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La problématique de l’eau, une source de peine et d’angoisse à Abidjan (Reportage)


  18 Mai      47        Environnement/Eaux/Forêts (6434),

 

Abidjan, 18 mai 2021 (AIP)- Il est 08H15, samedi 24 avril 2021 à Anyama Belleville, un quartier à proximité de l’usine Unicafé. Partout dans les rues, bassine sur la tête, des seaux ou des bidons en main ou dans des brouettes, les femmes et filles, en première ligne pour la plupart du temps, passent toute la journée à la recherche d’eau, sollicitant parfois des personnes de bonne volonté pour recueillir ne serait-ce qu’un peu d’eau pour leurs besoins vitaux.

L’obtention de l’eau, une gageure

A Anyama Belleville, on assiste à une la lutte perpétuelle pour l’acquisition de l’eau potable en quantité et en qualité suffisante. Des ménages remettent des bidons de 20 à 25 litres à des revendeurs pour fournir ce liquide précieux au prix de 100 à 150 FCFA. « Souvent les revendeurs d’eau peuvent passer des semaines à la recherche de l’eau. Et pendant cette période, nous crevons. L’eau est source de vie. On peut vivre sans électricité mais pas l’eau », se plaint Ekissi Emmanuela. Dans l’un des points d’attente, la fatigue et l’impatience de voir son tour arriver créent des disputes, des insultes, des bagarres et du désordre. Les plus faibles se retirent et repartent à la recherche d’autres points de ravitaillement.

Le jeune Sedion Kidana raconte que certaines femmes sont obligées de se coucher dans les lieux de ravitaillement à même le sol, sur un morceau de pagne, sommeillant dans l’attente de l’obtention d’eau. Les journées se présentant infructueuses, il faut maintenant passer des nuits blanches à la recherche d’eau.

Ainsi, de jour comme de nuit voire jusqu’au petit matin, les femmes et quelques hommes parcourent les quelques points d’eau de ravitaillement de fortune.

Une chose est désormais sûre, la nuit est le moment propice pour avoir de l’eau, la journée pas la peine d’espérer. Seuls quelques rares points de ravitaillement de fortune ont la chance d’aider les nombreuses femmes démunies qui ont besoin d’eau pour l’utilisation domestique comparativement aux industries et autres utilisateurs.

« Quand nous pensons que la demande en eau pour la majorité de cette population pauvre consiste à un accès à l’eau pour se laver le corps et faire la lessive, faire la vaisselle et la cuisine, boire, les utilités ménagères, etc., et en voyant cette situation, elle nous intrigue », déplore Kokora Armand de l’ONG “Vie meilleure à Abobo”.

Sur place, le constat est là. Débutant par une sous alimentation et des coupures intempestives de plusieurs jours, la pénurie en eau est maintenant un problème crucial dans ce quartier. La période de la sous alimentation et des coupures a considérablement modifié les habitudes et les comportements des populations.

Alors, depuis février 2021, selon Mme Kolaté Eugénie, les ménages laissent les robinets ouverts et veillent tranquillement, attendant l’arrivée de l’eau.

Pour les quelques foyers chanceux, l’eau peut encore voir venir vers 1H voire 2H du matin, une faible pression. L’on en profite pour faire le plein des fûts, la lessive, la vaisselle et le bain. « On se réveillait, à 1H ou 2H pour recueillir l’eau au robinet. Mais maintenant, ce liquide ne vient plus. On paye la barrique à 1500 FCFA pour l’utiliser en une journée. Dans le mois, cela revient à 45.000 FCFA», déplore dame Koné Malo.

Pour les foyers non approvisionnés en eau courante, il faut simplement se tourner vers les puits ou les revendeurs d’eau. Ce qui nécessite toutes les stratégies possibles et nécessaires : le porte à porte, une cuvette d’eau, une bouteille d’eau… En plus des ménages, les activités économiques n’échappent pas à la situation.

« Je suis propriétaire d’un salon de coiffure dame. Nous avons des shampoings à faire. A cause du manque d’eau, chaque cliente se débrouille pour laver sa tête avant de venir au salon. Tout ce qui concerne l’eau ici, on ne fait plus. Je perds mes clientes de shampoings et de pédicure », révèle Bamba Salimata.

Trouvant la situation intenable, ces populations d’Anyama Belleville ont manifesté le 04 mai 2021, en obstruant les voies pour exprimer leur mécontentement face au manque d’eau dans les robinets. Les populations de ce quartier ne sont pas les seules à vivre ce calvaire.

Abidjan. A Abobo PK 18, Anonkoua Kouté 3, Nguessankoua, Bocabo et les Vallons, c’est la croix et la bannière pour s’offrir ce liquide. Les femmes en première ligne et à pied d’œuvre nuit et jour dans cette fameuse chasse à l’eau sont mobilisées pour se faire servir. Sur place des travailleurs sont angoissés par cette situation.

Ceux-ci sont obligés de se promener dans leurs lieux de travail avec des bidons d’eau à la recherche d’eau, pour soulager leurs familles.

« Depuis fin février 2021, je sors chaque jour avec des bidons que je remplis dans mon lieu de travail. C’est comme cela que je me débrouille avec ma famille. C’est très difficile de vivre à Abobo PK 18 », dénonce Hamed Coulibaly, un fonctionnaire.

Voilà maintenant plus d’un mois, voire deux ou quatre mois pour certains, de faire une chasse à la ressource naturelle.

Un besoin en eau qui s’accroît au fil du temps et fait ressortir la problématique de la résolution durable de la pénurie d’eau, dans un contexte de démographie galopante.

Les solutions du gouvernement

En cette période de rationalisation de l’électricité, le ministre de l’Hydraulique, Laurent Tchagba, a successivement sillonné le mardi 11 mai 2021 Anyama Belleville et Anyama Plateau puis le 14 mai, les quartiers de PK 18 et Anonkoua Kouté 3 extension où le déficit d’eau est fortement ressenti.

« La fourniture d’eau potable dépend du fonctionnement de nos usines qui s’alimentent de l’électricité. Si cette matière manque, nos usines s’arrêtent. Nous avons mis en place des groupes électrogènes mais cette eau que nous prenons à partir des groupes n’est pas suffisante », a déploré M. Tchagba.

Lors de sa visite, le ministre de l’Hydraulique a instruit le comité de crise composé de responsables de son département, de l’Office national de l’eau potable (ONEP) et de la Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire (SODECI) à fournir l’eau avec les camions citernes en continu, dans tous les quartiers d’Abidjan où un besoin se fera sentir.

Sur place à Anyama Belleville, l’AIP a constaté la présence de camions citernes approvisionnant les ménages. Interrogé sur les causes réelles du manque d’eau, M. Tchagba a rassuré que de nombreux investissements ont été réalisés pour répondre à la demande d’eau dans le district d’Abidjan qui est de 650.000 m3.

Il a expliqué que le déficit à Abidjan tourne autour de 120.000 m3/j dans les 430 quartiers d’Abidjan dont 155 sous-quartiers qui n’ont pas du tout de canalisation et qui sont inscrits au programme d’Amélioration des performances techniques et financières du secteur de l’eau potable (APTF).

« En prélude de la sécheresse nous avons anticipé car nous savons que janvier, février, mars, avril et mai sont les mois de la période de sécheresse. Mais nous avons été freinés par la Covid-19 et nous sommes à 45% des travaux. Nous avons repris les travaux et nous projetons que d’ici la fin décembre 2021, les choses rentreront dans l’ordre », a promis le ministre.

A Abidjan, on attend souvent des personnes dire que le district d’Abidjan est bondé d’eau et elles ne comprennent pas les raisons du déficit. Réagissant à cette préoccupation, Laurent Tchagba a relevé que cette eau est saumâtre et impropre à la consommation. « Toute cette eau qui entoure le Grand Abidjan, on ne peut utiliser que les 1%, car c’est une eau saumâtre. Cela veut dire qu’on ne peut pas la boire. Elle est salée. La lagune est en contact avec la mer donc cette eau est salée. Vous ne pouvez pas prendre l’eau de la mer pour donner à la population », a justifié Laurent Tchagba.

Il a expliqué que la Côte d’Ivoire particulièrement Abidjan a la chance d’avoir l’une des meilleures nappes phréatiques au monde.

Toutefois, à en croire le ministre, avec la croissance très rapide de la ville d’Abidjan, les infrastructures hydrauliques sont insuffisantes pour alimenter les populations. « C’est pourquoi nous proposons au gouvernement d’anticiper sur un certain nombre de projets car la ville s’agrandit trop vite », a indiqué M. Tchagba.

A Anyama Belleville, le problème d’eau est causé par la fraude qui impacte les abonnés du fermier de la SODECI. « Nous avons détecté des fraudeurs autour du quartier. Le fait de piquer l’eau dans la canalisation qui envoie le liquide à Belleville réduit considérablement la pression et comme ce quartier est en hauteur, cette situation impact négativement les populations », a-t-il clarifié. Laurent Tchagba rassure que les dispositions ont été prises pour freiner la fraude et mettre suffisamment de pression pour alimenter ce quartier.

Concernant la zone d’Abobo PK 18, le ministre a relevé que le château d’eau d’Anonkoua Kouté qui l’alimente n’arrive plus à faire face en raison du déficit de l’énergie. Il a souligné que des travaux déjà engagés pour raccorder ce quartier au château d’eau de N’Dotré prendront fin en juin, appelant les ménages au calme et à la patience.

A Anonkoua Kouté 3 extension, Laurent Tchagba a précisé que ce quartier est inscrit dans le projet APTF, couvrant 155 sous-quartiers qui n’ont pas accès à l’eau potable. Il a ajouté que les travaux en cours permettront de remplacer les canalisations qui sont de petites tailles et qui bloquent la circulation de l’eau vers les robinets.

Aussi, a-t-il annoncé qu’au niveau d’Abobo, le projet de La Mé et le château d’eau en construction au quartier Avocatier viendront combler définitivement le déficit d’eau dans la commune.

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