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MOHAMADY KEITA, UN AGRICULTEUR QUI RÉSISTE À LA FIÈVRE DE L’OR


  20 Août      40        Agriculture (4142),

 

Kédougou, 13 août (APS) – A Bantako, dans le département de Kédougou (sud-est) où il vit au milieu des sites aurifères où l’extraction artisanale de l’or est l’activité principale des populations, Mohamady Keita a opté pour l’agriculture plutôt que de s’adonner à l’exploitation traditionnelle de l’or.

Bien que ne disposant pas de tout le matériel nécessaire, Keita cultive un champ de maïs de 8 hectares sur les berges du fleuve Gambie.

Agé de 54 ans, ce père d’une famille de 12 enfants est un amoureux, un passionné de l’agriculture et de tout ce qui est en rapport avec l’environnement.

« J’aime l’agriculture, j’entretiens ma famille avec cette activité depuis des années. Je suis un agriculteur dans l’âme », confie-t-il dans un entretien accordé à un reporter l’APS.

Le département de Kédougou est ceinturé en grande partie par le fleuve Gambie, sur les berges duquel agriculteurs et maraîchers s’adonnent à diverses activités.

A Bantako, zone aurifère située à environ 20 kilomètres de la ville de Kédougou, les populations délaissent de plus en plus l’agriculture et l’élevage au profit de l’exploitation artisanale de l’or.

Une ruée vers le métal jaune à laquelle a réussi, jusque-là, à résister Mohamady Keita. C’est que ce dernier est convaincu que « l’agriculture est une activité durable à la différence de l’extraction de l’or qui, non seulement est conjoncturelle, mais aussi nuisible à l’environnement et au cadre de vie ».

Assis à l’ombre d’un grand cailcedrat et à même le sol, il attend tranquillement de boire son thé. A côté de lui mijote une théière posée sur un fourneau à charbon. L’homme, de taille moyenne et d’une stature peu imposante, contemple son champ de maïs en floraison.

« Quand je regarde mon champ, je ressens une grande fierté. Pour moi, seul le travail paie, il n’y pas de miracle », dit-t-il en jetant un regard furtif sur le fleuve Gambie, visible depuis son champ.

Pour Mohamady Keïta, « l’agriculture est le meilleur moyen pour se développer », car étant « une activité durable et très rentable ».

Pour un soutien de l’Etat

« L’Etat doit nous aider. Vous voyez, vous m’avez trouvé en action, je m’accroupis pour défricher mon champ et enlever les mauvaises herbes », explique-t-il.

Sur la paume de ses deux mains sont visibles des cicatrices, signes du travail pénible que Mohamady abat au quotidien.

« J’ai besoin de matériels comme des tracteurs, de l’engrais et d’autres matériels qui vont me permettre de cultiver une plus grande surface et de faire une meilleure récolte », déclare-t-il.

« Quand je regarde la télé, je vois le gouvernement accompagner des agricultures, mais pourquoi nous ne pouvons pas bénéficier de ces avantages ? », s’interroge-t-il.

Avec ses eaux troubles couleur café au lait, le fleuve Gambie serpente en cette période de saison des pluies au milieu d’un paysage pittoresque, d’un sous-sol riche et d’une terre fertile.

Quoique confronté à un manque de matériels et à des difficultés, Mohamady soutient avoir réalisé, ces dernières années, des récoltes satisfaisantes.

« J’ai récolté cinq tonnes et demie de maïs l’année passée et d’ailleurs toutes ces dernières années, je suis dans la même lancée. Avec l’aide de mes enfants et de mes trois épouses, nous faisons un travail satisfaisant », soutient-il.

« Il aime l’agriculture, mais il n’a pas de matériels. Il utilise des moyens rudimentaires. Le gouvernement doit nous aider », plaide Diénabou, une de ses épouses trouvée sur place.

L’agro-écologie pour booster les rendements

A Kédougou, les fonctionnalités offertes par les écosystèmes sont très favorables à l’agro-écologie.

Dans une région où l’environnement est sous forte pression, cette pratique agricole peut contribuer à préserver les ressources naturelles et réduire les risques environnementaux.

Mohamady Keita souhaite moderniser son activité. Il veut profiter de la présence du fleuve Gambie pour s’orienter vers l’agro-écologie et espérer augmenter ses rendements.

De cette manière, il contribuerait dans le même temps à réduire les risques environnementaux dans une zone où l’écosystème fluvial, terrestre et forestier est menacé à cause de la surexploitation des orpailleurs.

« Mon souhait est de faire le maraîchage pendant la saison sèche. Pour cela, il me faut avoir une motopompe pour irriguer mon champ à partir des eaux du fleuve », dit-il.

« J’ai déjà planté des manguiers, des anacardiers. Je compte prochainement planter des bananiers. Cela nous permettra de garder un bon climat et de nous faire de l’argent avec la richesse des plantes fruitières », explique-t-il.

Terres et scolarisation des enfants

Son cheval de bataille désormais, c’est le maintien de ses enfants à l’école et la préservation de ses terres.

Et pour que ses enfants ne soient pas gagnés par la fièvre de l’or, il leur a interdit de fréquenter les sites aurifères.

« Mes enfants ne vont pas dans les +djouras+ (sites aurifères). Ils vont à l’école durant l’année scolaire et aux champs pendant les vacances. Mes enfants dans les djouras, jamais ! », martèle-t-il.

Mais bien que ne voulant pour rien au monde répondre aux sirènes de l’orpaillage, celui-ci n’en reste pas moins une menace permanente pour son activité.

A un kilomètre de son champ, on peut entendre les vrombissements des moteurs dont se servent les orpailleurs et dont l’écho résonne dans toute la zone.

En réalité, la coexistence entre activités minières et agricoles n’augure pas de bons jours pour les agriculteurs. Mais Mohamady n’envisage, en aucun cas, de laisser ses terres aux orpailleurs.

« Vous entendez ce bruit, ce sont les orpailleurs, ils ont voulu s’approcher de mon champ, mais j’ai mené une bataille féroce pour les empêcher de s’installer près » de mes terres, explique-t-il en pointant du bout des doigt le site des orpailleurs.

En dépit des gros nuages que fait planer l’exploitation artisanale du métal jaune, Mohamdy Keita reste optimiste pour son futur.

Sous un ciel nuageux et une température agréable, il s’enfonce dans son champ de maïs en floraison avec une bêche suspendue à l’épaule. Cette année encore, il espère faire une bonne récolte.

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