Ilias Khalafi –
Johannesburg, 07/07/2023 -(MAP)- Les municipalités sud-africaines continuent de faire face à des déficiences alarmantes en matière de bonne gouvernance, entravant le développement socio-économique du pays et sapant la confiance des populations dans les institutions de l’État.
L’inefficacité, la corruption généralisée et la mauvaise gestion des ressources constituent des défis majeurs qui affectent l’administration sud-africaine. Cependant, à l’échelle des collectivités locales, l’intensité de ces problèmes a atteint son paroxysme.
Ces entités territoriales jouent, en effet, un rôle vital dans la prestation des services publics et le développement des communautés locales. Elles représentent des acteurs de proximité chargés de répondre aux besoins fondamentaux des citoyens.
Toutefois, la réalité est loin de correspondre à cet idéal. Les Sud-africains subissent de plein fouet les conséquences des dysfonctionnements des services aussi basiques que l’eau potable, l’assainissement, l’électricité, les infrastructures de transport, l’éducation et la santé.
Selon les experts, plusieurs facteurs contribuent à paralyser les municipalités et à limiter leurs capacités à fournir des services efficaces et de qualité, notamment l’incapacité à collecter les recettes fiscales, la mauvaise gestion des ressources disponibles, la dette insoutenable et le manque de compétences.
Les problèmes de planification, de gestion financière et des ressources humaines sont également légion. D’après les résultats de l’audit municipal pour 2021/2022, seules 38 des 257 municipalités sud-africaines ont réalisé un audit sans faute, soit moins de 15 %.
Une année auparavant, le Trésor national avait révélé que 151 municipalités se trouvaient au bord de l’effondrement, alors que 43 se sont déjà effondrées et nécessitent une intervention urgente pour les remettre sur les rails.
Au fil des années, la situation des gouvernements locaux ne cesse de se détériorer dans tous les domaines, avec une baisse des audits propres, ainsi qu’une hausse des dépenses irrégulières. Les chiffres du bureau du Vérificateur général font état de 30 milliards de rands (1,6 milliard de dollars) utilisés en 2022 sans respecter les règlements en vigueur.
L’institution a également averti que «près de 50% des municipalités n’étaient pas en mesure de publier des états financiers, ce qui reflète un manque de compétences pour assurer une bonne gestion financière».
Selon la Vérificatrice générale, Tsakani Maluleke, le manque de leadership politique solide est l’une des causes profondes de la détérioration de la situation financière des collectivités locales.
D’autres affirment que le pays a besoin d’un « leadership éthique » pour améliorer la gouvernance locale, instaurer la confiance, promouvoir la transparence, lutter contre la corruption et veiller à ce que les intérêts des citoyens soient placés au premier plan.
Alors que cette perspective ne semble pas être à l’ordre du jour, les sentiments de frustration et de mécontentement s’accentuent au sein des populations. De nombreux observateurs estiment ainsi que si la situation continue de se détériorer dans les municipalités, l’agitation et les troubles sociaux risquent de s’exacerber et d’ébranler la paix sociale dans le pays de Nelson Mandela.