AGP Dialogue national : le président Oligui Nguema échange avec les membres du bureau AGP Gabon : Bientôt un recensement des biens de l’Etat AGP Coopération Gabon-France : un forum économique en perspective APS SENEGAL-PRESIDENTIELLE / Bassirou Diomaye Faye reçu en audience par Macky Sall MAP Afrique du Sud: Zuma exclu des prochaines élections (Commission électorale) MAP La CAF annonce les dates des finales de la Ligue des Champions et de la Coupe de la Confédération MAP Afrique du Sud: 45 morts dans un accident d’autocar au Limpopo APS SENEGAL-ITALIE-TRANSPORTS / ITA Airways va inaugurer en juillet une ligne Rome-Dakar APS SENEGAL-ENVIRONNEMENT / Bonne amélioration des taux d’accès à l’eau et à l’assainissement (expert) ANP Signature de convention entre le Niger et la Société WAPCO Niger pour un programme de formation de talents à Southwest Petroleum University de Chine

Les accidents vasculaires cérébraux, « un tueur silencieux » a nos portes


  8 Juin      62        Santé (15315),

 

La montée figurante des cas d’Accidents vasculaires cérébraux (AVC) n’est pas singulière au Togo, elle est mondiale et selon l’OMS, chaque année 15 millions de personnes font cette maladie, une pathologie provoquée par un arrêt brutal de la circulation sanguine à l’intérieur du cerveau. Les AVC font d’énormes victimes dans la société togolaise dont 3929 cas d’hospitalisation en 2021. D’après les statistiques sanitaires, sur ce chiffre enregistré l’année dernière, près de 1309, soit le 1/3 a perdu la vie. Tout le monde est susceptible d’être victime si des dispositions ne sont pas prises pour le prévenir. Ce tueur silencieux continue par anéantir la population d’année en année alors que le pays est loin des standards dans la prise en charge efficace des patients.

En 2020, 3776 personnes ont été victimes de cette pathologie, « une maladie grave et redoutable avec des conséquences le plus souvent dramatique partant du décès ou d’un handicap moteur à une désagrégation du tissu social », a signifié, Dr AloumonMessanvi Joseph, cardiologue au cabinet « Cardio Cœur vaillant ». Ces données ne sont que « la partie visible de l’iceberg ». « Ces chiffres concernent ceux qui sont allés vers les structures de santé. La grande partie est silencieuse et reste dans les maisons ou dans certaines structures non identifiées », a confié le chef service de neurologie au CHU SylvanusOlympio, Prof. Bello Mofou, sur les plateaux de la Télévision togolaise (TVT) dans l’émission « Santé d’abord ».

« Tout le monde peut faire un AVC »

Cette pathologie n’épargne personne, du fœtus, au nouveau-né en passant par l’enfant, l’adolescent, le jeune et les personnes âgées, tous sont exposés. Les victimes sont des sujets actifs, 40, 45 ans voire moins à souffrir de l’AVC. « Tout le monde peut faire un AVC, qu’on soit riche ou pauvre, nous avons tous les mêmes risques de faire un AVC », a alerté Prof Bello.

Selon ce spécialiste, « aujourd’hui, nous avons changé nos habitudes de vie, l’alimentation est déséquilibrée, la sédentarité s’est accrue, la non pratique du sport et certains comportements à risque favorisent la maladie notamment le tabagisme et l’alcool ».

Dans le registre des causes, le médecin neurologue, WaklatiPanabalo, en activité au service de neurologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Campus, l’une des unités spécialisées dans le traitement des AVC a renchéri qu’« ona changé de mode de vie, on veut vivre comme des occidentaux, ce qui nous tue à petit coup. On ne marche pas assez, on a des moyens de déplacement ». Il a également touché du doigt l’alimentation. « On mange mal, les produits conservés et congelés, les assaisonnements, les cubes, les boissons gazeuses. Malheureusement, notre défaut, on n’arrive pas à faire des études pour voir qu’elle est l’impact de ces produits sur notre organisme », a regretté Dr Waklati.

L’AVC, 3eme cause de décès au Togo en 2019

Les AVC représentent environ 50% des patients hospitalisés dans les services de neurologie des CHU du pays. Cette pathologie constitue « la 3eme cause de tous les décès confondus au Togo en 2019 et la 1ere cause de handicap moteur », a souligné le cardiologue Aloumon. Une étude réalisée entre 2017 et 2018 donne entre 5000 à 6000 personnes voire plus qui font des AVC chaque année, ce qui représente un taux de prévalence de 1,7 à 2,4 pour 100.000 habitants.

Pour Dr Waklati, les AVC surviennent plus chez les sujets actifs, et « cette population active qui normalement ne devrait pas présenter une hypertension primaire démontre le contraire et cela fait peur ».

Les AVC sont plus fréquents chez les hommes du fait que le sexe masculin est considéré comme un facteur de risque non modifiable. Par contre l’anévrisme, définie comme une dilation d’une artère du cerveau résultant d’une faiblesse de la paroi des vaisseaux sanguins est plus récurrent chez les femmes au tour de 55 ans. « Sa prise en charge est différente des autres types d’AVC et nécessite une opération chirurgicale », a dit le neurologue Waklati.

L’hypertension artérielle, le principal facteur de risque

L’hypertension artérielle est le principal facteur de risque des AVC. « 80% des gens victimes d’AVC présentent une hypertension artérielle », a confié Dr Waklati. « L’hypertension artérielle représente la 1ere cause de l’AVC. Chez les patients qui ont l’AVC, environs 61% avaient développé l’hypertension », a renchéri le cardiologue.

Au Togo, le constat révèle presque 50% de cas d’AVC hémorragique et50% d’AVC ischémique. « Les AVC hémorragiques sont souvent les complications d’une hypertension mal traitée. Presque 30% des causes des cas d’AVC hémorragique sont liées à l’hypertension », a précisé le neurologue du CHU campus. Il a ajouté que la prévention des AVC commence par la lutte contre les facteurs de risque notamment l’hypertension artérielle.

D’autres facteurs de risque sont à la source des AVC notamment les maladies infectieuses, les facteurs génétiques, l’obésité, le diabète et le stress.

Du traitement coûteux à un mode de vie sain

« La prise en charge des AVC, c’est beaucoup d’argent. Généralement, les familles seules ne peuvent pas. Payer les antibiotiques, payer la rééducation sur plusieurs mois, ça revient très cher », a constaté Dr Waklati. Il plaide non seulement pour une subvention et une détaxation sur certains produits médicaux mais aussi la mise à disposition des médicaments à usage hospitalier. « Je ne comprends pas pourquoi, quelqu’un qui est dans l’urgence, qui a fait l’AVC et se trouve même dans la phase aigüe, doit encore payer par exemple les antibiotiques au même prix qu’un patient qui n’a pas fait l’AVC ; s’il y avait ces produits à usage hospitalier, ça pourrait soulager les patients et les familles », s’est indigné Dr Waklati.

S’il est évident que l’AVC a un coût, la prévention doit être à l’avant-garde. Pour le cardiologue, « le premier point est d’adopter un mode de vie sain qui consiste à arrêter l’abus de l’alcool, les cigarettes et surtout aujourd’hui les chichas ». Les spécialistes recommandent, entre autres, des fruits, de manger sain, naturel, équilibré et privilégié dès fois des crudités. Ils déconseillent aussi la consommation des graisses animales, des beignets pleins d’huile, des aliments portés au feu assez long pour éviter les déficits vitaminés.

« Si vous intervenez sur l’hypertension et l’alimentation en plus des activités physiques, vous réduisez les chances de faire cette maladie coûteuse », a prévenu Dr Waklati.

Une capacité d’accueil et un plateau technique limités

Au CHU Campus, la capacité d’accueil est de 40 lits en neurologie, un service où 80% des cas de consultation sont des AVC. « Nous n’avons pas assez de capacités pour accueillir plein de cas et même les consultations sont limitées », a regretté Dr Waklati qui reconnais que par rapport aux recommandations à l’international, le pays est loin des standards dans la prise en charge efficace des cas d’AVC.  Pour lui, « ceux qui font les AVC, il faut leur offrir le meilleur traitement. C’est d’abord la thrombolyse pour les AVC ischémiques, un traitement qui consiste à détruire ou lyser le caillot (thrombus) qui a bouché les vaisseaux sanguins». Dr Waklati se dit ne pas comprendre « pourquoi on ne fait pas la thrombolyse qui a révolutionné de façon extraordinaire la prise en charge des AVC ». Il dit rêver de la thrombectomie, une technique médicale extraordinaire dans la prise en charge des AVC ischémiques consistant à retirer le caillot par une sonde afin de rétablir la circulation sanguine.

Pour un traitement adéquat de cette pathologie, le pays doit se doter des unités neuro vasculaires. « Nous avons un semblant d’unité à Lomé et Kara. Ce n’est pas encore ça. Le Togo doit avoir au moins une unité par région », a souhaité ce spécialiste. Il touche du doigt également le problème d’insuffisance de neurologues au nombre de 11 au plan national. Selon Dr Waklati, « Ce nombre est insuffisant, il faut continuer la formation en y associant la motivation en plus du plateau technique à relever ».

Dans la même catégorie