Abidjan, 03 avr 2024 (AIP)- Des scientifiques ont lancé un appel aux populations ivoiriennes pour qu’elles se réapproprient leurs langues, les considérant comme des vecteurs d’identité, de développement et de progrès.
C’était à l’occasion d’un séminaire intitulé « Langues, civilisation africaine et développement intégral », tenu jeudi 28 mars 2024 à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, et organisé par la section ivoirienne du projet « La culture en langues africaines » et le Laboratoire Société, Individu, Culture (LaSIC).
Lors de ce séminaire, des chercheurs en lettres, linguistique, socio anthropologie et philosophie ont plaidé en faveur d’une réappropriation des langues africaines.
Cette rencontre, tenue en présentiel et en vidéoconférence, a réuni une soixantaine d’auditeurs de divers pays d’Afrique.
Elle visait à susciter un intérêt renouvelé pour les langues africaines et à encourager des actions concrètes pour leur valorisation.
Les participants ont échangé autour de plusieurs thématiques, notamment « L’édition en wolof, un levier pour le développement », présentée par le professeur Cheikh M. S. Diop de l’Université Assane Seck – Ziguinchor (Sénégal), « Les langues ivoiriennes, moyens de réappropriation de l’identité et des cultures locales », animée par le directeur de l’Institut de linguistique appliquée de l’UFHB, le professeur Kouamé Koia Jean Martial, et « De la possibilité de faire des langues africaines un vecteur de développement technologique », présentée par le docteur Yapo Séverin.
Le wolof promeut les valeurs ancestrales du Sénégal. Élevant la nation au-dessus des intérêts personnels, celles-ci fondent la stabilité politique, a indiqué le professeur Cheikh M. S. Diop.
Pour la promotion des langues africaines, le professeur Kouamé Koia Jean Martial a recommandé la transmission familiale. « On s’est rendu compte que souvent les parents ne maitrisent pas leurs langues maternelles. Nous leur conseillons de recruter un personnel de maison qui parle la langue et de lui demander d’échanger avec les enfants », a-t-il déclaré.
«Revenir à nos langues maternelles, c’est se réconcilier avec nous-mêmes, afin de mieux embrasser la civilisation numérique », a souligné le docteur Yapo.
Les participants au séminaire ont également plaidé en faveur de l’intégration des langues ivoiriennes dans les programmes scolaires et universitaires, ainsi que leur promotion par les autorités et dans les médias.
Suite aux échanges, les séminaristes ont traduit dans leurs langues maternelles des extraits de l’ouvrage « Aspects de la civilisation africaine » d’A. Hampâté Bâ.
Le séminaire initié par le docteur Yapo, met à disposition des outils de création de startups vouées à l’interconnexion des langues et ethnies africaines.