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SUR LES TRACES DES ANCÊTRES DE COACH CISSÉ, « PASSÉ GLORIEUX’’ ET PARI SUR LES LIONS

Dakar, 18 juil (APS) – A Baghagha, le village de
Casamance (sud) dont est originaire la mère du sélectionneur des Lions
Aliou Cissé, une victoire finale de l’équipe nationale de football à
la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019 ne fait l’ombre d’aucun
doute, les habitants pariant sur le « passé guerrier et glorieux » des
ancêtres du coach sénégalais.

Dans cette partie méridionale du Sénégal, zone pluvieuse par
excellence, l’hivernage a fini de s’installer en cette période de
l’année. Le tapis herbacé qui s’étend à perte de vue suffit pour en
témoigner.

Des nuages compacts éclipsent le soleil et assombrissent l’atmosphère.
L’ombre bien généreuse provenant d’une rangée d’arbres séculiers
contribuant de même à renforcer une impression de crépuscule en milieu
de journée.

Un décor de ciel très chargé par les menaces de pluie. L’ordinaire de
ce village situé à 25 kilomètres de Ziguinchor sur la route nationale
numéro 6 et de bien d’autres villages de Casmance.

Une juxtaposition de constructions dont les toitures sont jaunies par
le temps complète ce tableau. Il y a aussi ces rangées de palissades,
quelques constructions en dur, des puits, mais surtout ces badauds qui
jouent au ballon, dans des camps faits de tiges fragiles.

La vie semble s’être arrêté un peu à Baghagha, une insouciance
tellement éloigné du stress qu’on peut imaginer le sélectionneur
sénégalais vivre à la veille d’une finale si importante pour le destin
footballistique du Sénégal.

Ici, le coach de la sélection nationale est un homme adulé. « Aliou
(Cissé) est une icône. C’est un peu l’âme du village. Beaucoup de
jeunes s’identifient à lui. Il est devenu un fils d’une dimension
mondiale », explique Moussa Ndiaye, un oncle d’Aliou Cissé, avant de
nous indiquer la demeure des Dème, famille maternelle du sélectionneur
du Sénégal.

Sur place, une grande concession de plusieurs compartiments. « La mère
d’Aliou Cissé (Oumy Dème) habite ici. Elle est originaire de ce
village fondé par ses arrière-grands-pères Alassane Dème et Birane
Dème. Ils étaient de grands islamisateurs qui ont quitté le Fouta
avant de transiter par le Djoloff et le Saloum pour venir en
Casamance », raconte Saër Ndiaye, imam à Baghaga et oncle d’Aliou
Cissé.

Des indications tellement éloignées de l’image que la plupart des
Sénégalais sont amenés à se donner du technicien sénégalais et de ses
dreadlocks légendaires, bien en vue sur le banc de touche de l’équipe
nationale de football. S’y ajoute son français châtié qui fait plus
penser à un Sénégalais de France qu’à autre chose.

« Tous les grands-pères d’Aliou Cissé étaient de réputés dignitaires
religieux. Alassane Dème est le père de Birane Dème qui est le père de
Gorgui Dème. Ce dernier est le père de la maman d’Aliou Cissé. Ils ont
tous occupé l’imamat et vulgarisé l’Islam un peu partout », fait
remarquer Saër Ndiaye, entouré d’une bonne partie de la famille.

« Cette famille Dème a largement contribué à propager l’enseignement
coranique et arabe dans le Fouta, dans le Djoloff, dans le Saloum, en
Casamance et en Guinée Bissau (…) », insiste Moussa Ndiaye. Aliou Cissé
« est une référence pour tous les jeunes du village », ajoute-t-il.

Modou Ndiaye, un cousin d’Aliou Cissé, raconte qu’il a un jour conduit
le coach des Lions au mausolée de son grand père Birane Dème. « Il
avait pleuré de chaudes larmes. Presque avant chaque campagne de
l‘équipe nationale, si son calendrier le lui permet, il vient ici pour
formuler des prières », témoigne-t-il.

En face de la concession familiale, un grand chantier en cours. Il
s’agit d’un projet de modernisation de la grande mosquée.

« Aliou Cissé a une fois visité la mosquée en cours de construction. Il
a promis d’apporter sous peu sa contribution », confie Modou Ndiaye qui
se présente comme « le principal relais » entre coach Cissé et le
village.

La même ambiance de reconnaissance prévaut à Ziguinchor, royaume
d’enfance d’Aliou Cissé. Aux quartiers Kandé et Tilène où le
technicien a passé ses premières années, les membres de la famille
décrivent le coach national comme un « digne fils appartenant à une
lignée sainte ».

Modou Cissé, imam d’une mosquée à Tilène, était le maitre coranique
d’Aliou Cissé durant son enfance. « Aliou Cissé logeait chez sa
grand-mère à Kandé, mais il passait la journée ici pour apprendre le
Coran », rappelle-t-il, un exemplaire du saint Coran à la main.

« C’est une tradition dans la famille. Tout le monde apprend le Coran.
Les grands-pères d’Aliou Cissé du côté maternel comme du côté paternel
avaient le grade de Hafizatoul Khourane (mémorisation du saint
Coran) », renseigne l’Imam de Tilène, par ailleurs oncle paternel
d’Aliou Cissé.

Les ancêtres de coach Cissé viennent du Saloum. « Nous appartenons à la
grande famille de Birane Cissé » dont les membres sont installés « un
peu partout au Sénégal, notamment à Nioro Du Rip, à Kaymor, à Wannar,
à Diamal ou encore à Pire. Nous sommes de la même famille que le
défunt imam de la mosquée de Médina Baye imam Hassane Cissé », note
Imam Modou Cissé.

Selon lui, un des grands-parents d’Aliou Cissé a même été islamiser
jusqu’en Guinée-Bissau, un pays frontalier de la Casamance.

« Un grand mausolée en marbre est érigé dans le cimetière du village où
il est tombé (au cours d’une bataille). Beaucoup de Bissau-Guinéens
qui portent le nom de Cissé, c’est en référence à ce grand-saint », dit
Aliou Cissé, cousin du coach de la sélection nationale avec qui il
partage le même homonyme.

L’ancien maitre coranique de Cissé invoque l’enfance du coach national
pour expliquer « sa rigueur actuelle ».

« Il était un enfant extrêmement courageux et très têtu. Les heures de
repos, je le gardais souvent dans la salle parce qu’il se battait
beaucoup avec les autres enfants (…) je ne suis pas surpris de le voir
devenir un homme rigoureux et combattant dans l’âme. C’est dans le
sang », souligne-t-il

La famille d’Aliou Cissé espère ainsi du technicien qu’il écrira ce
vendredi une page inédite du football sénégalais sur les bords du Nil,
à la manière de ses conquérants ancêtres qui ont soumis bien des
communautés pour le triomphe de l’islam.

MTN/BK/AKS