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Environnement : Le Niger compte plus de 6000 cuvettes oasiennes qu’il compte mettre en valeur


  24 Juillet      68        Environnement/Eaux/Forêts (7311),

 

Niamey, 24 juillet (ANP)- Les cuvettes oasiennes, ces cours d’eau encaissées au milieu des dunes de sable, présentent un intérêt notamment écologique et économique pour les populations riveraines, selon le Directeur de la gestion durable des terres au ministère nigérien de l’environnement et de lutte contre la désertification, M. Salissou Yahouza.

Souvent confondues aux oasis, les cuvettes oasiennes présentent des nuances par rapport aux premières, explique l’ingénieur des eaux et forêts.

« Quand nous parlons des oasis, nous parlons des oasis de l’Aïr et du Ténéré, là où nous avons une production (agricole) essentiellement basée sur phoeniciculture, c’est-à-dire la culture des dattes », alors que « les cuvettes oasiennes se trouvent généralement dans le Sud-Est du pays, précisément dans les Régions de Zinder et de Diffa (notamment dans les départements de Mainé Saroua,  Goudoumaria et de Gouré), où on les appelle des ‘’Korama’’», différencie-t-il.

« Quand on dit oasis, on fait allusion à un vert dans le désert. Les cuvettes aussi, c’est presque la même chose. Pour ce dernier cas, vous y trouvez des cours d’eau avec des nappes profondes, des nappes intermédiaires et des nappes affleurantes  qui  sont encaissées, c’est-à-dire entre des dunes de sable et avec des végétations  qui sont semblables à celles des oasis, généralement des palmiers dattiers et des palmiers doums et d’autres espèces et des animaux », poursuit-il.

En 2005, on dénombre  6321 cuvettes et bas-fonds dans ces trois (3) départements avec une superficie de 548 117 hectares.

Parlant de leur importance, Salissou Yahouza note que « les cuvettes oasiennes constituent un espace Agricole très important au Niger (agriculture, élevage, environnement). C’est des écosystèmes particuliers qui procurent assez de biens et de services aux populations riveraines ».

« Aujourd’hui tel que le contexte se présente avec les changements et variabilités climatiques, les activités agricoles deviennent de plus en plus aléatoires. Et on se rabat, même sur le plan politique, sur les irrigations  pour assurer la sécurité alimentaire. C’est le cas des 6.321 cuvettes et bas-fonds dans les départements de Gouré, Mainé Saroua et Goudoumaria », souligne l’expert nigérien.

Selon la source, « les cuvettes oasiennes constituent un potentiel pour le développement de la petite irrigation dans les zones où elles se trouvent et constituent un outil au développement de l’irrigation pour faire face aux changements et variabilités climatiques pour pouvoir produire à tout moment, puisqu’elles sont cultivées aussi bien pendant l’hivernage et pendant les saisons sèches à travers ce qu’on appelle communément  les cultures de contre-saison ».

Le 3 Août 2023, indique-t-on, le Niger célèbre le 63ème anniversaire de son accession à l’indépendance ou fête de plantation des arbres. Le thème retenu pour cette année est : « la préservation des cuvettes oasiennes, un impératif ».

Cette célébration vise, entre autres, à rappeler les efforts de préservation de ces cuvettes consentis par les autorités étatiques et les partenaires.

Selon M. Yahouza, beaucoup d’actions ont été entreprises pour la sauvegarde des cuvettes oasis.

« En plus des financements traditionnels à travers le ministère de l’environnement, nous avons des délégations des crédits qui vont essentiellement pour la fixation des dunes dans les régions concernées [pour protéger les cuvettes, ndlr]. Rien que cette année, nous avons reçu plus de  cent millions (100.000.000)  de francs CFA par rapport à ça (environ 170. 000 dollars US) à travers l’Etat », informe-t-il.

Il renseigne par ailleurs que « l’Etat fait aussi tout pour qu’il y ait des actions de sauvegarde et de préservation à travers des projets qu’il négocie avec les partenaires techniques et financiers ».

A titre illustratif, rappelle-t-il « Depuis 1992, l’Etat a mis en place un projet qu’on appelle ‘’Projet de mise en valeur des cuvettes oasiennes dans le département de Mainé Saroua et Goudoumaria, qui en 2012- 2013 a eu un financement de plus de 800 millions de francs CFA.  Et c’est un projet qui a eu un deuxième financement de plus d’1 milliards de francs CFA qui s’intéressait uniquement au développement des cultures des oasis. Au niveau du ministère de l’environnement, nous avons (…) mis en place un projet de lutte contre l’ensablement des cuvettes oasiennes  (PLECO), et qui est aujourd’hui à sa deuxième phase à travers le projet de gestion durable des terres dans les Régions de Diffa et Zinder. L’agence française de développement finance depuis des années un projet qu’on appelle le PASAM (projet d’appui à la sécurité alimentaire des ménages) et qui est dans sa 4ème phase. Il est dans sa 19ème année et est financé à hauteur des milliards ».

Les cuvettes oasiennes présentent aussi un grand intérêt économique pour leurs exploitants.

« Le revenu  tiré de l’exploitation agricole des cuvettes oasiennes, varie de 828. 000 francs CFA à  1.000.600 francs CFA par hectare et par an, quelle qu’en soit la culture pratiquée », analyse l’expert, expliquant que « le développement de ces cultures sert à approvisionner les marchés locaux, mais aussi, étant donné que ces cuvettes sont proches de notre voisin, le Nigeria, le produit peut s’écouler facilement là-bas ».

« Autre chose, au niveau des cuvettes oasiennes,  il y a des cuvettes qui ont une vocation de saline, où on exploite du sel et du natron. Rien que l’exploitation du natron peut procurer 2.350.000 francs cfa par hectare et par an aux populations qui s’y intéressent », fait-il remarquer.

Plusieurs activités agricoles sont pratiquées dans ces cuvettes, selon  le cadre forestier.

« Vous avez les cultures des agrumes, de même que tout ce qui est fruits, mais surtout les dattiers et les palmiers doums, les bananeraies, mais aussi le manioc », énumère-t-il, avant de citer une étude réalisée en 2016 par l’association  pour la réhabilitation  des palmeraies au Niger qui  « estime le potentiel phoenicicole (culture des dattes) du Niger à 720 pieds de dattiers pour une production de 8000 tonnes ».

La célébration de la fête du 3 Août dans la Région de Diffa sous l’insigne de la préservation des cuvettes oasiennes sera d’une grande importance pour les exploitants des cuvettes, souligne, M. Yahouza.

« Il y a plusieurs projets qui interviennent dans la zone, et ce sont des projets qui comportent des volets information- sensibilisation- communication et surtout formation. Le volet de la formation est très important. Il permet de former les producteurs sur toutes les techniques agro-sylvo-pastorales. C’est pourquoi au niveau de cette fête, nous avons prévu que ce soit une journée écologique au lieu de nuit écologique, comme il est d’habitude. Ceci tient aussi compte du climat d’insécurité qui prévaut dans la Région de Diffa », fait-il savoir.

Il ajoute aussi qu’au cours de cette journée écologique, « il y aura des conférences avec des éminents conférenciers sur le thème de la célébration qui est : « Préservation des cuvettes oasiennes, un impératif ». Il y aura aussi un praticien, car nous avons des praticiens forestiers qui ont passé plus 10 voire 15 ans  dans la zone de Zinder et de Diffa. Cette conférence consiste à exposer la thématique, la problématique et comment y faire face ».

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