Abidjan, 11 juil 2023 (AIP)- L’athlète sud-africaine Caster Semenya, empêchée de participer à certaines courses parce qu’elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone, a remporté une bataille judiciaire, mardi 11 juillet 2023 contre la Suisse, devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui estime que l’athlète de 32 ans est victime de discrimination.
La justice helvète avait confirmé en 2020 une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) validant un règlement de la Fédération internationale. Celui-ci obligeait l’athlète hyperandrogène (elle présente un excès naturel d’hormones sexuelles mâles), double championne olympique du 800 mètres, à prendre un traitement hormonal pour faire baisser son taux de testostérone si elle veut s’aligner sur cette distance.
Cet arrêt de la CEDH n’invalide toutefois pas le règlement de la Fédération internationale d’athlétisme et n’ouvre pas directement la voie à une participation de Caster Semenya sur 800 mètres sans traitement.
« L’enjeu significatif de l’affaire pour la requérante et la marge d’appréciation réduite de l’État défendeur auraient dû se traduire par un contrôle institutionnel et procédural approfondi, dont la requérante n’a pas bénéficié en l’espèce », a estimé la cour basée à Strasbourg.
Dans une décision rendue avec une courte majorité de quatre juges contre trois, la CEDH estime ainsi que la Suisse a violé l’article 14 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, relative à l’interdiction de la discrimination, combiné avec l’article 8, qui protège le droit au respect de la vie privée. En outre, il y a également eu violation de l’article 13 de la Convention, relatif au droit à un recours effectif.
« La requérante n’ayant demandé aucune somme au titre d’un dommage matériel ou moral, la Cour n’accorde aucune somme à ce titre. La Cour dit toutefois que la Suisse doit verser à la requérante 60 000 euros pour frais et dépens », conclut la CEDH.
La sportive, qui présente un excès naturel d’hormones sexuelles mâles mène depuis plus de 10 ans un bras de fer avec la Fédération internationale d’athlétisme. Expertises à l’appui, cette dernière a défini en avril 2018 un seuil maximal de testostérone (5 nanomoles par litre de sang) pour concourir avec les femmes sur des distances allant du 400 mètres au mile (soit 1 609 mètres), et englobant donc le 800 mètres où la Sud-Africaine excelle.