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Côte d’Ivoire-AIP/Inter/ Soudan du Sud : plus de 73 millions de dollars détournés depuis 2018 dont 39 millions en moins de deux mois


  23 Septembre      50        Economie (20953), Politique (25314),

 

Abidjan, 23 sept 2021 (AIP)- Les élites politiques sud-soudanaises détournent illicitement des millions de dollars, sapant les droits de l’homme fondamentaux et la stabilité, a constaté jeudi 23 septembre 2021 la Commission onusienne des droits de l’homme sur le Soudan du Sud.

Dans son dernier rapport présenté jeudi au Conseil des droits de l’homme à Genève, les enquêteurs onusiens notent que plus de 73 millions de dollars américain ont été détournés depuis 2018. « Dans un seul exemple emblématique, des transactions d’une valeur d’environ 39 millions de dollars américains ont été détournées sur une période de moins de deux mois », ont fustigé les enquêteurs de l’ONU.

Selon la Commission, ce chiffre ne représente qu’une « fraction du montant global pillé » et la partie visible de l’iceberg. « Comme le Président Salva Kiir l’a lui-même admis dès 2012, les élites dirigeantes du Soudan du Sud ont détourné plus de 4 milliards de dollars », a déclaré la Présidente de la Commission onusienne, Yasmin Sooka.

Ce pillage constitue un moteur essentiel du conflit en cours

« La documentation de la Commission sur la corruption, le détournement de fonds, les pots-de-vin et les malversations de fonds publics par les élites politiques n’est que la partie émergée de l’iceberg », a-t-elle ajouté.

Selon Mme Sooka, les élites sud-soudanaises ont délibérément adopté un système très informel de collecte des revenus pétroliers, dans lequel l’absence de contrôle indépendant et de transparence facilite et permet le détournement de fonds publics.

Des processus tout aussi défectueux et non transparents pour le paiement des contrats, les achats et les recettes sont exploités de manière illicite pour détourner les recettes non pétrolières. A ce sujet, la Commission a révélé comment un seul paiement effectué illégalement en mai 2018 par le ministère des Finances à l’homme d’affaires soudanais Ashraf Seed Ahmed, également connu sous le nom d’«Al Cardinal », représentait un pourcentage stupéfiant de 21,6 % du budget total du Soudan du Sud.

Des dépenses pour l’«utilisation de biens et de services » et les « dépenses d’investissement » pour l’ensemble de l’exercice fiscal 2018-2019.

Le rapport a également montré comment « le détournement systématique et illicite des ressources » de l’État a gravement porté atteinte aux droits socio-économiques et culturels des citoyens. « Ce pillage continue également d’alimenter la compétition politique entre les élites et constitue un moteur essentiel du conflit en cours, des violations et des crimes graves, compromettant les perspectives de paix durable », ont fait valoir les enquêteurs.

La liste des présumés auteurs de ces crimes économiques transmise au Haut-Commissariat

« Nos enquêtes ont permis de retracer exactement la manière dont cet argent est détourné, et nos conclusions, qui révèlent les schémas et les tendances de ces détournements, font état de l’implication de politiciens, de fonctionnaires du gouvernement, de sociétés internationales, de militaires et de banques multinationales dans ces crimes », a détaillé Mme Sooka. « Le ministère des finances et de la planification économique, l’autorité fiscale nationale et un certain nombre de sociétés étrangères ont tous été complices de cette affaire », a-t-elle ajouté.

Plus largement, ces « gains illicites » provenant des crimes économiques constituent également un « moteur important » du conflit armé au Soudan du Sud.

« Les conflits néfastes du Soudan du Sud ont été largement favorisés, voire motivés, par les possibilités de contrôler et de détourner les ressources naturelles ainsi que les revenus pétroliers et non pétroliers », a affirmé l’un des membres de la Commission, Barney Afako, pointant du doigt des orientations favorisant « des appareils militaires et de sécurité au détriment des investissements dans les services publics, les infrastructures et les moyens de subsistance ».

Face à ces « abus », la Commission a identifié plusieurs individus qui seraient liés à des violations des droits de l’homme et à des crimes économiques connexes, et les a inclus dans sa liste confidentielle qui sera transmise au Haut-Commissariat aux droits de l’homme afin de faciliter des enquêtes et des poursuites.

Les « ravages considérables » des consortiums pétroliers étrangers

Par ailleurs, la Commission rappelle que Juba est lié par la Convention des Nations Unies contre la corruption. En conséquence, « d’autres États parties à cette convention peuvent être obligés de rapatrier des fonds provenant du Soudan du Sud et utilisés illicitement pour acheter des biens immobiliers à l’étranger, comme nous l’avons documenté de manière très détaillée » a insisté Andrew Clapham, membre de la Commission onusienne.

Plus de 80% de la population du Soudan du Sud est considérée comme vivant dans une extrême pauvreté. Selon l’ONU, le pays traverse la pire crise alimentaire observée depuis l’indépendance, avec plus de 7 millions de femmes, d’hommes et d’enfants endurant une faim sévère, ce qui représente le nombre le plus élevé jamais enregistré depuis 2011. Des dizaines de milliers de civils vivent dans des conditions de famine.

Sur un autre plan, le rapport s’est penché sur les activités de l’industrie pétrolière dominée par des « consortiums pétroliers qui n’ont aucun compte à rendre et dont les actions ont provoqué des ravages considérables, notamment une dégradation de l’environnement et des dommages ayant un impact sur la santé des citoyens ». « Le préjudice causé par ces grands consortiums pétroliers aux communautés locales, et en particulier l’impact sur les nourrissons qui continuent de souffrir de graves malformations congénitales, est tout à fait flagrant et dévastateur pour les familles », a fustigé Yasmin Sooka.

Neuf des dix États du Soudan du Sud ont « des niveaux de violence alarmants »

Sur le plan sécuritaire, la violence a continué d’augmenter dans tout le pays. Outre les violences ethniques entre les communautés Azande et Balanda à Tambura, en Équatoria occidental, des incidents à dimension ethnique sont également apparus dans les États de Warrap, des Lacs, de Jonglei et d’Unité. La Commission note que la quasi-totalité des dix États du Soudan du Sud connaissent « des niveaux de violence alarmants ».

Par exemple, plus de 100 civils auraient été massacrés dans le cadre du conflit ethnique meurtrier de Tambura en Equatoria occidental entre juin et août de cette année. Des femmes et des enfants auraient été violés et violentés sexuellement avant d’être assassinés. Le nombre de personnes déplacées par le conflit oscille entre 80.000 et 120.000, des milliers d’entre elles ayant fui vers l’État voisin du Bahr el Ghazal occidental et le comté d’Ezo.

Plus globalement, depuis le dernier rapport de la Commission au Conseil en mars dernier, la situation des droits de l’homme dans le pays s’est considérablement détériorée, alors que la violence et la répression se sont étendues.

L’augmentation du nombre d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées, de la torture et des traitements cruels et inhumains, ainsi que des viols et des violences sexuelles liées au conflit, témoigne d’une crise des droits humains. Selon la Commission, le recrutement d’enfants est en augmentation, tout comme les violences sexuelles liées au conflit.

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