, 18/09/2020 (MAP), Le Kenya risque de sombrer dans une crise financière en raison de sa dette toujours croissante, a averti l’agence de notation mondiale Moody’s qui s’est dite « particulièrement préoccupée » par le paiement des intérêts qui ont consommé beaucoup de recettes fiscales de la première économie d’Afrique de l’Est au cours des cinq dernières années.
« Si le gouvernement n’arrive pas à inverser l’augmentation de la dette que nous prévoyons au cours de l’année prochaine et de restaurer sa solidité budgétaire, la vulnérabilité du secteur souverain face à l’évolution du sentiment des créanciers privés pourrait s’intensifier et sa capacité à absorber les chocs futurs sera diminuée », souligne Moody’s dans un rapport relayé vendredi par les médias locaux.
Pour l’Agence de notation, l’incapacité du gouvernement kényan à apprivoiser l’appétit de la dette rendra difficile pour le pays d’absorber les chocs résultant des changements de confiance des prêteurs privés.
L’agence explique, à ce propos, que l’encours de la dette publique à court terme – les bons du Trésor – restait élevé à 8,7% du produit intérieur brut (PIB) à la fin de juin 2020, «ce qui rend le souverain vulnérable au sentiment du marché et une hausse de ses coûts d’emprunt».
Elle émis le souhait de voir le gouvernement kényan mettre en œuvre un plan d’assainissement budgétaire crédible qui déterminera sa capacité à contenir toute hausse des coûts d’emprunt et des risques de liquidité ou de refinancement.
L’assainissement budgétaire implique la mise en œuvre de politiques visant à réduire les déficits budgétaires et l’accumulation de l’encours de la dette. Cet objectif est atteint soit en augmentant les recettes, soit en réduisant les dépenses pour réduire le déficit budgétaire.
« Une partie de la baisse des recettes fiscales pourrait être compensée par la suppression des exonérations fiscales », selon Moody’s.
« Au fil du temps, l’élimination des exonérations et exonérations fiscales supplémentaires pourrait compenser les réductions d’impôts. Cependant, nous nous attendons à ce que la majeure partie de l’assainissement budgétaire provienne d’une baisse des dépenses », souligne l’agence.
Pour l’exercice 2020-2021, le gouvernement kényan a réduit son objectif de recettes de 110 milliards de shillings (environ 1,1 milliard de dollars). Cependant, plutôt que de réduire les dépenses en raison du manque à gagner, il a décidé d’emprunter davantage.
La semaine dernière, un rapport du trésor kényan a révélé que les indicateurs de viabilité de la dette extérieure kényane montrent que le pays est exposé à un risque élevé de défaut de paiement de sa dette.
Ces indicateurs, qui comprennent le ratio de la dette aux exportations, celui du service de la dette aux exportations et celui de la dette aux recettes, indiquent que le pays est au bord du précipice, a révélé le Trésor public dans le Rapport d’examen du budget et des perspectives pour 2020.