Abidjan, 06/09/2024 (MAP)- La Convention d’Abidjan constitue « un outil solide » en matière de protection, de gestion et de mise en valeur du milieu marin et côtier de la Côte Atlantique de la région de l’Afrique de l’ouest, centrale et australe, ont souligné, vendredi à Abidjan, les intervenants à une table ronde organisée dans le cadre de la 10ème session extraordinaire de la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement (CMAE).
Cette convention, qui avait été adoptée le 23 mars 1981 à Abidjan et entrée en vigueur le 5 mai 1983, couvre une zone géographique de 22 pays et un littoral de plus de 14.000 km, et offre de multiples opportunités et une série de dispositions à même d’aider les pays concernés à mieux gérer les fonds marins, ont-ils ajouté, notant qu’elle se veut une plateforme idoine à même de favoriser l’exécution de plusieurs programmes et la multiplication d’actions pour une protection efficace du milieu marin.
Les différents intervenants dont des ministres africains de l’environnement ont, de même, mis en relief le rôle joué par la Convention d’Abidjan, en vue de promouvoir la coopération régionale pour résoudre les problèmes environnementaux, en tenant dûment compte des structures gouvernementales, des différences politiques, sociales et économiques entre les parties contractantes et de leur impact sur les ressources humaines et les technologies.
Dans ce cadre, ils ont insisté sur la nécessité pour les pays concernés d’œuvrer de concert en vue de continuer à appuyer le secrétariat exécutif de ladite Convention, la revitaliser en renforçant sa visibilité et sa capacité à soutenir les Parties, estimant indispensable de renouveler l’engagement à la faveur d’une utilisation des instruments de coopération pour protéger, conserver et développer durablement la zone de la Convention d’Abidjan et ses ressources pour le bénéfice et le bien-être de ses populations, et pour augmenter les investissements afin de réaliser leur engagement et leur ambition.
Sur un autre registre, les différents participants à cette table ronde ont rappelé, chiffres à l’appui, que l’océan représente 70% de la planète Terre et forme 90% de la biosphère, relevant que l’océan et ses écosystèmes apportent également des avantages importants à la communauté mondiale, notamment la régulation du climat, la protection des côtes, l’alimentation, l’emploi, les loisirs et le bien-être culturel.
Et de poursuivre qu’en Afrique de l’Ouest, les zones côtières représentent 56% du PIB de la région, alors que le volume annuel de la pêche légale dans les eaux ouest-africaines dépasse 1,6 million de tonnes, soit une valeur de 2,5 milliards de dollars pour la vente sur le marché de gros.
Ces avantages, ont-ils estimé, dépendent fortement du maintien des processus océaniques, de la biologie marine, de la diversité et des services écosystémiques connexes, déplorant, par ailleurs, le fait que l’Afrique se trouve également touchée par la triple crise environnementale mondiale : perte de biodiversité, changement climatique et pollution.
Ils ajoutent que les zones côtières et marines, en raison des interconnexions facilitées par les rivières et les ruisseaux avec les environnements terrestres, sont naturellement impactées, notant que les écosystèmes côtiers et marins sont menacés par la productivité en raison du développement d’infrastructures non durables, d’une gestion inadéquate des ressources et des habitats naturels, sans omettre les effets du réchauffement climatique.
A leurs yeux, l’élévation et le réchauffement du niveau de la mer, les glissements de terrain, les tempêtes et l’augmentation des inondations côtières, l’érosion côtière qui s’élève parfois à plus de 10 mètres par an, sont autant de facteurs qui peuvent augmenter la vulnérabilité de la Convention d’Abidjan.
Dans le même sillage, ils ont passé en revue une série de défis majeurs auxquels sont confrontés les pays africains, notamment ceux liés à l’aménagement du littoral et de la gouvernance des océans, ainsi qu’à la gestion de la pollution, estimant que pour faire face à ces enjeux majeurs, il est indispensable d’œuvrer en vue de l’implication des acteurs de la société civile et du secteur privé, et de favoriser une coopération transversale avec les universités et les centres de recherche scientifique, et d’encourager l’appui politique et financier en vue de parvenir à une gouvernance environnementale solide.
Ils ont aussi préconisé une implication soutenue des services en charge de la gestion des questions environnementales à travers une déclinaison de l’information, l’encouragement de la veille et la surveillance des activités anthropiques pouvant avoir des conséquences sur le littoral et les fonds marins, la création de structures et de centres de recherche dédiés aux milieux marins, l’aménagement d’aires marines protégées avec l’implication des communautés et la fédération des efforts en vue de lutter contre la pollution plastique qui a des conséquences néfastes sur la faune, la flore et les milieux marins.
Ils se sont prononcés également en faveur de l’encouragement de transfert de technologies, de savoir- faire et d’un partage mutuel des expériences réussies en la matière.
Les débats lors de cette table ronde ont tenté d’apporter des éléments de réponse à nombre de questions à savoir : Quel rôle la Convention d’Abidjan peut-elle jouer aux côtés des Parties pour relever le triple défi planétaire de la réduction de la perte de biodiversité, de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique et de la lutte contre la pollution marine ? et comment peut-on garantir l’appropriation des protocoles additionnels à ladite Convention signés par les Parties et accélérer leur ratification et leur mise en œuvre ?
Les discussions ont porté aussi sur la manière de revitaliser la Convention d’Abidjan, apurer les arriérés et renforcer sa visibilité et sa capacité à soutenir les Parties, et de renforcer son repositionnement stratégique afin d’assurer un leadership sur les questions environnementales marines et côtières dans sa zone géographique de compétence, y compris les questions émergentes, telles que le BBNJ (traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine), et les déchets marins.