Gaborone, 25/11/2024 -(MAP)- Le succès économique et la durabilité de l’Afrique sont intrinsèquement liés à une gouvernance responsable, a affirmé le Président du Botswana, Duma Boko, lors de la Conférence économique africaine 2024, qui se tient dans la capitale, Gaborone.
«La paix et la stabilité en Afrique doivent être ancrées dans une gouvernance responsable et réactive», a déclaré M. Boko, ajoutant qu’il s’agit d’un droit fondamental de chaque citoyen africain.
Exhortant les pays africains à renforcer la démocratie et à faire respecter l’État de droit, il a indiqué que la stabilité constitue le fondement nécessaire à toute forme de mesure visant à assurer le développement économique et la durabilité.
Le Président botswanais estime de même que la transparence, la responsabilité et le respect de l’État de droit sont essentiels pour attirer les investissements étrangers et favoriser une croissance durable. «L’Afrique est à la croisée des chemins. Nous devons faire face aux obstacles auxquels nos citoyens sont confrontés et exploiter nos forces collectives pour garantir un avenir prospère dans un environnement économique mondial instable caractérisé par une inflation croissante, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et un resserrement des politiques monétaires», a-t-il soutenu.
Il a également souligné les atouts uniques du continent, notamment ses abondantes ressources naturelles et sa population jeune, qui pourraient stimuler une croissance transformatrice si les gouvernements accordent la priorité à l’éducation, au développement des compétences et à la création de valeur ajoutée pour les matières premières.
Pour sa part, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Secrétaire exécutif de la CEA, Claver Gatete, a déclaré que l’Afrique était confrontée à plusieurs problèmes urgents, notamment le changement climatique, la dette insoutenable et les inégalités systémiques mondiales. Le système financier mondial ne parvient pas à servir l’Afrique de manière adéquate et doit être réformé de toute urgence, a-t-il préconisé.
Il a, à cet égard, précisé que les pertes annuelles du continent dues aux seules catastrophes climatiques s’élèvent à 440 milliards de dollars, tandis que le déficit de financement pour atteindre les Objectifs de développement durable en Afrique a atteint 1.300 milliards de dollars par an. Dans le même temps, la dette extérieure de l’Afrique a dépassé 1.000 milliards de dollars en 2023, les paiements d’intérêts insoutenables limitant le financement du développement.
«Le coût humain est tout aussi stupéfiant. Près de 476 millions d’Africains vivent aujourd’hui dans la pauvreté et 149 millions d’entre eux sont récemment tombés dans cette tranche d’âge en raison de chocs climatiques et économiques en cascade», a déclaré M. Gatete.
Intervenant pour la même occasion, le professeur Kevin Urama, économiste en chef et vice-président de la Banque africaine de développement, a exhorté les pays africains à adopter des solutions innovantes et locales adaptées à leurs défis spécifiques. Il a plaidé en faveur de politiques budgétaires renforcées et d’une mobilisation des ressources plus résiliente pour relever les défis de la dette.
La directrice du bureau du PNUD pour l’Afrique, Ahunna Eziakonwa, a appelé, de son côté, à des solutions financières innovantes et durables pour réduire les coûts d’emprunt et remédier aux biais de notation de crédit, qui coûtent au continent 76 milliards de dollars par an.
«Nous devons prendre des mesures pour garantir que les ressources abondantes de l’Afrique financent sa croissance», a déclaré Mme Eziakonwa, ajoutant que «l’argent de l’Afrique doit servir les populations africaines».
Initiée sous le thème «Assurer l’avenir économique de l’Afrique dans un contexte d’incertitude croissante», l’évènement a réuni des dirigeants, des décideurs politiques et des experts pour aborder les défis et les opportunités économiques du continent.
Organisée par le gouvernement du Botswana, la Banque africaine de développement, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la conférence cherche des solutions concrètes pour la croissance économique de l’Afrique.