Abidjan, 1 et déc 2014 (AIP)- Le président de la République du Sénégal Bassirou Diomaye Faye a annoncé, dimanche 1 er décembre 2024, cinq mesures pour ‘’restaurer la mémoire et la dignité’’ des tirailleurs sénégalais, rapporte l’Agence de presse sénégalaise (APS).
‘’Nous devons encourager cette dynamique pour restaurer la mémoire et la dignité des tirailleurs sénégalais. Pour ma part, j’initierai plusieurs mesures de réappropriation de cette histoire commune avec 16 pays africains frères’’, a-t-il déclaré dans son discours marquant la commémoration du 80e anniversaire du massacre des tirailleurs par l’armée coloniale française, à Thiaroye, le 1er décembre 1944.
Le chef de l’État sénégalais a notamment indiqué qu’un Mémorial à l’honneur des tirailleurs sera érigé à Thiaroye ‘’pour servir de lieu de recueillement ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires’’, ainsi qu’un centre de documentation et de recherche dédié ‘’pour conserver la mémoire’’ de ces soldats africains ayant participé à la libération de la France du joug nazi.
Le président Faye a également annoncé que des rues et places porteront le nom de cet événement tragique, de ces soldats pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien.
Il en en outre souligné que ‘’l’histoire de Thiaroye sera enseignée dans les curricula éducatifs’’, ajoutant que la Journée du tirailleur est désormais fixée le 1er décembre de chaque année.
‘’Les générations futures grandiront avec une compréhension approfondie de cet épisode de notre passé’’, a soutenu chef de l’État sénégalais.
Le Sénégal commémore ce dimanche 1 er décembre 2024 le massacre des soldats africains d’Afrique subsaharienne, appelés tirailleurs sénégalais, et incorporés dans les troupes coloniales françaises.
Les tirailleurs sénégalais sont un corps de militaires originaires de pays d’Afrique subsaharienne incorporé aux troupes coloniales.
L’épithète ‘’sénégalais’’ leur est accolé parce que c’est au Sénégal que s’est formé en 1857 le premier régiment de tirailleurs africains.
C’est le général Louis Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal, qui crée le corps des tirailleurs sénégalais, suite à un décret signé par Napoléon III le 21 juillet 1857, pour pallier le manque d’effectifs de la France métropolitaine.
Lors de la Première Guerre mondiale (1914-18), environ 200 000 tirailleurs originaires d’Afrique occidentale française (AOF) sont mobilisés sous le drapeau français.
Plus de 135 000 sont envoyés sur les théâtres d’opération en Europe et quelque 30 000 soldats du corps des tirailleurs y ont trouvé la mort et beaucoup d’entre eux sont revenus blessés ou invalides.
Entre 1939 et 1944, près de 140 000 Africains sont engagés par la France, constituant ainsi la moitié des effectifs des forces françaises qui ont participé à la libération de la France occupée par l’Allemagne nazie.
Le 23 août 1944, c’est un régiment de tirailleurs sénégalais qui libère la ville de Toulon, à la suite du débarquement de Provence. Cette date avait été choisie, en 2004, par le président Abdoulaye Wade (2000-2012) pour célébrer une Journée internationale des tirailleurs sénégalais.
Les tirailleurs sénégalais se sont battus pour l’Empire colonial français, dont les autorités les engagent dans des conflits qui ont opposé la France à ses colonies : en Indochine (1946-1954), en Algérie (1954-1962), à Madagascar (1947).
Aux tirailleurs qui ont été massacrés le 1ᵉʳ décembre 1944 à Thiaroye, le poète Léopold Sédar Senghor a dédié un de ses plus célèbres poèmes, dans le recueil « Hosties noires ».
Le premier décembre 1944, des tirailleurs sénégalais démobilisés et renvoyés en Afrique après la Seconde Guerre mondiale, sont massacrés par l’armée française alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France.
En novembre 1944, 1 280 soldats, selon des chiffres officiels, issus de différents territoires de l’Afrique occidentale française, sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres du centre de Dakar, avant d’être tués à l’arme automatique.
Ces tirailleurs viennent des colonies de la Côte d’Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin), du Gabon, de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de l’Oubangui-Chari (actuels Tchad et Centrafrique), du Sénégal, du Soudan français (actuel Mali), du Niger et du Togo.
Pour accélérer leur retour en Afrique après la libération de la France, les autorités promettent de payer leurs soldes une fois arrivés à Dakar.
Arrivés au Sénégal le 21 novembre 1944, ils sont installés en tant qu’anciens combattants dans un camp militaire, à Thiaroye. Les soldats continuent la procédure pour se faire payer leurs indemnités et le versement du pécule couvrant quatre ans (1940-44), correspondant à la période où ils ont été faits prisonniers.
Sur leur insistance, le commandant leur donne rendez-vous sur la place des armes. Le 1ᵉʳ décembre 1944, à l’aube, ils sont réveillés au clairon. Le haut-commandement leur demande de se rassembler sur l’esplanade du camp. Là, ils s’aperçoivent que le camp est complètement encerclé par divers régiments. Le haut-commandement de l’armée française fait alors ouvrir le feu sur des centaines de soldats démobilisés.
Encore aujourd’hui, il y a divergence sur le nombre de morts dans ce massacre. Si deux rapports officiels français différents parlent respectivement de 35 et 70 morts, certains historiens considèrent que le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines d’hommes tombés sous les balles de leurs camarades soldats.