Brazzaville, 31 août (ACI)- Le directeur exécutif de Roll Back Malaria (Rbm), le Dr Michael Adekunle Charles, a indiqué, le 29 août à Brazzaville, que l’année 2025 marquera une étape cruciale dans la lutte contre le paludisme sur le continent africain.
« Nous sommes à cinq ans de l’échéance des Objectifs de développement durable (Odd), et cette période est critique non seulement pour évaluer nos progrès, mais aussi pour réviser nos stratégies futures, car nous aurons besoin de fonds », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse tenue en marge de la 74e session du Comité régional de l’Oms Afrique.
À cette occasion, il a lancé un appel urgent pour un financement accru de la lutte contre le paludisme, soulignant que cette maladie exacerbe les inégalités sociales et économiques en Afrique. Il a, également, mentionné le rôle clé du Fonds mondial dans la lutte contre le Vih, la tuberculose, et le paludisme, ainsi que l’implication de Gavi dans la vaccination.
« Alors que les Odd visent à mettre fin au paludisme d’ici 2030, il est alarmant de constater que seulement 3,5 milliards de dollars ont été investis pour y parvenir. Cela représente moins de la moitié des 7,3 milliards de dollars nécessaires pour atteindre les objectifs », a précisé le Dr Adekunle Charles.
Malgré les progrès accomplis au cours des 20 dernières années dans la lutte contre le paludisme, grâce aux innovations ayant permis d’éviter 11,7 millions de décès dus à cette maladie, on constate une recrudescence ces dernières années. L’Afrique est la plus touchée, avec plus de 90 % des cas de paludisme et 70 % des décès survenant sur ce continent.
Il est important de noter que 70 % des décès liés au paludisme dans le monde se concentrent dans 11 pays africains, dont le Burkina Faso, le Cameroun, le Ghana, le Niger, le Nigeria, la Rdc, le Soudan, et la Tanzanie. Ces pays ont signé la Déclaration de Yaoundé, affirmant ainsi leur engagement à éradiquer les décès causés par le paludisme et à adopter des mesures plus résolues en vue d’éliminer cette maladie.
Selon lui, le paludisme est « une injustice inacceptable », car les chiffres montrent un écart considérable dans la gestion de la lutte contre le paludisme et d’autres maladies.
« Alors que nous reconstituons des ressources telles que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, nous devons nous assurer que nous investissons de manière adéquate dans la lutte contre toutes les maladies, y compris le paludisme, sans laisser personne de côté, qu’il s’agisse d’individus ou de pays privés du soutien nécessaire », a martelé le Dr Adekunle Charles.
Le Partenariat Rbm a averti que si ce déficit de financement persiste, le nombre de décès dus au paludisme pourrait doubler, ce fait correspondrait aux pires scénarios prévus au début de la pandémie de Covid-19. Il a insisté sur le fait que la lutte contre le paludisme ne relève pas uniquement du ministère de la Santé, mais de la responsabilité de tous.
« Si autrefois un enfant mourait toutes les 30 secondes à cause du paludisme, aujourd’hui, les décès surviennent toutes les deux minutes. Voilà pourquoi chacun doit s’impliquer dans la lutte contre le paludisme. Des pays comme le Cap-Vert ont montré qu’il est possible d’éliminer le paludisme, mais la vigilance est essentielle pour éviter une résurgence », a-t-il estimé.
Pour le Dr Adekunle Charles, il est possible d’atteindre l’objectif « zéro paludisme ». « Le vaccin est important mais il n’est pas efficace à vie. Le vaccin seul ne suffit pas, il faut ajouter les différents traitements et continuer à éduquer la population à dormir sous des moustiquaires imprégnées », a-t-il fait savoir.
En juin, une analyse du Partenariat Rbm et de Malaria no more uk a montré que rétablir les efforts pour atteindre la cible des Odd d’élimination du paludisme d’ici 2030 pourrait augmenter le PIB de l’Afrique de 127 milliards de dollars, soit une augmentation moyenne de près de 16 milliards de dollars par an, correspondant à plus de 10 % des dépenses annuelles en matière de santé.
Cette rencontre avait pour but d’inviter les journalistes à communiquer afin de mettre un terme à cette injustice de financement pour éradiquer le paludisme.