Nairobi, 22/07/2023 (MAP) – L’opposition kényane a annoncé samedi la reprise de ses manifestations hebdomadaires dès le 26 juillet, appelant à une journée de mobilisation anti-gouvernementale.
Au lendemain d’une mobilisation de trois jours (mercredi à vendredi), le chef du parti Wiper (opposition), Kalonzo Musyoka, a précisé que le mouvement de mercredi prochain durera une seule journée de 6h à 18h.
Lors d’une conférence de presse qui a réuni, à Nairobi, plusieurs dirigeants de la Coalition Azimio La Umoja, Kolando Musyoka a appelé ses partisans à rester pacifiques « même lorsqu’ils sont provoqués par la police. »
Selon le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, plus de 300 personnes ont été arrêtées lors des manifestations qu’a connues le Kenya mercredi. Il a précisé que les personnes arrêtées seront poursuivies pour actes de pillage, destruction de biens, incendie criminel et agression contre des agents des forces de l’ordre.
Plusieurs villes ont enregistré des actes de violences, a indiqué Kindiki, citant notamment la capitale Nairobi, la deuxième plus grande ville du pays, Mombasa, ainsi que Kisumu, bastion du chef de l’opposition Raila Odinga, qui appelle aux manifestations anti-gouvernementales.
Depuis le 20 mars, plusieurs villes kényanes dont Nairobi sont le théâtre de manifestations de masse, dénonçant les conditions de vie dans le sillage d’une hausse des prix des produits de base. Les partisans de Raila Odinga prétendent également que l’élection présidentielle lui a été volée.
Parallèlement aux manifestations de rues, Odinga a lancé une campagne numérique visant à recueillir 10 millions de signatures pour l’organisation d’un référendum qui aboutirait, selon lui, à la destitution du président William Ruto. Jusqu’à samedi, l’initiative a recueilli 8 millions de signatures selon la coalition Azimio La Umoja.
Cette mobilisation de l’opposition a eu un effet important sur l’économie kényane, l’Alliance du secteur privé du pays (KEPSA) déclarant des pertes quotidiennes de 21,2 millions de dollars, notamment à cause des actes de pillage et de destruction des biens qui accompagnent souvent les manifestations.
De son côté, l’Association des fabricants du Kenya (KAM) a affirmé que ce mouvement social inflige à l’industrie manufacturière des pertes quotidiennes de 20,4 millions de dollars, à causes des perturbations causées aux employés, à la population et aux chaînes de production.
Le président du regroupement professionnel, Rajan Shah, a indiqué que les manifestations sont susceptibles de perturber l’offre et la demande, aggravant le coût élevé de la vie.
Plusieurs représentations diplomatiques se sont dites préoccupées, par « les niveaux élevés de violence » et attristées par les pertes de vies humaines, exhortant toutes les parties à faire prévaloir le dialogue pacifique pour résoudre leurs différents.
« Nous sommes prêts à soutenir les parties dans leurs efforts pour trouver des solutions constructives et pacifiques, » lit-on dans un communiqué publié mardi, et signé notamment par les ambassadeurs des Etats-Unis, d’Allemagne, du Canada, du Danemark et d’Ukraine.