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Neutralité, plaidoyer, impact : le Sénégal et le conflit russo-ukrainien


  29 Décembre      57        Diplomatie (1768),

 

Dakar, 29 déc (APS) – Le Sénégal, dont l’économie extravertie est sensible aux chocs exogènes, a subi, à l’instar d’autres pays du monde, les conséquences de la guerre en Ukraine, un conflit par rapport auquel ses autorités ont d’abord joué la carte de la neutralité, dans un contexte de résurgence des rivalités est-ouest, tout en faisant entendre la voix de l’Afrique dans le cadre de sa présidence de l’Union africaine (UA).
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a entrainé le renchérissement des coûts de production et des prix des denrées de consommation courante, accentuant une inflation qui ne cesse de prendre l’ascenseur depuis la pandémie de Covid-19.

Le Sénégal a adopté une position de neutralité dans ce conflit en s’abstenant, le 2 mars 2022, de voter une résolution condamnant ‘’l’agression de la Russie contre l’Ukraine’’. Ce jour-là, au Conseil de sécurité, 12 pays du continent n’avaient pas pris part au vote, tandis que 17 autres, dont le Sénégal, s’étaient abstenus. Cette posture de Dakar avait surpris bon nombre d’observateurs.

En Conseil des ministres, le chef de l’Etat, Macky Sall, avait fait part de « sa grave préoccupation face à la situation en Ukraine », après l’invasion de ce pays par la Russie, tout en réaffirmant l’adhésion du Sénégal aux principes du non-alignement et du règlement pacifique des différends.

Dès le 24 février, Macky Sall, président de l’UA, et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union réclamaient le ‘’respect de l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale de l’Ukraine’’, ainsi que ’’l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu et l’ouverture sans délai de négociations politiques sous l’égide des Nations unies’’.

Le 25 mars 2022, l’Assemblée générale de l’ONU regroupant 193 États a adopté à une écrasante majorité de 140 voix dont celle du Sénégal, une nouvelle résolution non contraignante qui ’’exige’’ de la Russie un arrêt ’’immédiat’’ de la guerre en Ukraine.

Dans cette résolution sur les conséquences humanitaires de la guerre en Ukraine, l’Assemblée générale exigeait de Moscou un arrêt ‘’immédiat’’ des hostilités contre son voisin.

Ayant compris très tôt que ce conflit ne serait pas sans conséquence sur le tissu économique des pays africains, le chef de l’Etat sénégalais profite de sa posture de président de l’Union africaine (UA) pour appeler les protagonistes à la ‘’désescalade’’. Il s’entretient avec téléphone avec les dirigeants russe et ukrainien.

Le 03 juin 2022, le pésident Macky Sall rencontre même son homologue russe, Vladimir Poutine, à Sotchi, où il plaide en faveur du déblocage des céréales et des engrais stockés dans les ports ukrainiens et dont l’absence sur le marché international affecte les pays africains.

« Malgré d’énormes pressions, la majorité des pays africains ont évité de condamner la Russie. Il y a une bonne partie de l’humanité qui, en réalité, est très attentive à ce qui se passe. C’est au nom de tous ces espoirs que je suis venu vous voir pour demander de prendre conscience que ces pays, même s’ils sont éloignés du théâtre, sont des victimes de cette crise au plan économique », affirmait Macky Sall devant le président Poutine.

Le Sénégal impacté

Le Sénégal, comme d’autres pays du continent, a subi la hausse des cours des céréales, due en partie à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui fournissent 60% du blé consommé dans le pays.

En juin, le ministère du Pétrole et des Énergies annonce que le prix à la pompe du litre de supercarburant va passer de 775 FCFA à 890 FCFA.

Il explique que ‘’le gouvernement du Sénégal a décidé de procéder à un réajustement tarifaire du prix à la pompe du supercarburant’’, à cause de ‘’la persistance des chocs exogènes qui ont occasionné la hausse des cours des produits pétroliers sur le plan international’’.

En dépit de cette hausse, ‘’le gouvernement continue de subventionner le supercarburant dont le prix de revient non subventionné devrait être arrêté à 1182 FCFA le litre à la pompe’’.

Dans le souci de préserver le pouvoir d’achat de la plus grande majorité des usagers, le gouvernement décide de maintenir les prix des autres produits de consommation courante, notamment le gaz butane, le gasoil, l’essence ordinaire, l’essence pirogue, le pétrole lampant et le diesel oil. Les prix de ces produits sont donc restés inchangés.

En août, les cimentiers craignant de vendre à perte à cause de la hausse des facteurs de production réclament un ajustement des prix. Durement frappée, la cimenterie Dangote Cement Sénégal décide d’envoyer tout son personnel en ‘’congés collectifs’’.

Dans la foulée, le ministre du Commerce, dans une lettre circulaire adressée aux gouverneurs, annonce l’adoption des nouveaux prix du ciment par arrêté no 024750 du 9 septembre 2022.

A Dakar, le prix de la tonne à l’usine est fixé à 67 000 francs CFA et à 73 000 francs chez le distributeur, tandis que le sac de ciment revient à 3650 francs.

Onze mesures pour soulager les ménages

Au mois de novembre, le gouvernement lance les concertations sur la vie chère. Au terme des discussions, le président Macky Sall annonce des mesures de baisse des prix des denrées alimentaires, des loyers et d’autres services.

Il s’agit, selon le chef de l’Etat de ‘’11 décisions’’ qui vont ‘’se traduire en 55 mesures entraînant des baisses immédiates sur les prix des produits et services de consommation courante. Il y aura également 112 mesures d’accompagnement destinées à renforcer la politique de la souveraineté alimentaire’’.

Par exemple, le kilo de riz brisé indien passe de 350 à 325 FCFA, le litre d’huile de 1 200 FCFA à 1 100 FCFA. Les loyers inférieurs à 300 000 FCFA sont appelés à baisser de 20 %, ceux compris entre 300 000 et 500 000 FCFA de 10 %, et ceux supérieurs à 500 000 FCFA de 5 %. Les 11 décisions prévoient également une baisse des frais de scolarité des écoles et universités, mais également une réduction des coûts des matériaux de construction.

Dans la note de présentation du budget 2023, les services du ministère des Finances soulignent que ‘’le conflit russo-ukrainien a enfin agi comme un évènement aggravant des perturbations des chaines d’approvisionnement et des tensions inflationnistes, en excluant, de fait, des marchés des matières premières agricoles et énergétiques, deux des plus grands producteurs mondiaux’’.

Conséquence de ce conflit, ‘’presque partout, les prix des biens de consommation courante mais aussi des équipements et intrants industriels sont montés en flèche, avec notamment des conséquences très sévères sur le pouvoir d’achat des ménages’’.

Le Sénégal n’a pas échappé à ce phénomène mondial, qui a obligé l’Etat à réagir avec l’adoption en mai 2022 d’une loi de finances rectificative (LFR).

A la fin du mois de juillet, l’inflation s’élevait à 11% en glissement annuel, en raison notamment de la hausse des prix alimentaires de 17,2% en un an.

Nouvelle dynamique dans le secteur agricole

L’impact de la crise ukrainienne a obligé les pouvoirs publics à opérer des ajustements et surtout, à impulser une nouvelle dynamique dans le secteur agricole avec la création d’un ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

Sous l’autorité du Premier ministre, le ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire ‘’prépare et met en oeuvre la politique définie par le Chef de l’Etat dans le domaine de l’agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire’’.

A ce titre, il est chargé de ‘’mettre en place un cadre cohérent de planification stratégique, de pilotage et de suivi évaluation des politiques, stratégies et programmes agricoles’’.

En vue d’atteindre l’autosuffisance et d’assurer la sécurité alimentaire, ‘’il met en place des stratégies et programmes visant l’augmentation et la sécurisation des productions agricoles et l’amélioration de leur qualité. Il promeut la diversification agricole, l’identification et le développement de filières agricoles porteuses’’.

A ce titre, il ‘’veille à la disponibilité d’intrants de qualité, notamment les semences et les engrais’’ et s’assure ‘’de la mise en place de dispositifs de veille et d’intervention en vue d’une bonne protection des végétaux’’.

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