Maputo, 05/10/2022 (MAP)- L’ONG internationale Médecins sans frontières (MSF) a tiré, mercredi, la sonnette d’alarme sur la situation précaire de la santé mentale au Mozambique, en raison du conflit qui a éclaté en 2017 dans la province de Cabo Delgado (nord).
«Vivre un conflit aussi prolongé, avec peu ou pas de perspective d’un avenir stable, a de profondes conséquences sur la santé mentale», a déclaré l’organisation dans un communiqué parvenu à la MAP.
Elle a ajouté que près d’un million de personnes sont actuellement déplacées dans le nord du Mozambique après avoir fui leur foyer en quête de sécurité, notant que certaines personnes ont été déplacées à plusieurs reprises, abandonnant leurs biens, moyens de survie, proches et communautés lors de chaque déplacement.
«Cinq ans plus tard, certaines communautés de Cabo Delgado vivent toujours dans une peur constante et continuent de subir des traumatismes et des pertes. Beaucoup ont été témoins de meurtres, d’autres ont perdu le contact avec leurs proches et ne savent toujours pas où ils se trouvent», a regretté MSF.
Un responsable communautaire de Mocímboa da Praia, un district du nord de la province, a confié à l’ONG qu’il a dû recommencer à zéro maintes fois et vit actuellement dans un campement temporaire dans le district de Palma (nord).
Tatiane Francisco, responsable des activités de santé mentale de MSF, a expliqué que le stress aigu et l’anxiété dus à l’incertitude et au manque de perspectives, ainsi que la perte de proches et le chagrin sont les principales raisons pour lesquelles les populations demandent des consultations en santé mentale.
«Les histoires que les gens nous rapportent concernent des mères qui ont dû abandonner leurs enfants lors d’une évasion et ne savent pas comment ils vont aujourd’hui, des enfants qui ont été témoins de la mort de leurs parents, des gens qui ont vu la mort d’autres membres de la famille», a-t-elle poursuivi.
Elle a de même noté que «lorsque vous êtes constamment sous cette peur, il est difficile de penser à l’avenir et de planifier. Vous vivez toujours en mode survie».