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LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, UN DEFI MAJEUR DANS LA PREFECTURE DES LACS


  14 Juin      159        Environnement/Eaux/Forêts (6473),

 

Le changement climatique, une résultante des activités anthropiques, est à la base des perturbations climatiques, ce qui représente aujourd’hui un défi majeur. Le 6e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en août 2021 montre que le réchauffement se renforcera d’ici 2050 et dépassera 1,5 °C, voire 2 °C, au cours du 21e siècle, à condition de réduire l’émission de gaz à effet de serre.
Le Togo, à l’instar des autres pays, subit les effets du changement climatique, notamment la dégradation de l’environnement à travers des inondations et des sècheresses plus récurrentes dans le nord du pays. Sur le littoral, l’érosion due à la hausse du niveau de la mer est devenue un phénomène crucial dans la préfecture des Lacs, au sud-est de la capitale Lomé.
Les Lacs, l’expression du dérèglement climatique au Togo
« La préfecture des Lacs est l’expression même du dérèglement climatique au Togo. Il suffit de se rendre précisément à Kossi-Agbavi, Afiadégnigba, Agbodrafo, Aného, Kpémé pour constater ce phénomène », a signifié l’environnementaliste, Deen Ayayi. Selon ce spécialiste, la montée du niveau des océans accélère l’érosion côtière, un phénomène aggravé par des travaux de construction des ports en eaux profondes sur le littoral ouest-africain.
Outre ces localités, le phénomène s’observe également à Baguida, Katanga, Avépozo, Doèvi Copé et Kodjoviacopé dans la préfecture du Golfe également située sur le littoral.
M. Assidenou Koffi, coordonnateur des programmes à l’ONG AVOTOE spécialisée dans l’environnement, affirme que les inondations sont aussi récurrentes dans les Lacs, notamment les cantons d’Aklakou et d’Agoègan sont constamment dans l’eau.
Une visite sur le littoral laisse percevoir des dégâts de l’érosion. « L’ancienne église catholique construite par les allemands de plus de 126 ans est fermée il y a bientôt 6 ans à cause de l’érosion », regrette Mme Djama Amélé, infirmière paroissiale au centre de santé St Joseph d’Agbodrafo, un centre également menacé.
Les statistiques du ministère en charge de l’Environnement révèlent que l’érosion côtière ronge jusqu’à 10 mètres de terre par an avec des conséquences immesurables.
Des pertes inestimables
Le changement climatique cause des dégâts majeurs. Pour le sociologue à la direction des Affaires sociales de Glidji dans les Lacs, Mahoumta Laurent, la préfecture a enregistré, entre autres, des déplacements de populations, des effondrements d’infrastructures socio-collectives (cimetières, églises, écoles), des pertes en vies humaines et des destructions de récoltes.
À l’échelle nationale, en termes monétaire en 2020, des pertes de productions au niveau des cultures (igname, maïs, mil, sorgho, manioc, riz paddy) engendrées par le changement climatique, d’après le ministre en charge de l’Environnement, Foli-Bazi Katari, « donnent un déficit annuel moyen de 25.141.187.131 F CFA ». Cependant au niveau de la préfecture, les statistiques sont difficiles à trouver.
« On sent que la mer avance un peu plus vers nous et la rive disparait », affirme l’infirmière paroissiale d’un air attristé. Le bruit de la mer fait fuir les poissons qui ne sont pas trop en eau profonde, une situation qui ralentit les activités de pêche, la véritable occupation des populations côtières, renchérit le jeune Assiongbon Folly, couturier de formation converti en pêcheur.
D’un air anxieux, M. Zozo Kodjo, 57 ans, chauffeur de son état qui a rejoint Aného dans les années 75 en provenance de Vogan (préfecture de Vo) relate avec amertume que « les eaux de puits sont devenues totalement salées, il faut acheter l’eau de pompe ou pure water pour boire ».
Une population désespérée
Les effets de l’érosion sont palpables et les populations sont au désarroi. Selon M. Assiongbon « Nous avons appris que c’est le projet WACA qui viendra exécuter les travaux pour ralentir l’érosion, jusqu’à présent, nous sommes dans l’attente ». L’équipe de gestion du Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) a annoncé le 31 mai dernier le démarrage des travaux physiques sur le segment transfrontalier Togo-Bénin. « A partir du mois d’octobre prochain, la construction des ouvrages de protection va commencer du côté Agbodrafo et Grand Popo », a confirmé le coordonnateur du projet, Dr Adou Rahim Alimi. Les travaux vont consister en la construction d’épis et l’encombrement de sable pour compenser l’érosion côtière vers l’Est.
« Notre destin dépend des autorités, nous sommes impuissants. Sur le littoral, tout le monde est remonté. La jeunesse est sans emploi, la délinquance s’est accrue dans le milieu », s’est exclamé M. Zozo.
« Sur la côte, des villages comme Agbavi et Agbodrafo sont en disparition », s’inquiète une dame d’une soixantaine d’année, mère de deux enfants et revendeuse, depuis belle lurette, de « boule de pâte non fermentée communément appelée Kom » à Agbodrafo Texaco. Les autorités sont passées recenser les ménages victimes, et sa crainte, dit-elle est qu’on ne vienne les surprendre avec une quelconque mesure. Elle interpelle les autorités « à agir dans les règles de l’art en respectant les droits des victimes ».
Un regain d’espoir aux vulnérables
Au volet social, le gouvernement a exécuté le projet de renforcement de la résilience des communautés de la zone côtière qui a permis d’organiser les populations victimes, notamment les acteurs pêcheurs en groupements. Ces derniers ont bénéficié des équipements, du matériel de pêche, des pirogues motorisées pour continuer les activités en haute mer. Les femmes et les jeunes ont également bénéficié des aménagements des airs et de la construction des foyers pour le fumage des poissons et d’autres produits halieutiques. « Ces actions visent à aider des populations exposées à l’érosion côtière à poursuivre les activités de pêche en haute mer », a expliqué la directrice de l’Environnement, Mme Yaou Méry.
En appui au gouvernement, des organisations comme la Croix rouge accompagne les populations dans l’élaboration de leur carte de risque, le plan d’action communautaire et de contingence locale. « Nous avons initié un mini projet sur le Champ école maraîchage (CEM) dans certaines cultures vivrières comme le maïs ; la formation en foyer amélioré pour permettre aux populations d’être autonomes », a confié Mme Looky Frigah Noufoh, Agent de mobilisation communautaire (AMC) dans les Lacs, Bas-Mono et Yoto.
« Il y a beaucoup d’efforts déployés par le gouvernement, notamment la mobilisation des ressources et l’aménagement des épis et des brises lames au niveau des zones à forte érosion pour pourvoir ralentir le phénomène », a renchéri le préfet des Lacs, Daté Bénissan-Tetevi. Il espère qu’avec les différentes initiatives, « les communautés deviendront de plus en plus résilientes et pourront y faire face au changement climatique ».
Pour l’environnementaliste, « la question de l’érosion côtière dépasse la compétence des autorités nationales et une collaboration sous régionale s’impose en plus de la sensibilisation des populations ».
Le changement climatique, c’est l’homme
« L’homme est à la base du changement climatique à cause des actes qu’ils posent. Nous détruisons mais nous ne construisons pas », a déploré Mme Looky Frigah. L’aggravation des feux de végétation, la coupe anarchique des forêts pour faire le bois de chauffe, l’utilisation des engrais chimiques dans l’agriculture sont, entre autres, des actions basiques de l’homme qui favorisent la dégradation de l’écosystème.
Sur la côte, le prélèvement de gravier accentue l’érosion. La directrice de l’Environnement invite les populations qui s’y adonnent à ces activités « de se reconvertir en d’autres activités et d’abandonner l’extraction de sable et gravier marin, un phénomène qui fragilise la côte et accélère l’impact de l’érosion ».
Il est indéniable que le changement climatique rime avec le quotidien des populations et les impacts sont légions. Sous le coup du désespoir, il est donc impérieux que les autorités compétentes prennent à bras le corps le problème pour apporter des réponses opportunes non seulement aux populations vulnérables mais aussi atténuer les effets de ces catastrophes naturelles, une menace permanente.
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