Windheok, 05/04/2024 -(MAP)- La Namibie, l’un des pays les plus secs d’Afrique subsaharienne, est confrontée à une sécheresse sévère qui a des répercussions dévastatrices sur la production agricole et la sécurité alimentaire du pays.
Connu pour ses vastes étendues désertiques et sa faible pluviométrie, ce pays d’Afrique australe pâtit cette année sous le coup d’une diminution significative des précipitations en raison du phénomène climatique El Nino, qui a apporté son lot de dévastation au monde rural, déjà affecté par les effets du changement climatique.
Ce phénomène, provoqué par un réchauffement de l’océan Pacifique tropical oriental, survient en moyenne tous les deux à sept ans et dure entre 3 et 12 mois. En Namibie, il a débuté en octobre dernier, coïncidant avec la période d’été austral qui est également la saison des pluies.
Ainsi, le secteur agricole est particulièrement touché par le manque de précipitations dont dépendent fortement les cultures et le bétail. Alors que les réserves d’eau rétrécissent et les terres agricoles se dessèchent, la production agricole devient extrêmement difficile dans de nombreuses régions.
Face à cette situation inquiétante, la Fédération agricole du pays a tiré la sonnette d’alarme, mettant en garde que le secteur agricole continue de subir l’impact des incertitudes liées au climat, dans un contexte marqué par une dynamique du marché peu favorable. La sécheresse exerce une pression financière considérable sur les agriculteurs en raison de son impact sur les pâturages, les contraignant à réduire le nombre de leurs troupeaux en les exportant vers les pays voisins.
Le gouvernement namibien a d’ailleurs reconnu l’ampleur du problème qui sévit dans le pays depuis plusieurs années. Selon le directeur adjoint des relations publiques au sein du ministère de l’Agriculture, de l’Eau et de la Réforme Foncière, Chrispin Matongela, «la Namibie a enregistré des conditions météorologiques inhabituelles durant les dix dernières années, allant des faibles précipitations à des journées ensoleillées extrêmement rigoureuses».
Ce changement dans les conditions météorologiques a vu de nombreux agriculteurs perdre leurs récoltes à un stade très précoce ou à l’approche de la saison des moissons, menaçant d’exacerber la faim et l’insécurité alimentaire dans le pays.
Dans cette conjoncture difficile, le gouvernement namibien a mis en place des mesures d’urgence, notamment un programme national d’aide alimentaire visant à aider environ 579.000 citoyens, soit 22 % de la population.
Le programme, qui se déroule d’octobre 2023 à juin 2024, comprend la distribution de nourriture, l’approvisionnement en eau et le soutien au bétail. L’exécutif met également en œuvre un programme de soutien aux éleveurs en raison des mauvaises conditions d’élevage et de l’épuisement des zones de pâturage.
Cependant, ces mesures s’avèrent insuffisantes pour résoudre le problème à long terme. Des efforts plus importants sont nécessaires pour atténuer les effets du changement climatique, renforcer la résilience des communautés agricoles et assurer une gestion de l’eau plus efficace et durable.
En outre, cette crise requiert une action concertée de la part des autorités locales, des organisations internationales et de la société civile pour protéger les moyens de subsistance des populations rurales et garantir l’accès à une alimentation adéquate pour tous les Namibiens.