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A Tivaouane, les retraités travailleurs ne baissent pas les bras


  11 Janvier      36        Société (45100),

 

Tivaouane, 11 jan (APS) – A Tivaouane (ouest), l’une des principales cités religieuses du Sénégal, la retraite ne signifie pas toujours cessation de toute activité professionnelle, même si de nombreux séniors continuent de fréquenter les ‘’grand-places’’ pour participer à des discussions parfois très animées ou à des activités de loisir.

A côté de ceux dont le quotidien est rythmé par les va-et-vient entre maison et mosquée, des retraités d’une troisième catégorie continuent à faire valoir leur expérience professionnelle, le plus souvent dans les secteurs où ils étaient salariés ou dans des métiers connexes.

Abdoulaye Diouf, un ancien haut fonctionnaire, est de cette catégorie-là. Trouvé dans un ‘’grand-place’’ en train de deviser tranquillement de divers sujets avec ses amis retraités, il commence d’abord par déplorer l’âge de la retraite à 60 ans, en vigueur depuis le début des années 2000.

‘’Regardez, nous sommes tous des néo-retraités ici. J’étais un urbaniste et j’ai presque sillonné tout le Sénégal et la sous-région’’, dit-il.

Avec la retraite, le sexagénaire dit être désormais plus actif hors du Sénégal, où il monnaye son expertise, lors de sessions de formation.

Abdoulaye Sarr est un enseignant à la retraite. A la question de savoir ce qui le pousse à exercer encore le métier qu’il avait embrassé il y a plus de trente ans, « Monsieur Sarr » répond d’abord par un long sourire.

‘’Je ne connais que la craie, je suis à Tivaouane le vendredi soir, samedi et dimanche. Le lundi je repars à Thiès pour aider des enfants à bien réussir leur cycle primaire. Je le fais avec un grand plaisir’’, enchaîne-t-il, sans dévoiler son identité.

‘’Relever l’âge de la retraite’’

Ce bonheur n’est pas étranger à Ousmane Diarra. Cet ingénieur, qui porte bien son âge – 67 ans -, est à la retraite depuis 2016, mais c’est pour embrasser dans la foulée une seconde carrière en lançant sa propre entreprise spécialisée dans l’énergie solaire.

Ses journées sont tellement pleines qu’il se demande quand viendrait pour lui le moment d’observer ‘’une petite trêve’’ dans sa seconde carrière, embrassée après son départ de la fonction publique.

‘’Je pense que le moment est venu pour que le Sénégal repousse l’âge de la retraite. Je ne peux pas compter les retraités de ma génération encore très actifs dans leur secteur d’activité’’, dit-il.

Un débat très actuel dans certains pays comme la France, mais pas encore au Sénégal, où pourtant des déficits de personnel sont signalés dans des secteurs tels que l’éducation et la santé.

Ousmane Diarra considère que le Sénégal gagnerait beaucoup à valoriser les années d’expérience engrangées par ses retraités, en organisant le transfert de savoir-faire entre le troisième âge et les jeunes, qui apprendraient beaucoup aux côtés des séniors encore actifs.

‘’Avant ma retraite, j’ai mis sur pied une entreprise, car je n’envisageais pas de rester chez moi après une vie active bien remplie’’, raconte Abdoul Aziz Diop, un ‘’vétéran’’ qui a totalisé trente-deux ans de service dans l’action sociale à Tivaouane.

‘’J’ai accompagné 13 préfets’’, dont Mamadou Guèye, l’actuel patron du département de Tivaouane, qui bénéficie encore des conseils de l’ancien chef du service de l’action sociale, dont le père fut un fidèle compagnon de Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine, défunt khalife des tidjanes.

Très imprégné des réalités locales, Abdoul Aziz Diop a dirigé l’amicale des chefs de service de Tivaouane.

Titulaire d’un certificat de développement communautaire et de gestion des microentreprises en Israël, le sexagénaire forme des femmes à la gestion des microentreprises, à la demande d’organisations non gouvernementales, dont la Case des jeunes filles.

D’anciens chauffeurs de la fonction publique aujourd’hui à leur propre compte

Parallèlement, M. Diop officie comme chef de protocole du préfet, faisant parler sa grande connaissance de la sociologie de la localité. Ce qui fait souvent défaut aux nouveaux préfets qui arrivent dans le département de Tivaouane, fief de la confrérie tidjane du Sénégal.

Sa présence à leurs côtés peut s’avérer précieuse lors de visites chez les marabouts ou lors des cérémonies religieuses.

Actif dans le milieu associatif depuis 2018, Abdoul Aziz Diop est vice-président du Conseil national des aînés, la seule organisation de retraités reconnue par l’Etat du Sénégal.

Le phénomène des retraités travailleurs concerne aussi les anciens chauffeurs de l’administration, comme El Hadj Malick Mbaye.

‘’Depuis ma retraite en 2016, je fréquente plusieurs [gares routières] du département pour arrondir les fins de mois’’, confie-t-il, ajoutant, avec fierté : ‘’Je suis en forme et bien portant. Ma façon de conduire n’a rien à voir avec les cascadeurs qui peuplent les routes de Tivaouane.’’

Six ans après la retraite, il se fait gloire de cette anecdote qu’il ne se lasse pas de raconter. Un jour, après qu’il a transporté quatre passagers de Tivaouane à Dakar, l’un d’entre eux lui demande son numéro de téléphone. ‘’Depuis cette date, je suis le conducteur attitré de son épouse’’, dit-il.

Le passager complètement séduit lui explique que sa façon de conduire était unique, poursuit M. Mbaye, assis confortablement au volant d’un véhicule bien entretenu.

Ousmane Sarr milite au sein de l’Association nationale des pensionnaires de l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES), créée en novembre 2022. Une association dont la majorité des membres travaillait dans les installations des Industries chimiques du Sénégal à Diogo (ouest).

Revaloriser la pension de retraite

Cette association se bat pour la revalorisation des pensions de retraite, la reprise de la prise en charge médicale et l’intégration des retraités au conseil d’administration de l’IPRES.

Il se plaint des pensions ‘’très dérisoires’’ par rapport aux dépenses du foyer, dans un contexte où leurs enfants subissent de plein fouet les rigueurs de la conjoncture économique, avec le sous-emploi.

M. Sarr explore déjà des pistes de solution en s’appuyant sur la force du nombre. ‘’Les statistiques chiffrent à 140.000 le nombre de retraités. Si chaque retraité donne 1000 francs CFA par mois, nous aurons plus de 100 millions par mois et plus de 1 milliard par année.’’ Une somme qui pourrait aider au relèvement des ‘’maigres pensions’’ des retraités, pour leur permettre de disposer suffisamment de moyens, afin d’assurer leur prise en charge médicale, l’une des raisons qui poussent nombre de retraités à continuer à travailler.

Il préconise la création d’une fédération des associations de retraités.

Mme Sall, une ancienne employée d’hôtel à Mbour (ouest), a anticipé sa retraite. Elle a commencé une nouvelle vie professionnelle comme traiteur. ‘’Normalement, si je n’avais pas démissionné, j’aurais atteint l’âge de ma retraite en cette année 2023’’, dit cette femme qui, aujourd’hui, a pris ses marques dans le milieu des traiteurs.

‘’J’avoue que je n’ai pas attendu l’âge de la retraite pour créer mon entreprise’’, dit-elle, sans regret. Mme Sall s’investit désormais dans l’alimentation de masse en offrant ses services aux organisateurs de ‘’manifestations comme les grands rassemblements, les séminaires, etc.’’

‘’Tant qu’il me reste un souffle de vie, dit-elle, je suis dans l’obligation de satisfaire mes clients disséminés partout au Sénégal.’’

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