Rabat, 10/07/2023 (MAP) – L’Afrique doit se réapproprier sa sécurité, ont plaidé, lundi à Rabat, des experts participant à 7ème édition de la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique (APSACO) du Policy Center for the New South (PCNS).
Lors d’un panel sous le thème « L’approche africaine de la sécurité collective », le Chef de projet et chercheur senior à l’Institut des études de sécurité (ISS), Dawit Yohannes, a fait remarquer que le système de sécurité en Afrique souffre de plusieurs lacunes, certaines d’ordre conceptuel, d’autres d’ordre pratique ou encore contextuel.
« La sécurité collective africaine, symbolisée par l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), est très innovante en termes d’incorporation de principes normatifs, tels que l’octroi à l’Union Africaine (UA) du droit d’intervenir dans les États membres dans le contexte de circonstances graves en matière de droits de l’homme », a-t-il expliqué.
Cependant, a fait observer M. Yohannes, il existe aussi une tension entre cette norme et d’autres normes fondamentales de l’APSA, dont le respect de l’intégrité territoriale des Etats membres.
« En outre, a-t-il ajouté, les relations entre l’UA et les communautés économiques régionales ne sont pas clairement définies ».
En ce sens, l’expert a appelé à une révision des politiques du continent afin qu’elles puissent s’adapter au contexte actuel.
De son côté, le Représentant spécial du président de la Commission de l’UA, l’ambassadeur Mohamed El-Amine Souef, a pointé du doigt l’épineuse question du financement, estimant que l’Afrique ne peut être maîtresse de son destin si le continent continue de dépendre de bailleurs de fonds étrangers, notamment d’Europe et du Royaume Uni.
A cet égard, M. Souef a déploré le fait que le Fonds pour la Paix, qui a été créé pour aider à gérer les situations d’insécurité sur le continent, soit inaccessible à cause de nombreuses restrictions.
« Pourquoi aller chercher ailleurs alors que nous avons notre propre fonds? », s’est-il interrogé.
Pour sa part, le professeur au département de sociologie de la Northern Illinois University, Abu Bakkar Bah, a souligné que la mauvaise gouvernance, la discrimination ethnique et la marginalisation contribuent à l’instabilité intérieure des pays africains.
Toutefois, a-t-il relevé, « la guerre mondiale contre le terrorisme a engendré un nouveau type de conflits sur le continent africain qui ne sont pas uniquement liés à la question de la gouvernance. »
Pour M. Bah, le concept de sécurité collective en Afrique implique de lier le sort sécuritaire du continent à celui du reste du monde.
« La reconstruction post-conflit en Afrique » est le thème de la 7ème édition de la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique du PCNS, rendez-vous annuel qui vise à analyser les enjeux de paix et de sécurité en Afrique, en se focalisant sur les atouts, l’histoire et les capacités à surmonter les défis actuels, indique un communiqué des organisateurs.