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Souleymane Bachir Diagne prône l’ouverture des bibliothèques coloniales à  »l’évaluation et à la critique »


  20 Décembre      17        Société (45064),

 

Dakar, 20 déc (APS) – L’universitaire et philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a prôné, mardi, à Dakar, l’ouverture des bibliothèques dites coloniales à  »l’évaluation et à la critique » plutôt que de les  »brûler », dans le cadre du mouvement de décolonialisation des savoirs actuellement en cours dans la plupart des universités africaines.

« (…) L’on doit ouvrir les bibliothèques coloniales à l’évaluation et à la critique plutôt que de les brûler », a martelé M. Diagne, agrégé de philosophie et spécialiste de l’histoire des sciences et de la philosophie islamique.

Il prononçait une leçon inaugurale, dans le cadre de la célébration des 60 ans de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Dakar, devenue Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation (FASTEF). Cette institution qui forme les enseignants du moyen et du secondaire ainsi que les inspecteurs de l’éducation est rattachée à  l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Le mouvement de la décolonisation des savoirs est né à l’université du Cap, en Afrique du Sud, en 2015, avec le déboulonnage de la statue de Cécil Rhodes, ancien Premier ministre de la colonie du Cap (1890- 1896),  a rappelé le conférencier.

La campagne, menée par des étudiants de gauche dans certaines universités notamment africaines, appelle à “décoloniser” les programmes et les curricula enseignés dans les écoles africaines postcoloniales.

Selon Souleymane Bachir Diagne, Professeur de philosophie et de français à l’université Columbia (New York), décoloniser les sciences humaines et sociales reviendrait à « sortir du ‘canon eurocentrique » de production des savoirs.

L’universitaire sénégalais a insisté sur la ‘’complexité » de cette tâche qui ne doit pas selon lui consister à faire ‘’table rase » des classiques de philosophie ou d’histoire, rappelant qu’un classique veut dire étymologiquement « ce qui est digne d’être enseigné dans les classes ».

S’inscrivant dans une perspective universaliste, il a donné l’exemple du philosophe René Descartes, qui, pour révolutionner la science algébrique, avait su « puiser dans le savoir oriental » (arabe et persan), à travers notamment l’influence d’Al-Khawarizmi dont le nom, de déformation en déformation, a donné l’algorithme.

« Cataloguer une science sociale comme l’anthropologie serait […] ignorer une de ses dimensions les plus essentielles », a relevé le professeur Diagne.

A contrario, « relativiser » cette discipline permettrait de prendre en compte ses deux facettes, le côté colonial et celui postcolonial, que l’enseignant du futur doit, dit-il, intégrer.

Eduquer est un ‘’devenir épistémologique » qui allie ‘’ouverture » et ‘’décentrement », note le philosophe sénégalais.

En cela, il est d’avis que l’université africaine du futur, dans sa conception, devra nécessairement prendre en considération « les langues africaines et les langues d’Afrique », qui incluent le français, l’anglais, l’arabe et le portugais.

“Le monolinguisme occidental devra évoluer vers un plurilinguisme », martèle-t-il, ajoutant que l’enseignant du futur est aussi appelé à ”enseigner des choses  qu’il n’a pas lui-même forcément apprises ».

En cela, « il (l’enseignant) sera appelé à sortir de chez soi pour mieux revenir chez soi », dit-il en citant une maxime arabe attribuée à l’Imam Ali, le quatrième calife de l’islam.

Souleymane Bachir Diagne, à l’image de ses concitoyens Mamadou Diouf (historien) et Felwine Sarr (économiste), a intégré les universités américaines après avoir enseigné de 1982 à 2002  la philosophie à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. »

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