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UN EXPERT SÉNÉGALAIS EN TÉLÉDÉTECTION EXPOSE SA VISION D’UNE RECHERCHE ADAPTÉE AUX BESOINS LOCAUX


  19 Décembre      57        Société (45064),

 

Dakar, 19 déc (APS) – L’universitaire sénégalais Cheikh Mbow, expert en télédétection et sciences de l’environnement, préconise la mise en place d’une « base de données sur les projets majeurs » issus de la recherche, laquelle devrait faire l’objet d’un partage national, dans le cadre d’un changement d’approche visant à adapter davantage les programmes de recherche et de formation aux besoins de la société.
« Je n’ai jamais été invité à partager mes résultats de recherche avec un ministère au Sénégal. On peut corriger cela en instaurant une base de données sur les projets majeurs, peu importe la source de financement, et exiger un partage national soit de façon (inter) active avec des ateliers de renforcement de capacité, soit de façon passive » à travers des produits destinés aux décideurs. « Il faut des ressources et un cadre pour cela », a-t-il suggéré dans un entretien avec l’APS.

« Il faut donc changer l’approche de la recherche en commençant par le financement national de la recherche avec les exigences de transparence et d’équilibre pour toucher plusieurs domaines vitaux de la société », a fait valoir le professeur Mbow, actuel directeur exécutif du Programme START International, basé à Washington, aux Etats-Unis.

La télédétection est la science qui utilise les satellites d’observation de la terre pour produire des images permettant d’estimer les ressources naturelles et de suivre leur dynamique. Les domaines d’application sont très variés. Depuis l’espace on peut caractériser les recoures en eau, les forêts, la dynamique agricole, la production de biomasse, la qualité des sols, etc. Les risques sur ces ressources naturelles comme les feux de brousse, la sècheresse, les inondations peuvent être facilement identifiés et suivi dans le temps.

M. Mbow, qui a enseigné pendant plusieurs années à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, où il avait monté son propre laboratoire de recherche, est le lauréat de l’édition 2018 du « Prix Danida Alumni », qui récompense chaque année un ancien participant au programme de bourses du même nom ayant « contribué considérablement à une transformation positive dans son pays d’origine ou dans son champ d’études ».

Ce prix est décerné par le Danida Fellowship Centre, en charge des programmes d’apprentissage de courte durée, des activités de renforcement de compétences et des projets de recherche de l’Agence danoise d’assistance au développement (Danida), une institution autonome du ministère des Affaires étrangères du Danemark.

« On connait cette rhétorique selon laquelle, la recherche et la formation doivent être adaptées aux besoins de la société. Cependant, il faut aller au-delà du constat » et se demander « ce qu’il faut envisager pour définir des programmes de recherche dans lesquels se retrouve la prise de décision au niveau local », a souligné le chercheur.

Selon lui, les scientifiques « ont longtemps privilégié la carrière académique basée sur des critères de performance uniquement universitaire », perspective dans laquelle la connexion avec les problèmes de société « était juste un co-bénéfice de la recherche ».

« On s’est rendu compte que les publications scientifiques constituaient une très bonne stimulation intellectuelle mais assez souvent restent parfois des réponses décalées aux problèmes locaux. Cette attitude a beaucoup évolué avec les critères de performance en recherche-développement qui a beaucoup prospéré dans le secteur privé, industriel et des télécommunications », a indiqué M. Mbow.

Or, les besoins du public « doivent motiver les découvertes et les innovations », a-t-il dit, ajoutant que ce paradigme consistant à « servir par la science a fait tache d’huile avec la reconnaissance de la co-création comme méthode inclusive d’investigation qui engage les acteurs et utilisateurs dans l’identification des problèmes de recherche pour les rendre utiles à la société ».

Il soutient toutefois que « le modèle d’évaluation de la recherche n’a pas beaucoup évolué non plus. On reste sur les publications de haut niveau, ceux qu’on appelle les articles à grand facteur d’impact. Cet indicateur de qualité, certes importante, est uniquement basé sur des critères académiques qui fait la promotion de l’auteur et pas de la science produite ».

Suivant un tel postulat, être un bon scientifique « signifie toujours avoir un bon indice sur ‘researchgate’ of ‘google scholar' », souligne M. Mbow, qui défend l’idée d’un « nouveau critère » appelé « impact-acteur ».

« Je donne une double signification à cette notion : d’abord il faut que la conception des problèmes de recherche parte des besoins de ceux qui vont les utiliser, ensuite les résultats de recherche doivent être traduits dans un langage et un format digeste pour les utilisateurs », explique-t-il. Or, à l’en croire, le monde de la recherche « est encore loin de cette réalité ».

« Pour y arriver d’ailleurs, préconise-t-il, je renvoie à la responsabilité des services chargés de la recherche qui ne donnent pas à mon sens assez de poids à l’application des résultats de recherche. D’abord parce qu’il n’y a pas de financement domestique pour les problématiques locales, ensuite il y a un maillon manquant, celui de la jonction entre la recherche et la société », ce qui fait que le chercheur « s’arrête à la publication et espère que quelqu’un reprenne ses résultats pour des applications dans le développement ».

Il affirme que les plus importants financements qu’il a reçus dans le cadre de ses recherches lui sont venus des pays du Nord, « avec (…) souvent une forte présence de chercheurs étrangers qui s’appuient souvent sur nous pour ouvrir les barrières sociales et physiques ».

« La recherche sénégalaise ou africaine tout court, répond aux orientations des donateurs donc des pays du Nord. Déjà à ce niveau, on a un gros problème d’équité qui se pose. Les Africains sont derniers sur la liste des collaborateurs et n’ont que des pétilles sur les fonds alloués à la recherche », sans compter que « les rapports qu’ils produisent sont exploités par les pays donateurs et rarement par nos pays », conclut Cheikh Mbow.

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