Abidjan, 16 mars 2024 (AIP) – L’Observatoire du Barreau de Côte d’Ivoire pour les droits humains appelle les décideurs à ‘’la définition concertée des modalités humaines et respectueuses des droits humains, avant et dans le cadre de la mise en œuvre de toute autre opération de déguerpissement ou de démolition’’ dans la ville d’Abidjan. |
Dans une Déclaration produite le 29 février 2024, en pleine période d’opérations de déguerpissement et de démolition de constructions édifiées dans certaines zones habitées de l’agglomération urbaines d’Abidjan, par le District autonome, l’Observatoire rappelle que l’Etat de Côte d’Ivoire, dans sa Constitution, proclame en son article 2 que ‘’Tout individu a droit à̀ la dignité́ humaine’’. |
‘’Certains occupants des sites visés affirment détenir des titres d’occupation ou de propriété relativement à des parcelles sur lesquelles ils sont installés et ont édifié des bâtiments à usage d’habitation ou professionnel, en ce compris des établissements scolaires dédiés à l’enseignement primaire et secondaire dont certains ont, au titre de l’année académique, en cours, reçus des affectations d’élèves boursiers de l’Etat’’, fait remarquer l’Observatoire présidé par le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Côte d’Ivoire, Maître Claude Mentenon. |
Aussi, constatant que ces opérations sont entreprises par le District autonome d’Abidjan ‘’sans respect des procédures légales et règlementaires’’ en la matière et ‘’sans mise en place de mesures d’accompagnement humanitaires et de dédommagement des populations impactées’’, l’Observatoire fait-il des recommandations aux différentes autorités. |
Au président de la République, Alassane Ouattara, il propose, entre autres, la prise immédiate des mesures les plus appropriées pour en réparer les conséquences de toutes sortes. |
Au ministre-gouverneur du District Autonome d’Abidjan, Ibrahima Cissé-Bacongo, la mise en place d’un cadre de concertation avec les maires des communes concernées par les opérations de déguerpissement et de démolition, la mise en place d’un cadre de concertation avec les populations vivant dans les zones cibles. |
A la présidente du Senat, Kandia Camara et au président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, l’Observatoire demande d’inviter les ministres en charge de la construction, du logement, de l’assainissement et de la construction, et en charge des infrastructures économiques, à des séances d’informations parlementaires. |
Le Barreau exhorte le ministre-gouverneur à exposer devant les parlementaires le processus de déguerpissement et de démolition entrepris. ‘’En vertu de sa vocation et de son rôle de veille de la sauvegarde des droits humains, l’Observatoire du Barreau de Côte d’Ivoire pour les droits humains (…) reste disponible pour toute initiative visant le respect effectif des droits et de la dignité humaine’’, conclut la Déclaration. |
Dans un communiqué du 22 février, le District d’Abidjan avait justifié ces opérations par de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants, du fait des inondations, des éboulements de terrain ainsi que des effondrements de bâtisses, construites dans les emprises de voies publiques, sur les ouvrages d’assainissement et les talus. Ces opérations concernent 176 sites dont 77 en situation critique qui feraient l’objet d’une deuxième vague d’opérations. |
Face aux réactions suscitées par ces opération, le président de la République a invité le 28 février en Conseil des ministres, le District à faire preuve de ‘’solidarité et d’humanisme’’, dans ces opérations menées dans les quartiers précaires. A sa réunion du 13 mars, le Gouvernement a annoncé des mesures en soutien aux populations impactées d’un coût global de 18 milliards FCFA. |