Lomé, 10 jan. (ATOP) – Le Représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) au Togo, Maximillien Kaffo a présenté les principales conclusions de la première revue de l’accord au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) avec le Togo au cours d’une conférence de presse le jeudi 9 janvier à Lomé.
La FEC, un instrument du FMI apporte une aide financière à moyen terme aux pays à faible revenu qui connaissent des difficultés prolongées de balance des paiements. Elle est l’un des mécanismes du fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (fonds fiduciaire RPC).
Le conseil d’administration du FMI a approuvé, le 20 décembre 2024, la première revue de l’accord FEC en faveur du Togo. Cette décision du conseil a permis le décaissement immédiat de 44,0 millions de DTS (environ 57,4 millions de dollars), qui seront utilisés à des fins d’appui budgétaire. L’accord au titre de la FEC fournit un financement global de 293,60 millions de DTS (environ 390 millions de dollars).
Ce décaissement va aider les autorités à faire face aux conséquences des chocs observés depuis 2020, notamment la pandémie de COVID-19 et la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de carburants.
Le Représentant résident a relevé que les autorités togolaises ont été en mesure d’atténuer l’impact de ces chocs sur l’économie et la population togolaises. Cependant, cela s’est traduit par une augmentation des déficits budgétaires et de la dette, a-t-il ajouté. M. Kaffo a précisé que le programme du gouvernement soutenu par le FMI vise à rendre la croissance plus inclusive tout en renforçant la viabilité de la dette, et mettre en œuvre des réformes structurelles pour soutenir la croissance et limiter les risques pour le secteur financier et les finances publiques qui y sont associés.
S’agissant des perspectives à moyen terme, il a souligné qu’elles sont globalement favorables, avec une croissance soutenue et durable. En 2023, la croissance économique a atteint 5,6%. Quant aux projections, elles sont de 5,3% sur la période 2024-25, puis d’environ 5,5% par an selon les services du FMI, à moins que des chocs défavorables majeurs ne surviennent. L’inflation globale a fléchi à 3,3 % en octobre 2024 et l’inflation sous-jacente (hors prix des denrées alimentaires et du transport) à 2,2 % (moyennes annuelles).
Des perspectives sujettes à des risques élevés
M. Kaffo a affirmé que les perspectives sont sujettes à des risques élevés. En particulier, les attaques terroristes dans le nord du pays se poursuivent sans relâche et semblent s’intensifier, ce qui exerce une pression sur les dépenses. Les autorités sont confrontées à des arbitrages difficiles entre le rééquilibrage budgétaire visant à réduire la charge de la dette et la nécessité de maintenir une croissance vigoureuse dans un contexte d’espace budgétaire limité.
Le Représentant résident a indiqué que la mise en œuvre du programme est en bonne voie, car dit-il, les autorités ont rempli tous les critères de réalisation quantitatifs à fin juin et les perspectives d’atteindre les objectifs quantitatifs pour le reste de l’année 2024 sont favorables. Elles ont aussi implémenté deux des quatre repères structurels prévus, et sont en train de prendre des mesures pour remédier aux éléments limités qui ont entraîné l’implémentation partielle de deux autres. En outre, les perspectives d’atteindre les deux repères de décembre sont bons. Enfin, les autorités ont bien progressé dans la réforme de la dernière banque publique, l’Union togolaise des banque (UTB).
Observations du directeur général adjoint
Le directeur général adjoint et président par intérim, Bo Li, a relevé à l’issue de la réunion du conseil d’administration que « Les autorités togolaises ont fait preuve d’une bonne mise en œuvre du programme appuyé par la FEC. Elles ont atteint tous les objectifs quantitatifs malgré les problèmes de sécurité et le durcissement des conditions de financement, et ont fait des progrès dans les réformes structurelles visant à renforcer la mobilisation des recettes, l’inclusion et la gestion des finances publiques ».
« Les perspectives du Togo sont exposées à des risques élevés, globalement comme lors de la demande de programme en mars 2024, alors que les conditions de sécurité se sont dégradées. Dans cette optique, la conception du programme, telle qu’elle a été conçue au départ, reste globalement appropriée, et les autorités doivent poursuivre sa mise en œuvre avec détermination afin de placer le pays sur la trajectoire d’une croissance forte et durable».
« Dans le domaine de la politique budgétaire, les autorités devraient continuer de chercher à remédier aux vulnérabilités liées à la dette dans un contexte de vulnérabilité régionale, tout en soutenant la croissance et en renforçant l’inclusion. A cette fin, il sera important de mettre en œuvre l’ancrage budgétaire convenu en limitant les déficits budgétaires à 3 % du PIB à compter de 2025, de continuer à augmenter les recettes fiscales tout en rendant la fiscalité plus efficiente, et de mettre en œuvre des réformes structurelles visant à accroître l’efficience des dépenses et à rendre le filet de protection sociale plus efficace et efficient », a-t-il relevé.
M. Bo Li a fait savoir qu’« il sera également essentiel de poursuivre les efforts visant à renforcer la gouvernance. La récente demande d’assistance technique du FMI des autorités pour la préparation d’un rapport diagnostic sur la gouvernance est accueillie avec satisfaction, de même que leur engagement à renforcer le cadre des déclarations des bénéficiaires effectifs des entreprises adjudicataires des marchés publics. En ce qui concerne le secteur financier , dit-il, les autorités devraient poursuivre la réforme de la banque publique restante en alignant ses fonds propres sur les exigences réglementaires et en réformant ses activités pour garantir sa stabilité et sa rentabilité. Il sera important aussi de renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme».