Johannesburg, 22/11/2022 -(MAP)- Depuis le début de l’année, la rue sud-africaine a plongé dans l’agitation. Le pays de Nelson Mandela vit au rythme de tensions sociales accrues dans un contexte de crise socio-économique qui ne cesse de creuser les inégalités et de faire grimper le taux de chômage.
Le climat social en Afrique du Sud s’est détérioré perceptiblement durant les derniers mois, avec des grèves et des manifestations récurrentes qui ont paralysé plusieurs secteurs d’activités dans le pays, allant de la logistique et le transport, à l’énergie, en passant par l’administration publique et la santé.
De grandes métropoles telles que Johannesburg, Pretoria, Durban ou le Cap, ont été le théâtre d’actes de vandalisme et de sabotage, faisant craindre une vague de troubles sociaux similaire à celle qui avait ravagé le pays en juillet 2021, causant d’énormes dégâts humains et matériels.
Souvent, la situation échappe au contrôle des pouvoirs publics : De grandes avenues et des autoroutes sont bloquées avec des pneus et des pierres, des bureaux municipaux et des véhicules de service sont incendiés, alors que des cas de pillage sont signalés dans les dépôts, les magasins et les supermarchés.
Les causes de cette instabilité sociale sont nombreuses : la détérioration des prestations des services publics de base, tels que l’eau et l’électricité, la prolifération de la criminalité, la hausse des prix, ou encore les conditions de travail défavorables. Les Sud-africains ont en ras-le-bol.
Des appels sont également lancés en permanence sur les réseaux sociaux pour manifester contre la corruption qui aggrave la crise sociale, dans un contexte marqué par un taux de chômage record (plus de 34%), des inégalités des plus criantes au monde et une pauvreté qui ne cesse de croitre.
Dernièrement, l’ancien Président sud-africain, Thabo Mbeki, avait déploré que le gouvernement ne dispose d’aucun plan pour relever ces défis sociaux, mettant en garde que le pays risque de connaitre de nouvelles émeutes si des solutions urgentes ne sont pas trouvées pour remédier aux maux dont souffre la société sud-africaine.
Même son de cloche chez Johan Burger, expert en sécurité à l’Institut des études de sécurité (ISS), qui a affirmé que le risque de nouvelles violences meurtrières en Afrique du Sud est assez grand, notamment avec l’aggravation de la crise économique et les taux de chômage records, notamment chez les jeunes (plus de 60 pour cent).
« Nous devrions nous inquiéter face à la situation qui règne dans le pays. Les tensions politiques et les problèmes liés à l’emploi, à la pauvreté et à la hausse des prix dans tous les domaines sont une bombe à retardement », a-t-il mis en garde.
M. Burger a souligné également que le mutisme du gouvernement n’avait fait qu’empirer les choses, arguant que l’inflation galopante, les prix alimentaires élevés, la hausse des prix du carburant et des taux d’intérêt ont laissé les Sud-africains frustrés et inquiets pour l’avenir.
Cette situation représente pour le gouvernement un casse-tête insoluble, la crise économique qui se prolonge ayant réduit significativement les recettes de l’État et, par conséquent, sa capacité à intervenir pour pallier les maux qui tiraillent la société.
De l’aveu même du Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, l’économie du pays ne croit pas à un rythme suffisant à même de faire face aux défis socio-économiques auxquels le pays est confronté.
Dans ce contexte très tendu, l’armée sud-africaine a été mise en état d’alerte pour parer à tout débordement de la situation. La Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) avait confirmé dans un communiqué que ses soldats pourraient être déployés pour soutenir les services de police dans leurs efforts visant à contenir de nouveaux troubles dans le pays.
Alors que tous les indicateurs économiques du pays sont dans le rouge depuis plusieurs années déjà, les observateurs et les analystes sont unanimes à souligner que si le gouvernement n’arrive pas à redresser la situation de manière urgente, l’Afrique du Sud se dirigerait certainement vers l’implosion sociale.
Ilias Khalafi
