AGP Dialogue national : le président Oligui Nguema échange avec les membres du bureau AGP Gabon : Bientôt un recensement des biens de l’Etat AGP Coopération Gabon-France : un forum économique en perspective APS SENEGAL-PRESIDENTIELLE / Bassirou Diomaye Faye reçu en audience par Macky Sall MAP Afrique du Sud: Zuma exclu des prochaines élections (Commission électorale) MAP La CAF annonce les dates des finales de la Ligue des Champions et de la Coupe de la Confédération MAP Afrique du Sud: 45 morts dans un accident d’autocar au Limpopo APS SENEGAL-ITALIE-TRANSPORTS / ITA Airways va inaugurer en juillet une ligne Rome-Dakar APS SENEGAL-ENVIRONNEMENT / Bonne amélioration des taux d’accès à l’eau et à l’assainissement (expert) ANP Signature de convention entre le Niger et la Société WAPCO Niger pour un programme de formation de talents à Southwest Petroleum University de Chine

Afrique du Sud: La grogne monte en amont des élections générales (Eclairage)


  12 Avril      111        Politique (25166),

 

-Par Abdelghani AOUIFIA-

Rabat, 12/04/2019 (MAP)- A l’approche des élections générales, prévues le 8 mai prochain, l’Afrique du Sud vit au rythme d’une grogne sociale, qui prend la forme de violentes manifestations dans les différentes régions de ce pays en crise.
Véhicules incendiés, routes barrées par des pierres et des pneus enflammés, les scènes de violence se sont répandues cette semaine à Pretoria, à Johannesburg et au Cap, touchant en particulier les townships qui abritent une majorité noire en proie à la pauvreté et l’exclusion.
A Tshwane, région de la capitale Pretoria, les manifestants ont bloqué, depuis jeudi, les accès à plusieurs quartiers, poussant la police à tirer des balles en caoutchouc pour disperser les foules qui protestent contre la corruption et le manque de services publics.
A Johannesburg, hub économique de l’Afrique du Sud, la tension règne dans de nombreux quartiers, en particulier Soweto et Alexandra, deux gigantesques townships adossés à Sandton, centre financier de cette métropole cosmopolite.
Au terme de plusieurs jours de manifestations, les habitants d’Alexandra se sont déplacés en grand nombre à Sandton pour faire entendre leur voix, demandant des emplois et une vie digne. Les manifestants ont menacé de bruler ce quartier huppé où siègent la bourse de Johannesburg, l’une des plus importantes en Afrique, et de nombreuses multinationales.
Ces menaces ont obligé le président sud-africain Cyril Ramaphosa à se déplacer jeudi au Township pour tenter de dénouer la crise. Lors de cette visite entourée d’un imposant dispositif sécuritaire, le chef de l’Etat a présenté ses «excuses» à la population pour ne pas être venu leur parler plus tôt, soulignant qu’il comprenait leurs revendications. «Nous devons réagir à la douleur et à la souffrance que subit notre peuple», a-t-il dit, ajoutant que le message de la population du township  a résonné dans toute l’Afrique du Sud.
Les manifestations d’Alexandra sont un indicateur des divisions qui déchirent le parti de l’ANC (au pouvoir depuis 1994) et aggravent les problèmes économiques et sociaux qui plombent cette jeune nation en dépit de ses vastes ressources naturelles et ses infrastructures qui n’ont rien à envier aux pays les plus développés.
A l’approche des élections, Alexandra est devenu un champ de bataille entre l’ANC et l’Alliance Démocratique (DA), la principale formation d’opposition qui gère le grand Johannesburg, depuis ses succès éclatants lors des élections communales de 2016.
La DA accuse l’ANC de fomenter les manifestations «pour couvrir ses échecs», tout en mettant en garde que «les tactiques du parti au pouvoir risquent de plonger toute l’Afrique du Sud dans le chaos».
Le Cap, cet ultramoderne hub touristique de renommée mondiale situé au sud du pays, n’est pas resté à l’abri de la grogne sociale devenue endémique en Afrique du Sud. Si dans les autres régions les manifestations sont organisées pour protester contre la dégradation de la situation sociale, dans cette ville les protestations sont sous-tendues par un autre malaise qui ronge le pays, à savoir les disparités sociales.
Jeudi, de violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs quartiers de la ville quand les habitants des townships de la banlieue ont tenté d’envahir des terres appartenant à l’Etat et à la minorité blanche.
«Les manifestations sont liées à des tentatives d’invasion de terres», a déclaré Malusi Booi, responsable des établissements humains à la mairie du Cap.
Selon les autorités de la ville, les tentatives violentes d’invasion des terres se sont accentuées à l’approche des élections du 8 mai. Cette tendance violente a commencé depuis l’annonce du plan gouvernemental de réforme foncière, prévoyant des expropriations sans indemnisation de terres toujours largement aux mains de la minorité blanche en vue de leur redistribution aux paysans noires déshérités. Le plan, dont la mise en œuvre a été reportée jusqu’après les élections, polarise le pays et inquiète les investisseurs.
Selon des chiffres publiés par la mairie du Cap, les invasions de terrains dans la métropole ont augmenté de 53 pc en 2018, au moment où les protestations relatives aux terres se sont accrues de 249 pc.
La multiplication des manifestations à l’approche des élections inquiète le gouvernement, qui se veut rassurant, soulignant que toutes les mesures seront prises pour garantir le bon déroulement de l’opération électorale.
«Les manifestations n’empêcheront pas les Sud-Africains d’exercer leur droit démocratique à voter», a dit jeudi le ministre de la Police, Bheki Cele, soulignant que les autorités avaient déjà identifié des points chauds dans lesquels la présence de la police sera renforcée avant le scrutin. «Nous continuerons de traiter de manière décisive cette question», a-t-il ajouté.
Les analystes politiques estiment que la tension sociale qui monte dans le pays à l’approche de son sixième scrutin multiracial depuis la fin de l’apartheid en 1994, s’explique par les frustrations grandissantes en particulier parmi les jeunes nés dans cette Afrique du Sud postapartheid.
Plus de deux décennies après son émancipation, le pays arc-en-ciel souffre toujours des disparités les plus élevées au monde, une situation aggravée par un chômage et une pauvreté en hausse exponentielle.
Il s’agit, toujours selon les analystes, d’une situation qui devra amorcer de profonds changements au niveau du paysage politique dominé depuis 1994 par le parti de l’icône Nelson Mandela.
Une récente étude, réalisée par l’afro-barometer, un réseau africain de recherche non partisane qui effectue des sondages d’opinion sur la démocratie, la gouvernance et la conjoncture économique dans plus de 30 pays en Afrique, l’ANC devrait récolter seulement 48 pc des voix lors des élections de mai.
Au-delà de ce score, le réseau relève une désillusion accrue parmi l’électorat en raison des frustrations résultant des promesses non-tenues et de la culture d’impunité qui s’est ancrée dans le pays tout au long des deux dernières décennies.

Dans la même catégorie