Brazzaville, 10 Mai (ACI) – Le Centre hospitalier universitaire de Brazzaville (Chu-B) fonctionne depuis le 10 mai en matinée en régime de service minimum, suite de la grève décrétée par l’intersyndicale de ce grand hôpital du Congo, a-t-on constaté sur place.
Selon le syndicaliste Maurice Elenga chargé de l’information au niveau de la section de la confédération syndicale des travailleurs du Congo (Cstc) du Chu-B, «la grève a été largement suivie par les travailleurs, sauf ceux retenus pour le service minimum».
«La grève a été observée dans tous les services», a-t-il confirmé dans une interview exclusive à l’Aci, précisant que ce «service minimum peut être arrêté d’un jour à l’autre, si les autorités ne prennent pas leur responsabilité et ne répondent pas à leurs préoccupations». Les travailleurs sont arrivés, pour certains en touriste et d’autres sont restés débout dans des endroits différents pour observer l’évolution de la situation.
Pour M. Elenga, la journée de demain sera plus difficile. «Actuellement, nous ne recevons plus les malades venant de l’extérieur, nous traitons seulement ceux qui sont admis déjà à l’hôpital», a-t-il poursuivi. Par ailleurs, il a déploré le mutisme des autorités compétentes qui jusqu’à présent ne réagissent pas, alors qu’elles connaissent bien la situation du Chu-B.
Composée de la Confédération syndicale des travailleurs du Congo (Cstc) et du Syndicat national des médecins du Congo (Synamec), l’intersyndicale du Chu-B revendique le paiement des salaires et des arriérés qui s’élèvent à cinq mois d’impayés et exige l’établissement d’un calendrier fixant les échéanciers de paiement de ces arriérés. La masse salariale à verser aux travailleurs du Chu-B est de 800 millions de Fcfa par mois, a rappelé M. Elenga.
Poursuivant son propos, il a dit que l’intersyndicale exige également la résiliation du contrat entre le Chu-B et l’équipe technique canadienne de l’Unité de santé internationale (Usi) de Montréal, le jugeant trop budgétivore. «Nous ne voulons plus travailler avec cette équipe canadienne», a-t-il fait savoir, invitant «l’Etat congolais à prendre ses responsabilités avant que le pire n’arrive». Cette équipe a déjà bénéficié d’un montant de plus de 8 milliards de Fcfa sans rien apporté au Chu-B, a-t-il fait remarquer.
En 2017, l’intersyndicale du Chu-B avait décrété une grève générale qui avait duré trois mois, entraînant la fermeture de l’hôpital avec des conséquences très graves sur sa vie et sur celle des Congolais, a-t-on rappelé.
Aujourd’hui, ce centre hospitalier traverse une situation difficile caractérisée par le manque de médicaments, la vétusté du plateau technique qui ne peux plus permettre la réalisation des grandes interventions chirurgicales, le manque d’équipements et de réactifs au niveau des laboratoires, poussant les médecins à envoyer les malades faire des examens au sein d’autres structures sanitaires, surtout privées. Le scanner, l’imagerie à résonance magnétique (Irm) sont en panne depuis de longues dates, a fait constater M. Elenga.
D’autres examens d’imagerie médicale ne sont plus réalisés au Chu-B, en raison du non fonctionnement de certains équipements devenus obsolètes et hors d’usage, ainsi que le manque de films. A la vétusté des bâtiments s’ajoutent aussi le manque d’eau potable et de repas pour les malades depuis plusieurs années, ainsi que l’état défectueux des toilettes, a-t-il conclu.