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AFRIQUE-MONDE-LITTERATURE-NECROLOGIE / Décès de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé


  2 Avril      50        Arts & Cultures (3404),

 

« Dakar, 2 avr (APS) – L’écrivaine française d’origine guadeloupéenne Maryse Condé, qui a enseigné au Sénégal, en Guinée et au Ghana dans les années 1960-1968, est décédée dans la nuit de lundi à mardi, à l’âge de 90 ans, annoncent plusieurs médias.

Née le 11 février 1934, à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Maryse Liliane Appoline Boucolon, universitaire et romancière et auteur de ‘’La vie sans fards’’ (2012), est une ancienne journaliste de Radio France internationale (RFI), professeure de littérature et écrivaine d’expression française.

‘’C’est une perte. C’est une écrivaine que j’admirais beaucoup pour son goût de la littérature’’, témoigne la jeune écrivaine sénégalaise, Ndèye Fatou Kane.

Elle estime que le décès de Maryse Condé qu’elle a rencontrée en 2018, au salon du livre de Paris (France), augure la fin d’une époque de grandes personnalités de la littérature monde. ‘’C’est à nous de prendre le relais’’, lance-t-elle, jointe au téléphone par l’APS.

Ndèye Fatou Kane dit apprécier dans la riche bibliographie de l’écrivaine d’origine guadeloupéenne, la densité de ‘’La vie sans fards’’, ouvrage où l’auteur se raconte.

‘’Dans +La vie sans fards+, elle raconte sa vie de femme noire, d’expatriée, de mère ; sa quête de liberté et surtout, elle y explose tous les codes’’, explique l’auteure du roman ‘’Au nom du père’’.

Maryse Condé, née Boucolon, est décrite comme une ‘’indépendantiste guadeloupéenne’’ qui a à son actif une soixantaine de romans d’essai, de pièces de théâtres.

Après avoir vécu pendant une dizaine d’années sur le continent africain, Condé estime, dans un entretien avec RFI, que ‘’ce retour en Afrique m’a permis de m’assumer en tant que femme noire et de devenir cet écrivain que je suis devenue’’.

Son premier roman date de l’âge de onze ans. ‘’La littérature est son lieu d’expression privilégié’’, peut-on ainsi lire dans sa biographie.

Selon cet ouvrage, elle a obtenu son doctorat de lettres à la Sorbonne en 1975 et ses voyages servent de toile de fond au roman ‘’Hérémakhonon’’ (1976), dont l’héroïne est une jeune femme antillaise en quête de ses racines.

On lui doit aussi ‘’Une saison à Rihata’’ (1981), un roman qui a pour cadre une ville africaine à la fin du XXe siècle.

L’écrivaine, très attachée à ses racines africaines, a également fait paraitre en 1984 et 1985 la grande saga africaine et son best-seller ‘’Ségou’’, un livre de deux tomes (Ségou : Les murailles de terre, 1984 ; Ségou : La terre en miettes, 1985).

Dans ce livre, Maryse Condé retrace le destin d’une famille de nobles bambaras de 1797 à 1860 au sein du royaume historique de Ségou, dans l’actuel Mali, déchiré par la traite des esclaves, l’islam, le christianisme et la colonisation.

Quant au roman ‘’Moi, Tituba, sorcière noire de Salem’’ (1986), il est inspiré de l’histoire d’une esclave jugée pour sorcellerie à Salem, selon sa biographie.

À partir de 1986, Maryse Condé a vécu entre New York (elle enseigne à Columbia de 1985 à 2002) et la Guadeloupe, où se situe l’action de ‘’La Vie scélérate’’ (1987).

Maryse Condé qui écrit également des pièces de théâtre, des livres pour enfants et des essais sur la littérature a publié ‘’La Colonie du Nouveau Monde’’ (1993), ‘’La Migration des cœurs’’ (1995) et ‘’Desirada’’ (1997), ‘’La Belle Créole’’ (2001), ‘’Histoire de la femme cannibale’’ (2003), ou encore ‘’Le Fabuleux et Triste Destin d’Ivan et d’Ivana’’ (2017).

En janvier 2004, elle a présidé le comité pour la mémoire de l’esclavage, en vue de l’application de la loi Taubira qui, en 2001, a reconnu la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité.

Le 9 décembre 2018, elle a reçu à Stockholm le ‘’Prix Nobel alternatif de littérature’’, décerné par la Nouvelle Académie.

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