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LE RECYCLAGE, LA RÉCOMPENSE DES ORDURES


  1 Novembre      39        Environment (3677),

   

Dakar, 1er nov (APS) – La difficile problématique de la gestion des

ordures, d’un enjeu crucial partout en Afrique, conduit à moins

prendre en compte la question du recyclage, une activité exigeante et

parfois complexe, mais dont profitent plusieurs acteurs ou personnes

qui en tirent des revenus conséquents au Sénégal.

Rien ne le laisse penser mais le recyclage des déchets plastiques,

électroniques ou biomédicaux est une activité qui peut parfois

s’avérer très rentable, laissent entendre des acteurs publics et

privés interrogés par l’APS.

Ces structures font dans le même temps œuvre de salubrité publique, en

contribuant à débarrasser la ville de déchets parfois tellement

nuisibles à l’hygiène publique et à la santé.

Certaines personnes en ont fait leur gagne-pain, profitant de l’or

caché sous de véritables mines urbaines, même à leurs risques et

périls parfois.

Concernant le recyclage des déchets sanitaires par exemple, la

classification appliquée en la matière fait une nette distinction

entre les déchets à haut risque, extrêmement dangereux et les ordures

assimilées à l’activité des ménages, dont la gestion relève des

compétences de l’UCG, l’Unité de coordination de la gestion des

déchets solides.

« Nous formons des prestataires qui trient les déchets pour les mettre

dans des sachets appropriés, notamment les sachets jaunes pour des

déchets à haut risque, le rouge pour ceux qui sont extrêmement

dangereux et le noir pour les ordures assimilées aux ménages »,

explique la directrice qualité, sécurité et hygiène hospitalière au

ministère de la Santé et de l’Action sociale, docteur Ndella Ndiaye

Konaté.

Pour éviter tout risque d’infection, il est aménagé dans chaque

structure sanitaire, des endroits appropriés pour le tri et

l’incinération des déchets sanitaires.

Elle souligne que les déchets assimilés aux ordures ménagères exclus,

les déchets biomédicaux ne sont pas tous recyclables, compte tenu des

risques d’infection.

« Le ministère de la Santé travaille en collaboration avec celui de

l’Environnement avant de mettre des unités de traitement en place en

vue d’éviter tout risque lié à l’environnement », note docteur Ndella

Ndiaye Konaté.

Dans ce cadre, le ministère de la Santé et de l’Action sociale

travaille de concert avec la Banque mondiale pour obtenir des broyeurs

stérilisateurs « dernier cri », la politique actuellement mise en œuvre

par ce département ministériel étant selon elle de mutualiser les

traitements de déchets.

Les déchets biomédicaux notamment les compresses et autres, étant pour

la plupart extrêmement dangereux, leur centre de stockage et

d’incinération demeure bien sécurisé pour éviter toute contagion et

protéger la population.

Un nouveau modèle de gestion des déchets électroniques proposé par l’ADIE

Contrairement aux déchets biomédicaux, les résidus de matériels

électroniques sont tous recyclables, indiquent des spécialistes.

Cela n’enlève en rien cependant au fait qu’ils peuvent être tout aussi

dangereux pour la population, car contenant certaines matières comme

le plomb, le mercure, le chrome et autres composants cancérigènes.

Pour pallier ces risques, l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE)

propose un nouveau modèle de gestion de ces types de déchets, en

gérant les matières plus valorisables.

A travers sa direction en charge de la solidarité, cette agence

publique, en collaboration avec une structure européenne spécialisée

en gestion de ce genre de déchets, forme avec certification des agents

au recyclage des déchets électroniques, notamment des personnes vivant

avec un handicap,

Elle envisage également de mettre en place une usine de recyclage pour

renforcer le package des déchets, notamment ménagers par le biais

d’une sensibilisation grand public. Plus de 50 tonnes de déchets sont

recyclés et traités chaque année par cette direction de l’ADIE.

« Nous avons remarqué qu’avec l’avancement technologique, les déchets

électroniques et électriques apparaissent de manière exponentielle au

Sénégal. Les importations ont augmenté dans la période quinquennale de

2013 à 2017, de 70 à 275% du nombre de kilogrammes d’équipements

électroniques et électriques », explique Cheikhou Gassama, chef de

division du projet E-déchet à l’ADIE.

Il reste que selon lui, les déchets électroniques et électriques

renferment d’abord des substances valorisables, comme le fer, le

cuivre, l’or ou l’aluminium.

« Autant des raisons de recycler des déchets, dit-il, car ce sont des

mines urbaines, mais parallèlement, ces équipements renferment

également des substances particulièrement alcalines comme le

phosphore, etc. »

Si le recyclage ne se fait pas dans les normes requises, prévient M.

Gassama, ces substances alcalines peuvent causer des problèmes

sanitaires et des dommages à l’environnement.

« Au Sénégal, il y a le secteur informel qui s’active dans le domaine

du recyclage. Tout en gagnant leur vie dans ce domaine », ces acteurs

« laissent les substances non valorisantes à la portée de tous, ce qui

constitue un risque pour eux et la population », ajoute-t-il.

Cheikhou Gassama signale que les déchets électroniques, une fois

recyclés, sont envoyés dans des établissements scolaires par exemple,

pour servir d’outils de formation aux apprenants.

Certains déchets non récupérables, une fois démantelés, sont

rapidement convoyés sur les sites de certaines entreprises privées

pour être vendus.

« Nous préconisons la professionnalisation du secteur, la prolifération

des filières de recyclage, ainsi que la mise en place d’une grande

unité de recyclage des équipements électroniques qui pourra gérer

toute la sous-région », déclare-t-il.

Il annonce que ce projet a été soumis à un organisme onusien pour son

financement.

LES DÉCHETS PLASTIQUES, RISQUE MAÎTRISABLE

Les pièces des déchets dangereux étant très coûteux, leur recyclage ne

se fait pas au Sénégal, mais en Europe une fois triées, afin qu’elles

y soient détruites, selon le chef de division du projet E-déchet à

l’Agence de l’informatique de l’Etat.

Comme pour les autres ordures, le traitement des déchets plastiques

présente également des risques sanitaires, mais maîtrisables lorsque

les mesures d’hygiène sont prises, assurent des experts.

Cela encourage plusieurs structures à s’adonner au recyclage,

notamment SEN-ECOKAF, une entreprise d’embellissement et de

nettoiement de Kaffrine (centre), avec la précaution particulière que

cette dernière veille particulièrement à l’application des règles

d’hygiène dans la conduite de ses activités.

« Une fois les déchets plastiques récupérés, nous procédons d’abord au

tri par couleur, taille, type de famille, etc. Ensuite, les déchets

sont fragmentés, découpés, broyés, etc. Certains sont lavés, d’autres

sont mis en sac ou en atelier [pour la fabrication] d’autres produits

explique le directeur général de SEN-ECOKAF, Abdou Lahad Ndao.

Selon lui, le recyclage des déchets plastiques reste un procédé de

traitement des matériaux permettant de réintroduire la matière prise

en charge, sans destruction de sa structure chimique, dans la

production d’un nouvel objet.

Il signale qu’il est possible de recycler les déchets en matières

plastiques après leur fragmentation ou après leur dissolution.

Dans le cadre du recyclage mécanique, les plastiques utilisés sont des

matières triées et non contaminées, fait-il savoir.

S’agissant du recyclage après dissolution, il permet d’utiliser les

plastiques contaminés par mélange à d’autres plastiques ou à d’autres

déchets.

Plusieurs structures privées procèdent à des recyclages des déchets

solides, en raison de leur capacité à être revalorisés.

Dans le cas de SEN-ECOKAF, cette structure travaille en collaboration

avec des associations et groupement des femmes à travers des campagnes

de sensibilisation pour obtenir des matières plastiques, indique M.

Ndao.

LA DÉCHARGE DE MBEUBEUS, UNE VRAIE MINE URBAINE

Malgré la difficulté de la tâche et la pénibilité de cette activité,

le recyclage des déchets reste une source intarissable de revenus pour

certaines personnes.

A la célèbre décharge de Mbeubeuss, située à Malika, dans la grande

banlieue dakaroise, des jeunes gens et des personnes plus âgées

s’activent du matin au soir dans le tri et la collecte d’ordures

recyclables.

De loin, les nombreux camions bennes se suivant en file indienne pour

déverser leur contenu de déchets collectés partout à Dakar,

renseignent sur la grande activité de cette place névralgique de la

gestion des ordures dans la capitale sénégalaise.

Sur place, une question d’habitude peut-être, collecteurs et vendeurs

semblent peu indisposés par l’odeur particulière des ordures et la

fumée provenant de l’incinération de certains déchets sans se

plaindre.

« Ce travail est pénible et difficile à accepter pour une personne

normale, mais il permet de gagner énormément d’argent. Il m’a permis

d’acquérir deux maisons familiales à Dakar et un terrain près de la

décharge qui me sert de dépôt », témoigne Ndiaga Guèye, ferrailleur et

tenancier d’un dépôt à Mbeubeus.

Se plaignant du fait que lui et ses collègues sont considérés comme

des bannis de la société, ce ferrailleur assure se satisfaire de

pouvoir gagner en une seule journée, ce qu’un salarié ne peut espérer

gagner en un mois.

« Le prix de vente est arbitrairement fixé par les usines, le kg

d’ordure peut ainsi fluctuer entre 100 et 130 francs CFA, selon la

volonté des uns et des autres, alors que nous l’achetons à 100 FCFA

auprès des jeunes collecteurs », poursuit-il.

Les recycleurs peuvent ainsi traiter en moyenne jusqu’à deux tonnes

par an, même s’ils se plaignent de la mauvaise foi des usiniers en ce

qui concerne la tarification.

« Ma plus grosse vente remonte à l’époque de Wade (l’ancien président

sénégalais Abdoulaye Wade, au pouvoir de 2000 à 2012), comme il y

avait une concurrence entre les usines, j’ai eu à ventre une fois en

une journée 5 tonnes, soit 1.750. 000 francs CFA », ajoute-t-il.

Abdou Gadjé, jeune collecteur de 17 ans, n’est pas le dernier de

Mbeubeuss à se vanter de ses revenus, en moyenne 6 à 7 mille FCFA

voire plus de gains par jour.

« L’accès à la décharge est libre. Il faut par contre être un dur à

cuir pour y rester, car c’est un milieu empesté de délinquants »,

témoigne-t-il, évoquant des conditions de travail « exécrables à cause

du manque d’équipements ».

Il a toutefois émis le souhait de voir les autorités confier la

gestion de cette décharge à des structures formalisées, publiques ou

privées, pour s’occuper de la formation et de l’embauche des jeunes.

AMN/BK/ASG

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