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La dégradation de l’Axe Agnibilékrou-Takikro enlise les activités économiques dans l’Est ivoirien (Reportage)

Abengourou, 30 mai (AIP) -En Côte d’Ivoire, la route reliant la ville d’Agnibilékrou à Takikro village qui abrite le dernier poste Douanier à la frontière Est avec le Ghana voisin est fortement dégradée. Longue de 35 km, cette route non bitumée et à fort trafic de marchandises entre les deux pays est devenue, depuis quelques années, un véritable supplice pour les automobilistes qui mettent parfois trois heures pour parcourir le tronçon.

Les usagers exténués par les voyages de plusieurs heures qualifient d’enfer le parcours des 35 km qui séparent la ville d’Agnibilékrou à Takikro village frontalier au Ghana. Ils plaident pour le bitumage cette route internationale estimant que le revêtement de la voie assurera un confort de circulation et permettra de redynamiser et d’accroitre l’activité économique dans cette partie du pays qui continue de sombrer à cause de l’état de la route.

La route menant au poste douanier de Takikro totalement abîmée et impraticable

Il était 10 h 05 lorsque abord de notre véhicule, nous parvenons au premier poste Douanier à la sortie d’Agnibilékrou pour Takikro. Déjà à ce niveau la voie principale qui jouxte les locaux de la douane pour Takikro, un trou de boue infranchissable fait barrière. La barrière douanière reste baissée pour empêcher les « nouveaux venus de s’embourber.’

« C’est par ici qu’on passe », nous fait savoir un agent des douanes, indiquant un contournement qui passe dans la cour de la douane. Puis ce fut le début d’un trajet ensemencé de monticules de trous et de crevasses et de flaques d’eau avant d’atteindre 10 km après le premier village Presso. Entre le deuxième village Deima (15 km) et le troisième village Attakro (18 km) un trou béant est en passe de couper la route

Au bout de 1 h 56 min, nous parvenons au village frontalier de Takikro après avoir traversé aux pas de tortue les villages de Tienkoikro, Broffouédou et Ifo en raison des nombreux ralentissements de la route. Durant le voyage, aucun camion de transport de marchandises n’a été aperçu seulement deux véhicules de transport commun l’un était vide et l’autre avec quelques passagers.

Bilé Kouassi, chauffeur d’un Badjan (minicar) rencontré à la garde de Takikro explique que « c’est l’état de la route qui décourage les conducteurs qui ont décidé d’aller se débrouiller sur d’autres axes », soulignant que « à cause de l’état de notre route, tout ce que nous gagnons est versé dans la réparation des engins ».

« C’est un calvaire de venir à Takikro parce que nous mettons parfois 2 heures voire, 3 heures de temps pour le voyage », lance Fofana Amara  également chauffeur de Badjan sur le tronçon.

A cette problématique, s’ajoute le phénomène de coupeurs de route, fait savoir Souleymane Koné qui soutient que « les points chauds » des coupeurs de route, c’est au départ entre Agnibilékrou et le village de Presso et à l’arrivée au carrefour du village de Walikro entre le village d’Ifo et Takikro.

L’arrivée des coupeurs de route a suscité l’installation de plusieurs postes de police et de gendarmerie sur le tronçon. « Le plus récent est juste à l’entrée de Takikro », signale Souleymane Koné qui juge cela excessif.

Le poste douanier de Takikro abandonné par les camions de transport de marchandises.

Anciennement zone de passage privilégiée des camions de marchandises, le poste de douane de Takikro est désormais délaissé par les opérateurs économiques du nord ivoirien en provenance ou en partance pour le Ghana qui avait fait de Takikro le deuxième poste douanier pourvoyeur de l’Etat en matière de recettes après celui de Noé.

Aujourd’hui, les transporteurs découragés par l’état dégradation de cette route refusent de passer par le poste douanier de Takikro, plus proche du Ghana.

« Le poste Douanier de Takikro est certes proche, mais la route fait défaut », a fait remarquer Issiaka Bamba, un opérateur économique d’Abengourou.

« De Kumassi au Ghana, le passage à Takikro est plus proche pour atteindre Agnibilékrou et Bondoukou, mais les transporteurs préfèrent remonter vers Abidjan pour rejoindre sereinement leurs magasins du Nord à cause de la dégradation de cette voie empestée également de coupeurs de route », ajoute Kouassi Dongôh, propriétaire d’une quincaillerie.

« Parfois, après le chargement, le propriétaire du camion en location une fois informé que nous avons fait le choix de passer à Takikro, ordonne tout de suite que le camion décharge », a expliqué Mousssa Traoré. Il soutient que les rares camionneurs qui s’entêtent et tentent là emprunter le raccourci « tombent dans l’enfer de l’axe Takikro-Agnibilékrou.

« Nos camions, à cause du mauvais état de la route ici, s’embourbent ou déversent à chaque passage leurs contenus quand ils ne sont pas victimes d’attaque », raconte Abdoulaye Berté, résident à Bondoukou et propriétaire de camion de transport rencontré à Agnibilékrou.

Le bitumage de l’Axe Agnibilékrou-Takikro souhaité pour redynamiser l’activité économique 

Les populations et les opérateurs économiques sont tous unanimes que la solution à leur calvaire sera le bitumage de la voie express Agnibilékrou-Takikro.

Anzian Kouassi est formel, « l’abandon de ce tronçon a porté un coup dur à l’activité économique et réduit le trafic surtout en ces moments de Covid-19. Pour Diakité Issa, un agent transitaire, la remise en état de la route qui mène au poste douanier de Takikro contribuera à accroître l’activité économique et à désenclaver toute cette zone ».

Maxime Kouassi fait remarquer que si cette voie venait à être bitumée, des cars de voyageurs passeraient par Takikro pour la ville de Kumassi plus proche. « Ce serait plus avantageux que d’aller à Noé ou faire le détour en passant par Abidjan pour rejoindre Kumassi au Ghana ».

Serge Koffi Kouassi Maxime acheteur de produit rappelle que promesse a été faite pour le bitumage de cette route. Le début des travaux était prévu pour mars 2020, a informé Tanoh Pascal, enseignant de son Etat. Des propos corroborés par les populations interrogées.

Tous attendent la réalisation de la promesse de bitumage de l’axe Agnibilékrou-Takikro en vue de redonner à cette zone un nouveau paysage économique, et permettre à cette partie de l’Est ivoirien de prendre une part active dans l’économie du pays.
(AIP)
nam/fmo