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Dr Noumouha Ghislain (Chercheur): L’introduction de matériel tongil en Côte d’Ivoire va permettre de booster notre production locale (Interview)


  7 Janvier      52        Agriculture (4121),

 

Man, 07 jan 2022 (AIP)- Les chercheurs du Centre national de recherche agronomique (CNRA), dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative de coopération Corée-Afrique pour l’Agriculture et l’Alimentation, dénommée projet KAFACI, sont arrivés à identifier à travers leurs recherches, des lignées de riz (variétés) résistantes aux principales contraintes (le virus de la panachure jaune, l’helminthosporiose et la toxicité ferreuse) qui limitent la productivité du riz en Côte d’Ivoire afin de booster la production nationale d’ici 2030, comme le prescrit la stratégie nationale de développement de la riziculture.

Dans une interview accordée à l’AIP, le généticien sélectionneur au programme riz du CNRA de Man, Dr Noumouha Ghislain, livre les prouesses de la recherche sur la sélection de nouvelles lignées de riz prometteuses pour le rendement et la résistance aux maladies. Interview.

Dans sa recherche à l’atteinte de l’objectif en autosuffisance alimentaire en riz, la côte d’ivoire a expérimenté des années durant plusieurs programmes et recherches sur la sélection de variétés de riz qui n’ont malheureusement pas donné les résultats escomptés. Un autre projet, dénommé développement de variétés à haut rendement et à bonne qualité du grain,et financé par le KAFACI est depuis 2019 mis en œuvre par le CNRA. Qu’est-ce qu’innove avec ce projet-ci ?

Il faut signifier d’entrée que l’enjeu ici, c’est que le riz est la principale source alimentaire de la population ivoirienne. Il est cultivé à peu près sur 326 000 hectares. Les types de riziculture les plus productifs sont confrontées à plusieurs problèmes. En effet, le riz de bas-fond et le riz irrigué qui représentent à peu près 51% des surfaces rizicoles et 71% de la production nationale sont confrontés à plusieurs contraintes qui limitent la productivité du riz en Côte d’Ivoire. Parmi ces contraintes, on note le virus de la panachure jaune, l’helminthosporiose et la toxicité due au fer.

Dans le cadre de la mise en œuvre depuis 2019, de l’initiative de coopération Corée-Afrique pour l’agriculture et l’alimentation (KAFACI), des lignées (variétés) de type tongil prometteuses pour leurs hauts rendements et leurs résistances aux stress biotiques, sont régulièrement introduites en Côte d’Ivoire pour améliorer les performances des variétés locales. La mise en œuvre de ce projet s’inscrit bien évidemment dans la stratégie nationale de développement de la riziculture qui couvre la période 2020-2030. Ce matériel tongil, que nous avons reçu en provenance de la Corée et qui a contribuer à la révolution verte de ce pays, a été créé à partir de deux sous-espèces (Indica et Japonica) de l’espèce Oryza sativa.

Quelles sont les caractéristiques que présentent ce matériel tongil ?

C’est un matériel qui a des rendements potentiels en riz blanchi de 7 à 8 tonnes à l’hectare. En termes de rendement en riz paddy, ce matériel peut atteindre jusqu’à 13 tonnes à l’hectare. En termes de goût, c’est un matériel qui a bonne qualité organoleptique. En plus, il a une bonne résistance aux maladies. L’introduction de ce matériel en Côte d’Ivoire va nous permettre non seulement de booster notre production locale, mais d’améliorer la résistance vis-à-vis des principales contraintes qui limitent la productivité du riz au niveau national.

Trois ans (2019 à 2021) après la mise en œuvre du projet KAFACI à travers les tests réalisés sur le matériel tongil en Côte d’Ivoire, quels sont les résultats obtenus ?

Dans le cadre de la première phase du projet KAFACI, nous avons identifié des lignées (variétés) qui sont résistantes aux principales contraintes que nous avons définies plus haut (le virus de la panachure jaune, l’helminthosporiose et la toxicité ferreuse). Ces variétés qui viennent de la Corée vont être utilisées comme parents pour améliorer la résistance aux maladies de nos variétés locales. Ça, c’est un premier résultat. Deuxième résultat que nous avons obtenu, nous avons fait des études d’adaptation de ce matériel qui est venu de la Corée dans des essais que nous avons conduits un peu partout sur le territoire national. A l’issue de ces premiers tests, nous avons pu identifier une dizaine de variétés qui ont une bonne performance par rapport aux matériels que les paysans utilisent déjà sur le terrain. Et le gain de rendement de ce matériel par rapport aux variétés que les paysans ont l’habitude d’utiliser tourne autour de 20 à 40%. C’est déjà prometteur pour la suite.

A ce niveau, quelle sera la prochaine étape de la recherche ?

Nous sommes à la dernière phase d’évaluation au niveau de notre programme de recherche. Dès que nous aurons fini d’identifier les variétés qui sont performantes, nous passerons à l’étape d’homologation qui est un quitus donné par le Gouvernement pour permettre au centre de recherche (CNRA) de diffuser ces variétés pour que les paysans puissent les cultiver plus tard.

Donc le processus d’homologation va consister à mettre en place des textes au niveau national pour permettre aux agents de l’Etat de venir vérifier les performances des variétés annoncées par la recherche. Vérifier si ce que nous avons dit, est effectivement vrai parce qu’on ne peut pas homologuer une variété qui ne répond pas aux besoins des producteurs. C’est ce rôle-là, que l’Etat, à travers le ministère de l’agriculture, va exercer à partir de ce test. Dès que les résultats seront confirmés, nous allons passer à l’étape d’une diffusion à grande échelle pour satisfaire les besoins des producteurs.

L’une des difficultés soulevées par les coopératives et les producteurs est la non disponibilité des variétés. La question est-elle adressée au niveau de la recherche ?

La disponibilité des semences elle-même s’inscrit dans la stratégie nationale de développement de la riziculture mise en œuvre par l’Agence pour le développement de la filière riz en Côte d’Ivoire (ADERIZ). Ainsi dans cette stratégie, il y a une planification qui a été faite sur les besoins en termes des semences des producteurs. Déjà, dès la mise en place de tests de performances nationaux, le CNRA produira des semences de pré-base et les bases, la première étape de production en quantité suffisante, pour permettre de couvrir les besoins des producteurs. Les semences de base seront mises à la disposition des entreprises semencières et des coopératives pour produire les semences « certifiées » à mettre à la disposition des producteurs.

Qu’en sera-t-il de l’encadrement des paysans sur le champ semencier avec ces nouvelles variétés ?

Dans une autre phase de ce projet, après l’homologation des variétés, nous passerons aux tests de démonstration. Ces tests de démonstration vont permettre aux paysans de s’approprier les itinéraires techniques qui accompagnent les variétés. Ces tests seront faits avec les agronomes du CNRA et les techniciens de l’Agence nationale d’appui au développement rural (ANADER). Ils permettront aux producteurs de connaître les performances de ces variétés et s’approprier les itinéraires techniques qui les accompagnent afin d’améliorer leurs productions.

Doit-on s’attendre à ce que les résultats de la mise en œuvre du projet KAFACI apportent une solution au problème de l’autosuffisance en riz en Côte d’Ivoire ?

Je ne dirai pas que la mise en œuvre du projet permettra d’atteindre l’autosuffisance en riz, mais, elle contribuera à l’autosuffisance en riz. Bien évidemment, le CNRA joue son rôle en mettant à la disposition des producteurs des variétés performantes et des semences en quantité suffisante. Mais, il y a d’autres éléments qui doivent être mis en œuvre à travers la stratégie nationale pour pouvoir atteindre l’autosuffisance d’ici 2030.

Quelles sont les perspectives en termes de recherche avec le projet KAFACI ?

Les perspectives avec le projet KAFACI sont bonnes parce que nous redynamisons notre programme de création variétale. En effet, depuis 1998, le programme riz du CNRA a cessé de faire la création variétale. On recevait uniquement que des lignées (variétés) venant des instituts internationaux comme Africa Rice et, on ne faisait que des études d’adaptation.

Mais aujourd’hui, nous mettons en place un programme qui va nous permettre de créer des variétés qui sont réellement adaptées aux besoins des riziculteurs. Je veux donc dire que les perspectives sont bonnes avec ce projet car il va permettre au CNRA de faire le travail que l’Etat de Côte d’Ivoire lui a assigné.

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