« Dakar, 25 oct (APS) – Un forum scientifique a mis en exergue, vendredi à Dakar, la nécessité d’une approche multisectorielle dans la réponse aux maladies vectorielles, hydriques et zoonotiques, étroitement liées aux changements climatiques.
Cette rencontre, organisée dans le cadre de la 7ᵉ édition du Forum Galien Afrique, portait sur “les actions sanitaires et communautaires face aux crises climatiques et environnementales”.
“On ne peut séparer le climat de la santé, puisque les changements climatiques entraînent des maladies vectorielles dans des zones qui ne connaissaient pas le paludisme, la dengue et des maladies zoonotiques comme la mpox ou variole du singe”, a déclaré le directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), docteur Jean Kaseya.
Il intervenait, en même temps que plusieurs autres experts, lors d’un débat organisé sur ce thème, dans le cadre de la 7ᵉ édition du Forum Galien Afrique.
De six pays affectés au début, la variole du singe ou mpox touche désormais 18 pays du continent avec déjà 2000 morts, alors que jusque-là, seuls cinq décès avaient été enregistrés après son apparition en 2022, a relevé docteur Kaseya.
Il a insisté sur la nécessité de “trouver des solutions à caractère multisectoriel en liant la santé, l’agriculture, l’éducation aux changements climatiques pour une réponse holistique”.
“Le climat affecte nos pays, et nous devons trouver des solutions à impact direct sur le bien-être et la santé des populations en réduisant par exemple l’infestation des moustiques dans les zones de drainage des eaux”, a-t-il dit.
Il a suggéré “un changement des programmes dans les écoles avec des enseignements sur la conservation des eaux pour la réduction des maladies hydriques, l’hygiène alimentaire, l’éducation climatique et d’autres thématiques de prévention et de préservation de l’environnement”.
“Les enseignements sur l’éducation climatique ne remontent pas à longtemps dans beaucoup pays, tandis que d’autres n’ont pas encore franchi le pas”, a-t-il fait observer.
“Nous devons travailler ensemble pour des infrastructures adaptées et des financements conséquents”, a poursuivi le directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies.
Il a préconisé l’approche “One Health” (Une seule santé), pour “une dimension holistique de la réponse en mettant sur le même pied la santé, l’environnement, l’agriculture et l’élevage”.
Dans cette perspective, “tous les secteurs sont interpellés, les jeunes, les femmes, la société civile, les institutions académiques, les institutions internationales, les leaders politiques, les décideurs”, a de son côté souligné le président de la Fondation Kofi Annan, relevé pour sa part El Hadj As Sy, qui a prononcé la leçon inaugurale de cette rencontre.
“Au moment où nous parlons, une partie de notre pays est sous les eaux, au Tchad également des régions où on n’attendait pas des pluies sont actuellement inondées et là où on l’attendait, la pluie se fait rare”, a-t-il fait observer.
Sur la base de ce constat, il préconise une plus grande promotion de la multsectorialité au niveau national et régional.
”Il faut se préparer, avoir une réponse précoce, en s’assurant de laisser au niveau des communautés impactées des capacités qui vont leur permettre la prochaine fois de résister au choc, mais combien de fois revient-on dans la même région avec les mêmes communautés, les mêmes problèmes ? “, s’est-il interrogé.
Selon El Hadj As Sy, “la multisectorialité doit consister à avoir cette alliance qui permettrait d’être là avant, pendant et après les chocs, et d’avoir un accompagnement continu qui prendra en compte les différentes dimensions [de cette question], soit pour renforcer les capacités, soit pour changer le mode d’habitat, le mode d’évacuation des eaux ou trouver dans la recherche et l’innovation des plantes résistantes aux changements climatiques”.
La 7ᵉ édition du Forum Galien sera clôturée par la remise du Prix Galien Afrique 2024, sous la présidence du chef de l’État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye.