Abidjan, 18/09/2023 (MAP) – La lutte contre l’extrémiste violent en Côte d’Ivoire passe par une approche régionale et transfrontalière, selon un rapport de l’Institut d’études de sécurité (ISS).
La collaboration étroite entre la Côte d’Ivoire et ses voisins est essentielle pour faire face à la nature transfrontalière de l’extrémisme violent et aux efforts des groupes extrémistes pour s’assurer les moyens de subsistance et les ressources financières dont ils ont besoin pour mener leurs actions, souligne le rapport de l’ISS publié sur son site internet.
Une attention doit être prêtée aux économies transfrontalières illicites et aux facteurs qui les alimentent, relève l’ISS.
«Parallèlement aux attaques menées dans le nord-est de la Côte d’Ivoire depuis 2020, les groupes extrémistes violents se sont infiltrés dans l’économie du bétail sur pied et l’orpaillage illégal afin de générer des ressources financières, de mobiliser des ressources humaines et de se procurer des moyens de subsistance», note le rapport publié lundi, estimant que les réponses à la menace doivent intégrer cette dimension et s’atteler à priver ces groupes de moyens indispensables à leur fonctionnement.
« Entre 2019 et 2021, des groupes extrémistes violents ont mené des incursions sur le territoire ivoirien, ainsi qu’une série d’attaques contre les forces de défense et de sécurité et des actes d’intimidation à l’encontre de la population », rappelle l’ISS.
Durant cette période, « le nord-est de la Côte d’Ivoire a servi de théâtre d’opération et de zone de refuge, d’implantation, de financement, de recrutement » pour ces groupes, qui se sont principalement enrichis par « l’orpaillage illégal et l’économie du bétail », ajoute-t-il.
L’ISS souligne que l’investissement de ces groupes dans ces domaines a « occupé une place centrale » dans leur « stratégie d’implantation ».
« L’élevage de bovins représente, après l’agriculture et avant l’exploitation minière et le commerce, l’une des principales activités socioéconomiques pratiquées le long de la bande frontalière entre la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali », deux pays minés par les attaques terroristes, selon le rapport.
L’institut suggère aux autorités ivoiriennes de « renforcer les dispositifs de contrôle d’origine et de traçabilité du bétail », parfois transporté jusqu’à Abidjan, et de « réguler le secteur de l’exploitation aurifère artisanale », notamment en réduisant « les coûts d’obtention des autorisations d’exploitation ».
De fin 2021 à juillet 2023, « aucune attaque significative n’a été relevée » en Côte d’Ivoire, constate l’ISS.
« L’économie la plus puissante en Afrique de l’Ouest francophone, a jusqu’à présent réussi à maintenir les jihadistes hors de ses frontières », soulignait un rapport de l’International crisis group (ICG) publié mi-août, notamment grâce à des réformes dans le secteur de la sécurité et à « un vaste programme de développement économique » dans le nord.
Après la série d’attaques terroristes enregistrée entre 2020 et 2021, ‘’le nord-est de la Côte d’Ivoire connait une période de calme relatif. Les groupes extrémistes violents n’ont cependant pas disparu et demeurent actifs dans le sud du Burkina Faso», fait remarquer l’ISS.