Johannesburg, 24/02/2023 -(MAP)- La menace du braconnage des rhinocéros en Afrique du Sud s’est déplacée récemment vers les réserves privées qui abritent désormais plus de la moitié de la population de cette espèce en danger d’extinction sur le continent africain, a révélé une étude publiée dans la revue « Frontiers in Ecology and the Environment ».
« Alors que les réserves de gibier gérées par l’État ont renforcé les mesures visant à lutter contre le braconnage des rhinocéros, les réserves privées deviennent un refuge de plus en plus menacée pour cette espèce», a déclaré l’auteur principal de l’étude, Hayley Clements, chercheure à l’Université de Stellenbosch (le Cap) et l’Université d’Helsinki (Finlande).
L’Afrique du Sud, qui abrite près de 80% des rhinocéros de la planète, est frappée de plein fouet par les réseaux de braconnages qui continuent de décimer cette espèce en voie d’extinction.
Selon des chiffres annoncés récemment par la ministre des Forêts, de la Pêche et de l’Environnement, Barbara Creecy, quelque 448 rhinocéros ont été tués par des braconniers pour leurs cornes au cours de l’année 2022.
Mme Clements a souligné que les propriétaires de réserves privées ont du mal à maintenir leurs efforts de conservation alors que les coûts associés à la protection des rhinocéros montent en flèche et que les revenus générés deviennent insuffisants.
« Si un moyen efficace de financer durablement la conservation des rhinocéros ne se matérialise pas, un désinvestissement supplémentaire dans les rhinocéros par les propriétaires fonciers privés semble probable », a-t-elle averti.
La chercheuse a ainsi exhorté les autorités à inclure une structure fiscale plus favorable, un financement participatif et des politiques qui visent à augmenter la valeur des offres de tourisme et de chasse basées sur la faune.
Même son de cloche chez Glenn Phillips, vice-président des réserves au sein de l’Association privée pour la conservation des rhinocéros (PARC), qui a fait observer que le fait que les réserves et les propriétaires privés gèrent désormais la majorité des rhinocéros en Afrique du Sud nécessite « un changement dans la façon dont le gouvernement aborde la question de la conservation des rhinocéros ».
Récemment, le propriétaire du plus grand élevage de rhinocéros au monde, situé en Afrique du Sud, a décidé de mettre son établissement aux enchères à cause des coûts très élevés nécessaires pour assurer sa maintenance et son fonctionnement.
« Élever un rhinocéros jusqu’à l’âge de quatre ans peut coûter plus de 500.000 rands (28.000 dollars) », a déclaré John Hume (81 ans), un homme d’affaires sud-africain qui avait ouvert en 2009 cet élevage dans une propriété de 8.500 hectares dans le nord-ouest du pays.
